Agnibilékrou : les tentatives d’expropriation du maire mises à nu #Conflitfoncier
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 3-5-2017) Kouamé Adjoumani ne sait plus où donner de la tête depuis que la mairie de la ville d’Agnibilékrou a décidé de construire son hôtel de ville sur le terrain de la scierie AK, reçu en héritage de feu le prince Adingra Kouamé.
A l’origine de ce conflit, l’îlot 101 communément appelé scierie Badou dont Kouamé Adjoumani se réclame propriétaire, fort du Titre foncier N°643 du plan de la ville d’Agnibilékrou. « Le terrain a été attribué en 1962, par le roi Koua Blé en signe d’amitié au prince Adingra qui y érigea une scierie », précise l’héritier. Qui ne manque pas d’ajouter qu’après le décès du prince des Abron en 1963, son frère cadet, Kouadio Badou a poursuivi les activités de la scierie sur cet espace, en toute quiétude.
Malheureusement, lorsque celui-ci décède le 31 décembre 1979 à Toulouse en France, le premier Maire de la commune, Kouadio Comoé, n’a trouvé autre terrain que la propriété de la famille Adingra Kouamé pour y bâtir l’hôtel de ville de la mairie en 1988. Malgré une opposition farouche à cette volonté, rien n’y fit. Une bonne partie de l’îlot 101 ou scierie AK fut occupée pour construire l’édifice. Commence dès lors, une longue procédure judiciaire initiée par les ayant-droits, avec à leur tête Kouamé Adjoumani, pour réclamer justice.
« Saisi pour trancher cette affaire, Léon Konan Koffi, Ministre de l’Intérieur au moment des faits, donne raison à la famille feu Adingra Kouamé, fait arrêter les travaux de la construction de l’hôtel de ville et demande au maire Kouadio Comoé de surseoir à cette volonté », note l’ayant-droit de la famille. Foulant au pied la décision du Ministre de l’Intérieur, le successeur du Maire Kouadio Comoé décide de la poursuite des travaux de construction sur une bonne partie de la scierie, jusqu’à l’achèvement total de l’hôtel de ville.
Contre toute attente, alors même qu’il faisait des mains et des pieds pour que justice soit enfin rendue, mais surtout pour entrer définitivement en possession de l’espace restant, l’actuel Maire, Roger Mbia, signifie à Kouamé Adjoumani que le terrain aurait été vendu. « Alors qu’à aucun moment, je n’ai manifesté la moindre volonté de vendre le terrain de la scierie AK, à ma grande surprise, l’on me brandit un devis pour me signifier que la valeur du terrain litigieux s’élève à 4.013.384 Fcfa », s’étonne-t-il.
Le devis en question date du 12 juin 1995 et porte les estampilles de Aka Kassi, technicien supérieur à la mairie et Anoh Metchi, chef de service départemental du ministère de la Construction et de l’urbanisme. Il indique que la valeur à neuf (Vn3) du terrain est de 765.472,55 Fcfa, tandis que la valeur résiduelle (Vr3) donne 189.041,1 Fcfa. Quant à la valeur du terrain (Vt), elle est estimée à 1.955.200 Fcfa, pendant que la valeur venale (Vv) s’élève à 4.013.383,5 Fcfa. Arrondi au chiffre supérieur, cela donne 4.013.384 Fcfa. Ce qui représenterait la valeur du terrain selon ledit devis.
Comme il fallait s’y attendre, Kouamé Adjoumani s’oppose vigoureusement à ce qu’il qualifie de machination et d’abus de pouvoir du Maire, pour le spolier d’un terrain acquis par le prince Adingra Kouamé dont il est le représentant légal. Dénonçant la disparition de la quasi-totalité des machines de la scierie, l’ayant-droit en appelle au Ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, pour faire entendre raison au Maire d’Agnibilékrou qui s’illustre dans une flagrante tentative d’expropriation. Au demeurant, Kouamé Adjoumani se dit disposer à la négociation.
Idrissa Konaté