Après les dénonciations et autres actes d’escroquerie, jusqu’où ira Ouattara ? Par EKB
Abidjan-03-05-16 (lepointsur.com)Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a eu un programme très chargé la dernière semaine du mois d’avril et début mai 2016. De la visite d’Etat dans le Boukani, suite aux affrontements intercommunautaires qui ont fait plus de 30 morts et plusieurs centaines de déplacés à la célébration du la traditionnelle fête du 1er mai, en passant par les audiences avec les hommes d’affaires français, le calendrier d’Alassane Ouattara n’était pas de tout repos. Seulement, au terme de ce périple qui a mis au grand jour le malaise entretenu par certains de ses collaborateurs et concitoyens, les Ivoiriens se posent la question de savoir s’il pourra les sanctionner au-delà des dénonciations. Décryptage.
Saisissant, l’occasion de la visite qu’il a effectuée dans le Boukani (Nord-est de la Côte d’Ivoire), le samedi 30 avril 2016, le Chef de l’Etat, tout en apportant sa compassion aux populations, a sévèrement mis en garde « les jeunes politiciens » soupçonnés d’être à la base des affrontements meurtriers interethniques à la fin du mois de mars dernier. En effet, caressant le secret espoir de non seulement consolider les acquis après la paix sociale retrouvée, suite à la crise postélectorale de 2010 qui avait fait officiellement 3 000 morts, mais aussi, garantir des élections à venir paisibles, il a mis en garde d’éventuels responsables de troubles. Par ailleurs, il a rencontré les autorités traditionnelles dont le Roi de Bouna, avec qui, il a eu un tête-à-tête. Une rencontre publique avec les populations a sanctionné ladite visite au cours de laquelle, il a exhorté les uns et les autres au calme et à la paix, tout en annonçant des réalisations pour cette région qui selon lui, regorge de potentialités non négligeables.
Le 1er mai 2016 également, le Président de la République de Côte d’Ivoire était très attendu. Excédés par la vie chère et surtout, le comportement cavalier de certains membres du gouvernement, les populations ivoiriennes réservaient le pire au chef de l’Etat et à ses collaborateurs au cas où, des décisions et annonces idoines, empreintes d’apaisement n’étaient pas faites. Bien au fait de cette fronde sociale en gestation, Alassane Ouattara a su désamorcer la bombe. Livrant certains ministres à la vindicte des critiques, il a su se dédouaner aux yeux de la nation. Toutefois, ils sont nombreux, les observateurs et les Ivoiriens qui attendent du chef de l’exécutif ivoirien encore des actes forts, telles des sanctions à l’encontre des ministres qui ont violé le code de la bonne conduite, signé par les différents parties de la vie quotidienne ivoirienne et surtout l’application de toutes les mesures arrêtées.
C’est vrai. Le jour de la fête du travail (1er mai 2016), Alassane Ouattara n’est pas passé par quatre chemins. Face aux centrales syndicales et la nation entière, il a su tirer son épingle du jeu sur les questions brûlantes sur lesquelles, il était attendu. En effet, devant le coût élevé des factures d’eau et d’électricité, du renouvellement du permis de conduire qui en rajoute aux souffrances des populations qui ploient déjà sous le poids des prix croissants des denrées alimentaires, le rendez-vous du chef de l’exécutif ivoirien avec ses concitoyens était qualifié de celui de tous les risques. Que nenni ! Car, faisant preuve de sérénité, il a sorti de ses manches, la solution de ‘’mettre fin au monopole’’ de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) et de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (SODECI) et de la suspension du renouvellement du permis de conduire.
Annonçant un appel à candidatures à l’intention de nouveaux opérateurs qui souhaiteraient investir dans le secteur, en vu de favoriser la concurrence qui contribuerait à la baisse considérable des coûts, il a dénoncé le monopole de la CIE. «Il faut mettre fin au monopole de la CIE et de la SODECI ; je lance un appel à tous ceux qui veulent investir dans le secteur de le faire», non sans renchérir « la décision d’augmentation de ces services voulue par le gouvernement ivoirien a été mal appliquée ». Pour autant, a-t-il décidé de l’annulation de celle-ci, à compter de janvier 2016 et la remise du surplus obtenu par ces entreprises aux abonnés.
En outre, le chef de l’Etat a décidé de la ‘’suspension’’ de la réforme du permis de conduire qui a suscité une levée de bouclier au sein de la population. Au total, les décisions fortes et courageuses prises par le chef de l’Etat semblent avoir bien été accueillies par les centrales syndicales, et partant les populations. Sur l’épineuse question de l’augmentation de la facture de l’électricité, Alassane Ouattara a tenu à faire certaines précisions. « Après enquête, nous avons découvert que la décision gouvernementale n’a pas été correctement appliquée et que certains abonnés ont connu une hausse plus élevée que celle initialement prévue, allant jusqu’à 30% à 40% pour certains abonnés. Oui, il y a eu une injustice dans l’augmentation qui a été faite et cela est inadmissible. J’ai donc décidé de l’annulation pure et simple de l’augmentation de janvier 2016. Les factures seront corrigées et le trop-perçu sera rendu à tous les abonnés. »
Aussi, pense-t-il qu’il faut pour résoudre ce problème qui revient de façon récurrente et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, briser le monopole de la CIE et de la Sodeci, les deux sociétés qui distribuent l’électricité et l’eau en Côte d’Ivoire. « Il faut mettre fin au monopole de la compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) et de la société de distribution d’eau (SODECI), a déclaré Alassane Ouattara lors des célébrations de la fête du Travail, dimanche 1er mai. Oui, c’est la concurrence qui fera baisser le prix de l’électricité (…) Je lance un appel à tous ceux qui souhaitent venir investir dans ces secteurs de le faire pour que nous ayons une saine compétition qui permettra de maîtriser les prix et de baisser le coût de l’électricité » Les questions relatives à la vie chère et au renouvellement des permis de conduire n’ont pas été occultées. Il a décidé de la suspension de l’opération du renouvellement et de la prise de mesures idoines pour démanteler tous les cartels à la base de la spéculation qui cause des désagréments aux populations ivoiriennes.
« Vous devez baisser également le prix du transport, puisque le prix du carburant, du gasoil a baissé », s’est-il adressé aux transporteurs. En effet, pour le Président ivoirien, le prix de l’essence super est passé de 790 à 570 et le gasoil de 615 à 570. Toute chose qui devrait inciter les transporteurs à baisser le prix du transport car cela participe à la réduction du coût de la vie. Non, sans révéler que la Côte d’Ivoire a le carburant le moins cher des pays de la sous-région.
Le 1er mai dernier, Alassane Ouattara, tout en faisant preuve d’humilité a reconnu les erreurs de son gouvernement. Pour autant, a-t-il tancé certains de ses collaborateurs, notamment les ministres Patrick Achi, Gaoussou Touré et Adama Toungara, pour ne citer que ceux-là, dont l’insubordination a été dénoncée par Alassane Ouattara. Après les dénonciations d’actes d’escroquerie et de mesures cavalières, le premier des Ivoiriens aura-t-il le courage de sanctionner à sa mesures les fautes des membres de l’équipe gouvernemental sus-mentionnés ?
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