Carnet de route : Chronique d’un voyage tumultueux #AbidjanAgnibilékro
CIV-lepointsur.com (Abidjan, 29-12-2015) A la faveur d’un reportage dans l’Indénié-Djuablin (Agnibilékro), notre équipe de reportage a pu constater de visu, d’une part que la Côte d’Ivoire était bel et bien au travail (à travers les grands chantiers en cours sur certains axes routiers de la région), mais aussi et surtout que voyager à travers ladite région est un véritable parcours du combattant. Tant, la dégradation très avancée de la voirie et les travaux de restauration en cours représentent un calvaire pour l’usager qui s’aventure en ces lieux. Où, la poussière le dispute aux nids de poules et autres dangers que représente l’indiscipline de certains conducteurs, dont le seul souci est la course effrénée à l’argent, foulant aux pieds les règles élémentaires du code de la route. Récit de deux jours de calvaire sur l’axe Akoupé-Agnibilékro.
Il était environ 17hGMT, le mardi 15 décembre 2015 , après que M Méité, vice-président de l’Ong CNI se soit assuré que le réservoir de la petite voiture (une Toyata, deux portières, juste bon pour faire des emplettes en zone urbaine) était pleine, donc prête à emprunter le chemin pour aller à Agnibilékro quand nous quittâmes le sous-quartier de N’Dotré (Abobo). Un tronçon, distant d’environ 240 Km. Soit la même distance qu’Abidjan-Yamoussoukro, longue également de 240 Km. Seulement, s’il est su qu’un véhicule personnel en bon état peut rallier la capitale économique (Abidjan) à la capitale politique (Yamoussoukro) en moins de deux heures d’horloge, depuis la restauration de l’autoroute du Nord (voie expresse qui relie les deux villes), il en faut le triple, voire plus pour rallier la ville d’Agnibilékro. En dépit du bon état de notre véhicule, il aura fallu plus de six heures (17h-23h) pour apercevoir les premiers lampadaires de cette localité de l’Est de la Côte d’Ivoire. En effet, parti de N’Dotré à 17h, c’est à 23h que notre véhicule a franchi le portail du complexe hôtelier choisi pour accueillir notre nuitée. S’il est vrai que j’avais des appréhensions quant à l’idée d’emprunter ce tronçon de nuit, il m’était difficile de penser que j’allais vivre le calvaire de 2010. Cette année-là, à la faveur de l’élection présidentielle, alors en mission(en couverture médiatique pour un candidat), j’ai pu découvrir l’impraticabilité du tronçon Abengourou-Agnibilékro, distant seulement de 66 km. A quelques différences près, le calvaire était quasiment identique qu’à celui de 2010.
Tronçon Abobo-Akoupé, l’illusion d’une restauration réussie
A l’entame de notre voyage, il était difficile de s’imaginer et penser qu’après la visite d’Etat du Président de la République Alassane Ouattara et de son passage à la faveur de la campagne présidentielle d’octobre, les usagers souffriraient encore de l’état de dégradation avancée des routes. Et pourtant, c’est le dur constat qui est fait. Si, ce ne sont pas des nids de poules, ce sont des sinuosités et autres déviations intempestives dues aux travaux de restauration en cours qui s’offrent aux conducteurs et usagers. Outre le fait qu’il est difficile pour des véhicules ne disposant pas de roues motrices (4X4), il était encore plus difficile pour tous les véhicules non climatisés de se frayer un chemin dans ce nuage de poussière qui noyait à la limite notre véhicule, dont la petitesse et surtout l’absence de fréon constituait un vrai handicap. Au son de musique retro variée, distillée par l’appareil CD du président Méité nous arrivâmes à surmonter les différents obstacles pour arriver à Abengourou, plus de deux heures de temps après. En dépit de cette avancée, j’étais conscient que nous n’étions pas au bout de nos peines. Ayant une idée des 66 Km qui nous restaient à parcourir, j’ai dit à mes compagnons de route de s’armer de courage. Çà et là, l’on pouvait apercevoir les gros engins de la société des travaux publics Colas, réputée pour son expertise en matière de grands travaux. Entre vrombissements des gros engins et autres Caterpillar, nous avançâmes à pas de tortue. Au bout d’environ 1h30 mn, l’on pouvait apercevoir les premières lumières de la ville d’Abengourou (capitale de l’indénié-Djuablin).
L’harmattan, l’autre ennemi
En cette période de fin d’année, où l’harmattan le contraste à certaines pluies, la poussière est suspendue dans l’air. Créant, un risque certain de contraction de la grippe. En dépit de tous ces obstacles, nous nous engageâmes dans cette voie, dans l’espoir que les travaux en cours constitueraient un avantage pour notre avancée. Que nenni ! Bien au contraire, les grands travaux engagés ont créé des déviations et des nids de poules dus aux forages et des nouveaux tracés. C’est donc dans cette atmosphère que nous avons abordé ce parcours, distant de 66 Km. Alors même que nous avons espéré apercevoir les premiers bâtiments de la ville d’Agnibilékro au bout d’environ 1 ou 2h d’horloge, c’est finalement au bout 3 h que nous sommes arrivés à Agnibilékro, très fatigués et surtout les habits couverts de poussière. Je venais là de comprendre pourquoi, les passagers que nous avons aperçu au niveau de N’Dotré étaient couverts de poussière.
A la limite, l’on avait l’impression qu’ils venaient d’être déterrés. Alors même que nous avons pensé qu’un bon repos réparateur nous attendait dans le complexe hôtelier prévu pour notre nuitée, nous serons confrontés à d’autres réalités, pour faute de commodités adéquates. Outre le surplus de personnes (membres de la délégation), les chambres n’offraient pas de commodités pour un bon repos après le calvaire de la route. Plusieurs d’entre nous ont été contraints de partager la chambre à deux. Après un dîner approximatif, pour déstresser, le président Oumar Ouattara a invité l’ensemble des membres de la délégation au bar dudit complexe hôtelier qui rappelle un tant soit peu les nombreux bars qui pullulent dans les différents quartiers de la capitale économique de la Côte d’Ivoire (Abidjan). Très fatigué et surtout ne consommant pas d’alcool, j’ai refusé l’invitation du président Oumar Ouattara et son staff, en dépit du fait que sans même demander mon avis, il avait déboursé une somme pour que je puisse consommer quelque chose au bar. C’est donc une nuit difficile, pendant laquelle, le sommeil était presqu’absent que je passai la soirée en compagnie d’un confrère que je connaissais depuis de très longue date.
Echec d’une visite inopinée à la Cour royale
A 5 heures GMT, j’étais déjà debout. Objectif, rendre visite au roi d’Agnibilékro Nanan Agnibilé II, par ailleurs président des Rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire. Car depuis plusieurs mois, je cherchais à le rencontrer pour en savoir davantage sur l’incarcération du roi de Prikro Nanan Akou Morou II. A 6h GMT, après m’être renseigné auprès de certains riverains, j’arrivai devant la cour royale. N’ayant pas pris de rendez-vous, l’accès me fut refusé. Mes tentatives pour essayer d’avoir un rendez-vous sont restées vaines. C’est donc quelque peu déçu que je suis rentré à l’hôtel afin de préparer la cérémonie pour laquelle nous avons effectué le déplacement d’Agnibilékro. La communication du Dr Alain Tahi qui n’aura duré que quelques heures a été beaucoup appréciée par les élèves et enseignants du Lycée Mathieu Ekra, l’hôte du jour. Lorsque vint le moment de reprendre le chemin du retour, s’installa à nouveau l’angoisse de devoir affronter les difficultés de la route. Après avoir quitté Agnibilékro aux environs de 16 h GMT, c’est finalement autour de 23 H GMT que nous avons pu regagner Abidjan et nos domiciles respectifs. Ce voyage très riche en enseignements, parce qu’il a permis de découvrir que la Côte d’Ivoire était en chantier, a révélé que n’eut été la visite du Président de la République Alassane Ouattara qui a d’ailleurs déploré et dénoncé le retard constaté dans la réalisation des travaux de restauration de la voirie, les populations ploieraient encore longtemps sous le poids de la dégradation avancée des routes.
EKB