Après la décapitation de 21 chrétiens, l’Égypte bombarde l’État islamique en Libye
L’EI a diffusé une vidéo montrant la décapitation de chrétiens égyptiens en Libye. L’Égypte a immédiatement réagi.
Le groupe État islamique (EI) a diffusé dimanche une vidéo montrant la décapitation d’hommes qu’il présente comme 21 Égyptiens de confession chrétienne copte récemment kidnappés en Libye.
Avec ces exécutions revendiquées par sa branche libyenne, quelques jours après l’annonce de la décapitation de huit personnes par sa branche égyptienne, l’organisation djihadiste démontre qu’elle a exporté ses méthodes d’extrême brutalité en dehors de sa « base », dans les régions qu’elle contrôle en Syrie et en Irak et où elle a multiplié les atrocités.
L’Égypte bombarde l’EI en Libye
Des avions de combat égyptiens ont bombardé lundi des positions du groupe État islamique (EI) en Libye, quelques heures après que cette organisation y eut revendiqué la décapitation de 21 chrétiens égyptiens dans une vidéo, a annoncé l’armée au Caire.
« Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d’armes de Daech en Libye », (l’acronyme en arabe de l’EI), lit-on dans un communiqué de l’armée.
Les militaires ont rendu publiques des images montrant des avions de combats –manifestement des F-16 de fabrication américaine– décollant en pleine nuit. Des témoins ont assuré à en Libye que des avions avaient frappé à Derna, fief des jihadistes à 1.300 km à l’est de Tripoli.
En Égypte, où les autorités ont annoncé un deuil national de sept jours, le président Abdel Fattah al-Sissi avait convoqué d’urgence dimanche soir le Conseil national de défense et juré de punir les « assassins » de la manière « adéquate ».
La France et l’Egypte veulent une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU
Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande ont appelé conjointement l’ONU à réunir son Conseil de sécurité pour décider de «nouvelles mesures» contre l’EI, l’Egypte insistant sur la nécessité impérative d’une «intervention ferme» de la communauté internationale pour enrayer la progression de ce groupe extrémiste en Libye.
Décapités au couteau
Sur la vidéo, diffusée sur internet dimanche, des hommes portant des combinaisons oranges, semblables à celles d’autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie par le groupe djihadiste, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau.
En janvier, la branche libyenne de l’EI avait affirmé avoir kidnappé 21 coptes égyptiens et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés en Libye voisine dans deux incidents séparés.
Au milieu de l’alignement, un homme habillé en treillis militaire s’exprime en anglais avec un couteau à la main alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de noir et silencieux. Tous sont masqués.
Une incrustation au début de la vidéo situe la scène dans la province de Tripoli (« Wilayat Tarabulus » pour l’EI) et un autre message écrit explique que les victimes sont « des gens de la Croix fidèles à l’Église égyptienne ennemie ».
Un des bourreaux masqués s’adresse en anglais à la caméra en brandissant un couteau et déclare : « Aujourd’hui, nous sommes au sud de Rome, sur la terre musulmane de la Libye (…) cette mer dans laquelle vous avez caché le corps du cheikh Oussama ben Laden, nous jurons devant Allah que nous allons la mêler à votre sang ».
Le groupe djihadiste dit également agir en représailles à d’anciens incidents sectaires en Égypte, durant lesquels l’Église avait été accusée par ses détracteurs d’avoir empêché la conversion présumée à l’islam des épouses de deux prêtres coptes.
« Exécutés pour le seul fait d’être chrétiens »
Exprimant sa «profonde tristesse», le pape François a souligné que les 21 hommes avaient été exécutés «pour le seul fait d’être chrétiens».
Tandis que Washington a condamné un «meurtre abject», estimant que «la barbarie de l’EI n’a pas de limites».
Le président français François Hollande, dont le gouvernement doit signer lundi la vente de Rafales avec L’Égypte, a de son côté « exprimé sa préoccupation face à l’extension des opérations » de l’EI en Libye.
La dernière vidéo d’exécution diffusée par l’EI remontait au 3 février, lorsque le groupe djihadiste avait montré un pilote jordanien brûlé vif dans une cage. Il avait été capturé en Syrie en décembre après le crash de son avion alors qu’il effectuait une mission dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes menée par Washington.
Le groupe État islamique bien implanté en Syrie et Irak
Le groupe État islamique a profité de la guerre civile en Syrie et de l’instabilité en Irak pour s’emparer de vastes régions dans ces deux pays.
Accusée de nettoyage ethnique et crimes contre l’Humanité, l’organisation a reçu l’allégeance de plusieurs groupes djihadistes, notamment en Libye et en Algérie, exportant avec un succès redoutable ses méthodes brutales et ses pratiques médiatiques.
Le groupe djihadiste le plus puissant d’Égypte, Ansar Beït al-Maqdess, s’est ainsi rallié à l’EI et revendique régulièrement des attentats spectaculaires contre les forces de l’ordre, publiant sur les réseaux sociaux des vidéos chocs tournées durant ces attaques ou filmant des décapitations.
Depuis l’été dernier, l’EI a décapité cinq otages occidentaux enlevés en Syrie, trois Américains et deux Britanniques. Il a également exécuté deux otages japonais en janvier.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, les autorités ne parvenant pas à contrôler les dizaines de milices formées d’ex-insurgés qui font la loi face à une armée et une police régulières affaiblies.
LeSoir