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Après Koné Lanciné/ Un cameraman de la RTI sacrifié #RTI (actualisé)


RTIAbidjan, 18-03-16 (lepointsur.com)-Après la parution de notre article « Black out sur l’attentat de Grand-Bassam ».Une grosse tête tombe à la RTI , et avec elle des informations révélatrices tombent.  La RTI selon des sources crédibles aurait « bel et bien dépêchée » une équipe depuis 13h à Grand-Bassam où se déroulait l’attaque jihadistes.

Une autre tête vient d’être licenciée, samedi 19 mars 2016 par le directeur général Ahmadou Bakayoko. Il s’agit du cameraman, Bema. Cet agent faisait partie des cardeurs de permanence, le dimanche 13 mars 2016. Il a travaillé dans la matinée et s’est excusé parce qu’il se sentait mal (malade). Comme c’est lui qui, selon des sources introduites, maîtrisait la TVU, c’est-à-dire, le fameux dispositif qui aurait permis d’avoir des images à temps en temps réels, il a payé cash.

Des agents joints sur place parlent de règlement de compte. Et pour cause, Bema est l’un des meneurs de la fronde des syndicats qui, récemment ont voulu faire grève pour non respect des promesses du DG relativement au paiement des arriérés. « Il aurait pu être suspendu comme le directeur de l’information et non licencié », soutiennent-ils sous le sceau de l’anonymat.

Une rencontre des syndicats avec le DG à ce sujet, n’a pas donné le résultat attendu. A qui le prochain tour ? En tout état de cause, une véritable chasse aux sorcières a commencé à la RTI depuis le limogeage de Koné Lanciné.

Pourquoi Koné Lanciné a été sacrifié

La note d'information

La note d’information

Cette équipe, conduite par Abou Sanogo, spécialiste des questions militaires à la Maison Bleue, aurait été bloquée par des éléments des forces de l’ordre qui, dit-on, était « très nerveux ». Outre, le mépris de ces derniers, le car déployé sur les lieux pour le direct était confronté à un problème de réseau dans le rayon.

Pis, la direction de l’information aurait reçu des ordres venant la présidence intimant l’ordre à Koné Lanciné de faire retirer la bande déroulante.

Le journaliste reporter d’Images au service politique de la RTI, Michel Digré qui, pour des raisons personnelles, se trouvait au même moment à Grand-Bassam, en a profité pour tourner les images fraiches de l’attaque. Au vu de la raclée que la direction de l’information venait de prendre, elle a dû tergiverser avant de diffuser les différents éléments, au compte-gouttes à la RTI.

« Le directeur général Ahmadou Bakayoko a diligenté une enquête pour comprendre les couacs pendant l’attaque terroriste de Grand Bassam. Un match du championnat national de ligue 1 passait durant les événements, obligeant les Ivoiriens à s’informer sur les médias internationaux. Après son enquête, il a décidé de sanctionner le directeur de l’information », a confié à Jeune Afrique un haut-responsable qui a requis l’anonymat. A la Maison bleue, tout comme à la présidence, personne ne veut intervenir sur la question.

Quand un bouc-émissaire tombe

« Il y a des mecs de la présidence qui appellent à tout vent pour empêcher la diffusion de tel ou tel événement, ou imposer le Black out », témoigne le confrère de la RTI qui préfère rester loin de ce débat. Ce fonctionnement des agents de cette Maison qui prennent leurs feuilles de route depuis le palais présidentiel, a été su du grand public après le limogeage du doyen Brou Aka Pascal, en 2011. C’est une véritable pression que vivent les différentes directions, ainsi que les chefs de service.

Ce n’est pas l’ex-DG de la RTI, Kébé Yacouba qui dira le contraire. C’est pourquoi, de passage à la RTI, l’ex-chef de l’Etat Laurent Ggagbo lui a conseillé devant les agents ce qui suit : »Si quelqu’un vous appelle de la présidence pour vous empêcher de faire votre travail, ce n’est pas moi et ne l’écoute pas. Le jour que je me déciderai à vous appeler, je me présenterai et je dirai, moi, Laurent Gbagbo, je demande telle ou telle chose. Tant qu’il n’en sera pas ainsi, faites votre travail selon la déontologie de votre métier .»

Il y a ce qui est dit, mais la pression reste vive. Les appels de la présidence sont réels et ne font l’objet d’aucun doute au sein de la seule télévision d’Etat. Qui a donc appelé de la présidence, le dimanche 13 mars 2013 ? Motus. Bouche cousue. Seule réponse à la question personne n’ose répondre mènera au limogeage du directeur de l’information, Koné Lanciné. Bref, le directeur de l’information été choisi comme le mouton de sacrifice dans cette Maison qui perd de plus en plus en audience, depuis quelques années.

Dans de telles configurations, de quelle enquête parle le responsable qui a requis l’anonymat ? Il ferait mieux de dire que Koné Lanciné a payé le prix de son professionnalisme au profit des vrais responsables. Un cas regrettable qui ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salive, à travers le monde.

Pour preuve, la radio belge RTBF, dans son éditorial du vendredi 18 mars 2016 est revenue sur le mutisme de « La chaîne qui rassemble» quant à l’attaque de Grand-Bassam.

Selon l’éditorialiste, le mutisme inquiétant de la RTI observé, le dimanche 13 mars 2016, alors que toutes les chaînes de télévision du monde entier diffusaient l’événement en live ou en différé, devrait servir de supports didactiques dans les écoles de journalisme.

Un ressortissant belge installé en Côte d’Ivoire, interrogé par la rédaction en direct, n’est pas allé du dos de la cuillère. « La RTI est une télévision toute particulière, style nord coréen ou soviet (…) Le journal télévisé de 30mn au plus est consacré à « Son Excellence ». Conclusion: comme la population n’est pas dupe elle zap et s’informe via les chaînes étrangères telles que France 24, TV5 Monde », a martelé le ressortissant belge dont les propos font le tour des réseaux sociaux.

Sériba Koné

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