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[Violations des Droits Humains dans le District Autonome des Montagnes] Un appel pressant à la consolidation des compétences des Leaders communautaires


Man, le 19-02-2024 (lepointsur.com) Au fil des dix dernières années, le District Autonome des Montagnes s’est malheureusement retrouvé au cœur de sévères infractions aux droits humains, impliquant de plus en plus de leaders communautaires. Face à la persistance de ces événements, alimentés par des abus de pouvoir et des influences externes, une impérieuse nécessité se fait jour : le renforcement des capacités opérationnelles intrinsèques de ces leaders. Cette mesure fondamentale vise à préserver la dignité de leurs administrés, à garantir la sécurité de leurs biens en toutes circonstances, tout en favorisant une attractivité accrue pour les investisseurs. La situation appelle à une réflexion collective sur les moyens de restaurer la confiance et de promouvoir un environnement respectueux des droits fondamentaux dans le District Autonome des Montagnes.

Chronique des violations des Droits Humains dans le District Autonome des Montagnes (2014-2024)

Une décennie de souffrance silencieuse a marqué le District Autonome des Montagnes, allant du Cavally au Tonkpi en passant par le Guémon, avec une énumération poignante des graves cas de violations des droits humains, de 2014 à 2024.

Dans le Département de Guiglo, spécifiquement dans la région du Cavally, l’année 2022 a été témoin de faits alarmants. Un jeune homme, coupable d’avoir fait usage d’une arme blanche et menacé de mort son prochain avec une arme à feu, a été banni du village Gblapleu pour s’installer à Yaoundé. Dans cette même localité, des tractations machiavéliques orchestrées par certains leaders communautaires ont eu pour objectif de contraindre des jeunes filles aux mariages forcés, illustrés de manière tangible par les cas de Zoromi Nafi et d’une élève de 6e en 2022.

Dans la région du Guémon, depuis la fin de la crise post-électorale, une vague d’abus persiste. Certains jeunes, sous le prétexte de la sécurité villageoise, portent atteinte impunément à la dignité de diverses populations. En février 2024, dans le Département de Bangolo, un enseignant bénévole, soupçonné d’avoir dérobé la somme de 100 mille FCFA de la caisse du COGES de l’EPP Zéo, sur ordre du chef du village, a subi des traitements corporels et psychologiques insupportables, aboutissant à sa tragique disparition. Dans la même localité, en 2023, un chef de village a été impliqué dans une fusillade, sur l’axe Bangolo-Blotilé-Tionlé, ayant coûté la vie à un gendarme, alimentant ainsi le climat de tension.

Cette chronique des violations des droits humains dans le District Autonome des Montagnes révèle un tableau alarmant, nécessitant une attention immédiate et des mesures vigoureuses pour restaurer la justice et la paix au sein de ces communautés montagnardes.

Le tableau des violations des droits humains dans le District Autonome des Montagnes ne cesse de s’assombrir. Zoom sur le Département de Duékoué, où des pratiques choquantes ont été mises en lumière en 2024.

Dans la Sous-préfecture de Guéhiébly, l’année en cours a été marquée par une situation alarmante. En présence d’un leader communautaire, des présumés sorciers ont été contraints de signer des aveux, révélant ainsi des pratiques douteuses qui nécessitent une attention urgente.

Dans la Commune de Duékoué, récemment libérée de toute entrave à ses droits civiques, un ex-pensionnaire de la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Man a été curieusement interdit de séjour dans son quartier, selon des indications implicites émanant de l’autorité coutumière locale, juste avant le nouvel an. De plus, des actes arbitraires commis par des leaders communautaires, usant de leur autorité, ont été signalés fin 2023. Ces derniers ont confisqué des biens, notamment des téléphones portables et d’autres objets de valeur, à leurs administrés à la suite de disputes, illustrant un abus flagrant de pouvoir.

Dans le canton Blossé nord, localité située dans la région du Tonkpi, précisément dans la Sous-préfecture de Séileu, au sein du Département de Danané, l’année 2018 a été marquée par des abus perpétrés par des chefs de village imbus de leur autorité. Certains administrés ont été injustement privés de la possibilité d’exercer des activités économiques, et leurs résidences ont été fermées sous prétexte de non-participation à des travaux communautaires. En un triste épisode de 2018, un jeune homme, accusé d’adultère avec la femme d’un notable, a été contraint d’abandonner son village, sa résidence étant entièrement détruite sous les ordres du chef local.

Ces récits poignants soulignent l’ampleur des défis liés aux abus de pouvoir et à l’autorité non régulée dans le District Autonome des Montagnes, appelant à une action immédiate pour restaurer l’équité et la justice au sein de ces communautés montagnardes.

Renforcer les Leaders Communautaires : Une urgence pour préserver la dignité et les droits fondamentaux

Dans le District Autonome des Montagnes, la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles des leaders communautaires prend une importance capitale, devenant une diligence essentielle pour la protection de la dignité de leurs administrés.

Les cas alarmants de violations des droits humains impliquant plusieurs leaders communautaires, pourtant censés être des médiateurs entre la population et les autorités administratives, mettent en lumière trois faits préoccupants. L’analphabétisme, l’ignorance des lois et le non-respect des autorités locales par certains leaders, en raison de leurs attaches externes, émergent comme des éléments fondamentaux après une analyse approfondie des différents cas.

Bien que la force soit un pilier nécessaire à l’État pour son bon fonctionnement dans le contrat social, comme l’a souligné Rousseau, son utilisation sans le respect du droit entraîne son affaiblissement, son impuissance et sa décadence. Cela devient le symbole d’un désordre béant qui entrave l’expression des libertés fondamentales individuelles, tout en ternissant l’image des détenteurs du pouvoir.

Ainsi, de manière impérative et pressante, les autorités préfectorales, judiciaires, policières et militaires doivent prendre en considération la nécessité constante de renforcer les capacités opérationnelles des leaders communautaires. Cela inclut une formation approfondie sur leurs droits et devoirs, en mettant l’accent sur les limites de leurs pouvoirs et les types de sanctions possibles en cas de dérapages. Cette initiative est essentielle pour établir un équilibre entre l’autorité nécessaire et la protection des droits individuels au sein du District Autonome des Montagnes.

En somme, pour susciter un intérêt accru des investisseurs en Côte d’Ivoire, le District Autonome des Montagnes doit impérativement renforcer ses institutions communautaires, dotées de leaders crédibles. La diligence dans la prise en compte des trois facteurs susmentionnés se révèle cruciale.

Cette responsabilité ne devrait pas reposer uniquement sur l’État de Côte d’Ivoire et ses partenaires. Les présidents des mutuelles, les figures politiques, les élus, et les cadres, en tant que parrains attitrés des leaders communautaires, jouent un rôle indispensable. Leur engagement est essentiel pour contrer les tendances affaiblissantes de ces leaders, qui impactent négativement le corps préfectoral, les autorités judiciaires, les forces de police et de l’armée, ainsi que les acteurs humanitaires dans l’exercice de leurs fonctions régaliennes. La coopération collective est ainsi essentielle pour établir un environnement propice à l’investissement dans le District Autonome des Montagnes.

Laine Gonkanou, Correspondant Régional

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