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[Chronique/Un homme, de multiples fonctions] La gouvernance ivoirienne sous les projecteurs


Abidjan, 19-12-2023 (lepointsur.com) La concentration de multiples postes politiques et économiques entre les mains d’une seule personne est un phénomène qui soulève des questions fondamentales sur la bonne gouvernance en Côte d’Ivoire. À l’heure où la transparence et la responsabilité des dirigeants sont des enjeux cruciaux, l’exemple de la Côte d’Ivoire où une seule personne cumule les postes de Ministre-président de conseil régional, député-maire, ou sénateur et dirigeant d’une entreprise publique, suscite un débat passionné.

Examinons en profondeur les implications de ces cumuls de postes sur la gouvernance ivoirienne, en nous demandant s’il est possible de parler de bonne gouvernance malgré ces arrangements, surtout à la lumière des exigences de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance en matière de déclaration de biens.

La concentration des pouvoirs

La concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne est un phénomène qui soulève des questions fondamentales sur la bonne gouvernance en Côte d’Ivoire. L’exemple d’un individu occupant simultanément les postes de Ministre-président de conseil régional, député-maire, député, maire, et dirigeant d’une entreprise publique suscite des débats. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la séparation des pouvoirs, à la reddition de comptes et à la capacité du système à fonctionner de manière démocratique et transparente.

La bonne gouvernance repose sur des principes fondamentaux tels que la transparence, la responsabilité, la participation citoyenne et l’État de droit. Les cumuls de postes peuvent être perçus comme un obstacle à la réalisation de ces objectifs. La capacité des citoyens à participer pleinement à la gouvernance locale et nationale, par le biais de représentants diversifiés et dûment responsables, est compromise lorsque plusieurs fonctions clés sont exercées par une seule personne. De plus, la transparence et la responsabilité des décideurs sont mises à l’épreuve lorsque des conflits d’intérêts potentiels sont présents en raison de ces cumuls de postes.

La Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance( HABG)  exige des dirigeants, la déclaration de leurs biens afin de prévenir la corruption, les abus de pouvoir et les conflits d’intérêts. Bien que cette mesure constitue un pas dans la bonne direction, elle soulève la question de savoir si elle est suffisante pour garantir la transparence et la responsabilité dans un contexte de cumul de postes. La déclaration de biens peut fournir une certaine visibilité sur le patrimoine des dirigeants, mais elle ne garantit pas la prévention des conflits d’intérêts inhérents aux cumuls de postes.

Pour assurer une gouvernance efficace et éthique, il est nécessaire de garantir une séparation claire des rôles au sein des institutions publiques et des entreprises d’État. Le cumul de postes peut compromettre cette séparation en confondant les intérêts publics et privés, et en créant des situations où des décisions prises dans un domaine peuvent influencer de manière inappropriée un autre domaine. La bonne gouvernance exige une répartition adéquate des responsabilités et des contre-pouvoirs pour éviter les abus et favoriser une prise de décision équilibrée et éclairée.

Au-delà des questions politiques et de gouvernance, les cumuls de postes peuvent également avoir un impact sur le développement économique. En tant que dirigeant d’une entreprise publique, l’individu en question pourrait être en mesure d’influencer les politiques et les ressources publiques de manière à favoriser ses propres intérêts.

Les enjeux de la bonne gouvernance

Les enjeux de la bonne gouvernance en Côte d’Ivoire sont d’une importance cruciale pour le développement socio-économique et politique du pays. La transparence, la responsabilité, la participation citoyenne, l’État de droit et la séparation des pouvoirs sont des  éléments essentiels pour assurer un fonctionnement efficace des institutions publiques, prévenir la corruption, favoriser le développement économique durable et protéger les droits fondamentaux des citoyens.

La transparence est un élément clé de la bonne gouvernance. Les citoyens doivent avoir accès à l’information sur les décisions prises par les autorités publiques, ainsi que sur l’utilisation des ressources publiques. Une transparence accrue favorise la confiance des citoyens dans leurs institutions et permet un contrôle démocratique sur l’action publique. En Côte d’Ivoire, la transparence revêt une importance particulière pour consolider la stabilité politique et sociale après des années de troubles et de conflits.

La responsabilité des dirigeants est un autre enjeu majeur. Les représentants élus et les fonctionnaires doivent être tenus responsables de leurs actions et de l’utilisation des ressources publiques. Cela implique la reddition de comptes devant les citoyens, les médias et les institutions de contrôle, ainsi que des mécanismes efficaces pour sanctionner les abus de pouvoir et la corruption. Une culture de responsabilité renforce la légitimité des institutions et favorise un climat de confiance entre le gouvernement et la population.

La participation citoyenne est également un aspect essentiel de la bonne gouvernance. Les citoyens doivent pouvoir participer activement à la prise de décision politique, que ce soit par le biais d’élections libres et équitables, de consultations publiques ou de mécanismes de démocratie participative. En favorisant la participation des citoyens, la gouvernance devient plus représentative et répond davantage aux besoins et aux préoccupations de la population.

L’État de droit est un pilier fondamental sur lequel repose la bonne gouvernance. Cela implique que les lois s’appliquent de manière égale à tous les citoyens, y compris les dirigeants politiques et économiques, et que les institutions judiciaires sont indépendantes et impartiales. En assurant l’État de droit, la gouvernance renforce la confiance dans le système judiciaire et garantit la protection des droits individuels.

Enfin, la séparation des pouvoirs est un principe clé pour éviter les abus de pouvoir et garantir un équilibre entre les différentes branches du gouvernement. En assurant que le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire fonctionnent de manière indépendante, la gouvernance se prémunit contre la concentration excessive de pouvoirs entre les mains d’une seule entité ou personne.

Exigences à de transparence et déclaration de biens

Dans les méandres de la politique ivoirienne, un homme se trouve au cœur de multiples fonctions, jonglant habilement entre les responsabilités de la gouvernance. La scène est éclairée, les projecteurs se braquent sur la quête de transparence et la déclaration de biens, une exigence légitime dans un pays en quête de stabilité et de progrès.

La Haute Autorité de la Bonne Gouvernance (HABG), telle une sentinelle vigilante, s’est donnée pour mission de veiller à la bonne conduite des affaires politiques et économiques en Côte d’Ivoire. Armée de sa lance de transparence et de son bouclier anti-corruption, elle exige des dirigeants politiques et des têtes des entreprises publiques de dévoiler l’étendue de leurs richesses, comme si elles étaient des stars de cinéma devant un public avide de connaître les dessous de leur succès.

Pourtant, dans ce théâtre politique, certains acteurs se sont transformés en maîtres de l’art de l’esquive. Tel des ninjas de la bureaucratie, ils font preuve d’une agilité remarquable pour échapper aux exigences de la HABG. Leur résistance face à la transparence ressemble à un jeu de cache-cache digne des plus grandes cours de récréation.

Mais comment peut-on résister à la lumière éblouissante de la transparence ? Il est difficile de dissimuler ses cartes quand le jeu se déroule sous les feux des projecteurs. Pourtant, ces maîtres de l’esquive semblent croire qu’ils peuvent se fondre dans l’ombre des non-dits, comme des caméléons politiques, changeant de couleur au gré des enjeux.

La comédie de la résistance à la transparence est jouée sur une scène où les rires se mêlent aux soupirs. Mais au-delà de l’humour, c’est la crédibilité de la gouvernance ivoirienne qui est en jeu. La transparence n’est pas un caprice, mais une nécessité pour asseoir la confiance des citoyens et des partenaires internationaux. Il est grand temps que les acteurs politiques et économiques comprennent que la bonne gouvernance n’est pas une pièce de théâtre, mais un pilier essentiel du développement durable.

Alors que la saga de la transparence se poursuit, les projecteurs restent braqués sur ces acteurs aux multiples fonctions. Le public, avide de vérité, attend de voir comment cette pièce se terminera. Espérons seulement que la morale de l’histoire mettra en lumière l’importance de la transparence et de la bonne gouvernance, et que les maîtres de l’esquive finiront par prendre leur rôle au sérieux.

La nécessité d’une séparation claire des pouvoirs

Il était une fois, dans le royaume ensoleillé de la Côte d’Ivoire, un homme aux multiples fonctions, un véritable couteau suisse de la gouvernance ivoirienne. Tel un artiste de cirque jonglant avec des boules de pouvoir, il cumulait les rôles avec une agilité déconcertante. Ministre par-ci, député par-là, maire à ses heures perdues, il était partout à la fois, tel un super-héros politique à la retraite.

Cependant, malgré l’adulation de ses partisans, certains observateurs commençaient à s’interroger sur la pertinence de cette omniprésence. La nécessité d’une séparation claire des pouvoirs se faisait de plus en plus pressante. Car, avouons-le, jongler avec autant de casquettes risquait de provoquer un sacré mal de crâne, même pour un politicien chevronné.

Imaginez un instant ce pauvre homme, si débordé qu’il en oubliait parfois dans quelle fonction il se trouvait. « Ai-je signé ce « décret » en tant que ministre ou en tant que maire ? » se demandait-il en scrutant ses propres écritures. Il était devenu son propre casse-tête chinois, un mystère à élucider pour les historiens politiques du futur.

Mais blagues à part, la nécessité d’une séparation claire des pouvoirs s’impose pour assurer un fonctionnement sain de toute démocratie. En concentrant autant de pouvoirs entre ses mains, notre homme aux mille fonctions risquait de porter atteinte à l’équilibre des institutions et à la sérénité de la vie politique ivoirienne. La séparation des pouvoirs, c’est un peu comme les ingrédients dans une recette : inutile d’avoir trop de sel dans un plat, sinon ça gâche tout le goût.

Face à cette situation, une réforme en profondeur s’impose pour clarifier les rôles de chacun et éviter que le pays ne ressemble à un gigantesque numéro de claquettes politiques. Car, reconnaissons-le, jongler avec les pouvoirs, c’est bien joli au cirque, mais en politique, c’est souvent synonyme de confusion, d’abus et de dysfonctionnements.

La gouvernance ivoirienne sous les projecteurs révèle un besoin urgent de réorganisation et de clarification des rôles. Il est grand temps que notre homme aux mille fonctions range ses casquettes dans le placard et laisse place à une répartition plus équilibrée des responsabilités. Car, après tout, même les super-héros ont besoin d’un peu de repos de temps en temps.

Les répercussions sur le développement économique

Depuis plusieurs années, la gouvernance ivoirienne a été le théâtre d’un phénomène marquant : le cumul de multiples fonctions par un seul individu. Cette pratique, bien que devenue une norme, soulève beaucoup de questions quant à son impact sur le développement du pays. En effet, les répercussions des cumuls de poste sur le développement de la Côte d’Ivoire sont multiples et méritent une analyse approfondie.

Tout d’abord, le cumul de postes clés par une seule personne peut entraîner une concentration excessive de pouvoir. Cela peut conduire à un manque de contrôle et d’équilibre, mettant ainsi en péril la démocratie et la gouvernance transparente. Lorsqu’une personne occupe simultanément des postes de responsabilité au sein du gouvernement, d’entreprises d’État et d’organisations influentes, elle peut être en mesure d’exercer une influence disproportionnée sur les décisions politiques, économiques et sociales du pays. Cette concentration de pouvoir peut favoriser la corruption, l’abus de pouvoir et le clientélisme, sapant ainsi les fondements d’une gouvernance saine et équitable.

Par ailleurs, les cumuls de poste peuvent avoir un impact négatif sur l’efficacité et la performance des institutions. En effet, une personne occupant plusieurs fonctions importantes peut se retrouver dans une situation de conflit d’intérêts, ce qui peut compromettre son objectivité et sa capacité à prendre des décisions dans l’intérêt général. De plus, cela peut entraîner un manque de disponibilité et de concentration sur chacune de ses responsabilités, ce qui nuit à la qualité de la gouvernance et à la mise en œuvre de politiques publiques efficaces.

En outre, les cumuls de poste peuvent entraver le développement de nouvelles compétences et de nouvelles perspectives au sein des institutions. En favorisant la monopolisation de certaines positions par un petit groupe de personnes, cette pratique limite les opportunités pour de nouveaux leaders d’émerger et d’apporter des idées novatrices. Cela peut contribuer à un manque de diversité dans la prise de décision, ce qui nuit à la capacité du gouvernement à répondre de manière adéquate aux défis complexes et en constante évolution auxquels est confrontée la Côte d’Ivoire.

Les cumuls de poste dans la gouvernance ivoirienne soulèvent des préoccupations légitimes quant à leur impact sur le développement du pays. Pour assurer une gouvernance efficace, transparente et équitable, il est essentiel de prendre des mesures pour limiter le cumul excessif de postes clés et pour promouvoir la diversité, la compétence et l’intégrité au sein des institutions. En favorisant une répartition équilibrée des responsabilités et en encourageant la rotation des leaders, la Côte d’Ivoire pourra renforcer ses institutions et promouvoir un développement durable et inclusif pour l’ensemble de sa population

Le phénomène du cumul de multiples fonctions au sein de la gouvernance ivoirienne souligne la nécessité pressante de promouvoir une répartition équilibrée du pouvoir, de renforcer l’indépendance des institutions et de favoriser la diversité et la compétence au sein des postes clés. En agissant en ce sens, la Côte d’Ivoire pourra consolider sa gouvernance, favoriser un développement durable et équitable, et répondre aux défis complexes du 21e siècle.

François M’BRA II, Journaliste Consultant Formateur, Point Focal de International Press Institute (IPI) en Côte d’Ivoire

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