Vous avez dit « politicards »/Place au concept des 4C
Abidjan-1er-08-16 (lepointsur.com) Il est peut-être inutile de vous rappeler l’indignation, la tristesse et la peur des Ivoiriens face à l’irresponsabilité dont vous faites preuve en tous lieux, en tout temps et dans toutes vos actions, ainsi que du rôle de précurseurs du chaos dans lequel vous excellez et qui menacent sérieusement notre pays tout entier.
Ce qui est certainement utile, en revanche, et pour la sauvegarde de la Côte d’Ivoire, c’est d’admettre l’urgence de changement pacifique inéluctable de ces décideurs de l’ombre ou apparents, faiseurs de rois, de fortunes et de carrières dont vous politiciens, par ignorance ou stratagèmes, vous êtes des exécutants raffinés pour assurer l’animation du chaos.
Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, les politiciens, vous n’avez pas de quoi pavoiser ou être fiers en menant le pays au bord du gouffre. Ce pays, jadis respecté, est en train de patauger comme des pays de seconde zone avec un peuple livré à lui-même, mains et pieds ligotés, assujetti à la dépendance et à l’assistanat. De vos actions, de vos propos et de vos tâtonnements, il ressort tristement que pour vous l’«avenir» du pays est synonyme simplement d’horizon électoral à cause, sans doute, de pauvreté morale et de cupidité qui sont des traits communs qui vous caractérisent et qui vous unissent plus que le Pays qui vous a pourtant tout donné.
Plusieurs experts de renom soutiennent mordicus que les difficultés du pays d’aujourd’hui ne sont pas le résultat d’options politiques ou idéologiques, mais de l’incompétence et les conséquences désastreuses de ceux qui font de la politique en majorité.
C’est justement par ce comportement, que la Côte d’Ivoire donne l’impression qu’elle est mal logée et qu’elle a besoin d’être refaite. On ne sait quand, ni à quel prix, mais presque tout devra être refait un jour .Surtout dans la tête, l’esprit et les idées des Ivoiriens car c’est là que les grands dégâts ont été causés. C’est par là qu’il faut nécessairement commencer.
Toutefois, Mesdames et Messieurs, les politiciens, il faudra au préalable avoir répondu à une question essentielle: Est- ce que la classe politique veut effectivement faire sortir le pays de ce marasme? Si c’est vrai, ce que vous faites actuellement n’est pas la bonne façon d’y parvenir et il est urgent de changer d’optique et d’opérateurs. Au cas où c’est non, en revanche, il faut laisser faire jusqu’au jour où nous nous retrouverons colonisés à nouveau.
La Côte d’Ivoire actuelle est un exemple vivant où l’État déliquescent se caractérise par la généralisation de la corruption et la kleptocratie; le paternalisme (l’omniprésence d’un chef) et le culte de la personnalité; l’émiettement du pouvoir entre plusieurs pôles décisionnels dont les deux principaux partis de la coalition houphouetiste.
Pendant ce temps, la population quant à elle subit de plein fouet, les cinq grands maux de la société: la perte de la morale collective; la violence qui devient l’instrument privilégié de règlement des conflits entre les individus, entre les groupes d’individus voire même entre les groupes d’individus et l’État; la généralisation de la corruption; l’indifférence et le fatalisme; l’avènement du banditisme et l’insécurité généralisée.
Ce diagnostic sévère n’est pas fortuit et correspond bien au statut- quo et à la réalité typique de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Les différents événements politiques vécus depuis le début de la rébellion, montrent aisément le déficit flagrant de compétence et de conscience de cette «classe politique» ivoiriennes dans sa majorité.
Mesdames et Messieurs, les politiciens
Osez faire un diagnostic sérieux et impartial; regardez autour de vous et citez- nous un seul secteur qui n’a pas été atteint par la gangrène de la corruption et les méfaits du reste des maux de la société; cherchez à la loupe, vous ne trouverez pas.
À l’exception de l’Armée qui incarne une crédibilité certaine par sa discipline, son savoir-faire et son savoir- être responsables, respectables et respectueux. Il faut se l’avouer, le reste des institutions et particulièrement les partis politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition sont animés par un militantisme affairiste et spéculateur, dont il est facile de réaliser l’étendue nuisible de ses effets.
Au rythme où vont les choses, on est tenté de croire que le pays s’en va à vau- l’eau. Il se dirige tout droit dans le mur. Des voix de plus en plus nombreuses, ne cessent d’avertir de la présence de ce fameux mur et à prévenir que notre trajectoire allait nous le faire percuter de plein fouet. Et pourtant, on continue de se comporter comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des pays.
En haut lieu, l’exécutif s’apprête à subir un lifting imposé et il est attendu de ce lifting, même partiel, une cohérence, à tout le moins, avec des hommes nouveaux capables d’apporter un second souffle à un gouvernement qui patine faute de vision à court et moyen terme. Mais l’expérience nous montre qu’il ne sera malheureusement pas le cas et c’est le clientélisme qui aura prévalu sur le bon sens; autrement dit, le calvaire se poursuivra.
Le simulacre de concertation sur ce changement des hommes n’aboutirait pas à grand chose; car on aura puisé dans les archives et on reprend les mêmes et on recommence.
Notre cas, rappelle celui de l’embarcation mise en péril par la folie d’un passager: Des gens s’étant embarqués ensemble, chacun dispose d’un coin dans cette embarcation. Or l’un d’eux se mit à cogner dans son coin avec une hache sur la paroi de l’embarcation. Ses compagnons lui demandèrent: Que fais-tu là? Il répondit: C’est ma place, j’y fais ce que bon me semble!
Ce bon sens devrait normalement vous inviter, Mesdames et Messieurs, les politiciens à plus de sagesse.
Permettez- moi, Mesdames et Messieurs, les politiciens de vous rappeler que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui à besoin juste de politiciens qui considèrent que le rôle de la politique est de proposer un avenir et de le permettre, c’est-à-dire, avoir une vision et agir pour qu’elle se réalise. Il ne s’agit pas d’agir pour agir, car c’est de l’agitation. Il s’agit d’agir dans l’action, c’est pour avoir une vision à respecter.
Il semble évident que vous ne pouvez pas jouer ce rôle et c’est ce qui fait que la politique, chez nous, est justement ce qu’il y a de moins adapté aux préoccupations nationales et régionales. D’où, le désintérêt total. Voire même, la méfiance du citoyen à l’égard du politique, car, concrètement, le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’intéresse à lui.
Comme alternative à votre égoïsme chaotique, les Ivoiriens et les Ivoiriennes, dans la diversité de leurs convictions et de leurs appartenances, attendent des gestionnaires intègres, des visionnaires chevronnés et des gens honnêtes pour faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent, moderne, exigent, équitable, inclusif, créatif, compétent et fier.
Ces hommes et femmes existent; vous savez où les dénicher, mais à force d’entretenir les préjugés éculés sur l’institution qui les encadre, vous terminez par les rejeter définitivement.
Enfin, pour terminer cette litanie, il faudrait que le concept des 4C: Conviction, Compétence, Cohérence, Concrétisation, reprenne le dessus sur celui des 4i: Indifférence (par opposition à la conviction), Incompétence, Irresponsabilité, Impunité.
Une contribution de Bohoussou Yao Guillaume-Citoyen-stratège politique-libre-penseur