Trois ans après la chute de la Refondation/ Ce que deviennent les miliciens
Abidjan, le 15-11-14 (lepointsur.com)-Pendant les dix années de règne de Laurent Gbagbo, plusieurs unités parallèles se sont formées pour défendre son pouvoir face à la rébellion du 19 septembre 2002. Puissamment armés et soutenus au plus haut niveau de la refondation, ces milices agissaient en toute impunité. Mais que sont-elles devenues après la chute du régime Gbagbo ?
Ils ont fait la pluie et le beau temps sous le règne de la Refondation. Ayant fait leur apparition au devant de la scène, les groupe d’autodéfense, comme ils se faisaient appelés se sont très rapidement mués en milices armées. Et pendant les dix années de règne de Laurent Gbagbo, cette armée parallèle a montré des vertes et des pas mûres à tous ceux qui ne pensaient pas comme leur mentor.
Puissamment armés, cette meute de jeunes patriotes a été épinglée par plusieurs rapports internationaux comme étant à la base de plusieurs morts, viols, vols et autres violations graves des droits de l’homme. Agissant en toute impunité, ces groupes composés souvent sur des bases ethno-tribales ont été des supplétifs aux Forces de défense et de sécurité.
Ces mouvements ont vu le jour dans les jours qui ont suivi l’éclatement de la rébellion dans la nuit du18 au 19 septembre 2002. Pris de panique devant la progression fulgurante des hommes de Guillaume Soro, le régime de Laurent Gbagbo a appelé les jeunes à se constituer en bouclier humain pour empêcher les rebelles de progresser. A cette époque, Pascal Affi N’Guessan qui était Premier ministre a lancé le mot d’ordre de formation des Comités villageois de sécurité (CVS). C’est le point de dé part de la naissance des milices ou groupes d’auto défense. De 2002à 2003, ces Comité villageois régnaient en maîtres absolus sur les routes ivoiriennes. Chaque village et chaque campement avait son comité de défense qui dressait un corridor à l’entrée et à la sortie de chaque localité. Mais de toutes les contrées, c’est dans l’Ouest du pays que ces milices ont connu leur âge d’or. De fait, la région du Moyen Cavally est restée le bastion des milices dont une forte proportion est concentrée à Duekoué, Guiglo, Blolequin et Toulepleu.
Jusqu’à la veille de la présidentielle de 2010, ces localités étaient encore des poudrières. Dans la région du Goh, région d’origine de Laurent Gbagbo, les milices ont également existé. Mais contrairement à l’Ouest où chaque mouvement avait son autonomie dans la chaîne de commandement, dans la région Gagnoa, Divo, Lakota, toutes les factions des milices étaient des démembrements du Groupement des patriotes pour la paix de Bouazo Yoko Yoko. L’on dénombrait ainsi, la Force anti-terroriste(FAT) ; la Force de libération du peuple (FLP) ; le MI24 ; l’Unité abeille ; les Nouvelles forces de l’Union pour la libération totale de Côte d’Ivoire etc. Que ce soit à Abidjan, à l’Ouest ou au Centre-Ouest, beaucoup de jeunes ont intégré les milices sous prétexte qu’ils allaient être recrutés plus tard dans l’armée. Ces miliciens selon une enquête de l’Onu disposaient d’armes lourdes et sophistiquées dont des orgues de Staline, des Dca, des roquettes, des mortiers, des kalachnikovs et des grenades. Après la crise postélectorale, lors des fouilles engagées par les Frci dans les domiciles des miliciens à Guiglo, y compris au domicile d’un proviseur de lycée, 1053 kalachnikovs, lance-roquettes et fusils à canon scié ont été découverts.
Ce que sont devenus les commandants
« Parmi les chefs miliciens encore au devant de la scène, le plus en vue reste Zadi Djédjé. Aujourd’hui président d’un parti politique, le Front populaire uni (Fp-U), Zadi Djédjé régnait à la tête des miliciens de Koumassi pendant la crise post-électorale. Mais après avoir fait son mea culpa et demandé pardon à la Nation, Zadi Djédjé circule librement à Abidjan. Idem pour Maho Glofléï qui après une longue période d’errements a fini par sortir de sa cachette. Avec le soutien de certains cadres du Moyen Cavally, ce chef milicien qui était le troisième adjoint au maire de Guiglo a fini par rentrer dans la République. Aujourd’hui, il participe à plusieurs activités des cadres de sa région. Mais comme il fallait s’y attendre, avec la chute de Gbagbo, sa milice, le Flgo a disparu par enchantement. A Abidjan, le GPP de Bouazo Yoko Yoko était la milice la plus en vue. A Adjamé220 logements qui était la base de cette force parallèle, l’ancien local de son entreprise d’imprimerie de Bouazo Yoko Yoko était devenu l’Etat major du Gpp. Le patron de cette force avait ses bureaux au premier étage où une pièce servait de prison à ceux qui avaient la chance d’être faits prisonniers. Le terrain Jean Delafosse était devenu le site d’entraînement des éléments du Gpp et aussi des autres miliciens qui venaient de Yopougon, Dabou et des résidences universitaires pour s’exercer au maniement des armes. L’école primaire Delafosse servait de dortoir à ses hommes pendant la crise post-électorale. Les toits des bâtiments étaient des miradors sur lesquels étaient perchés les snipers qui pouvaient voir l’ennemi venir sur une distance d’un kilomètre. Aujourd’hui, le Gpp n’existe plus à Adjamé mais les traces du passage des miliciens sont encore visibles. Le commandant de cette force qui avait été donné pour mort est toujours en vie. Il se raconte que ce terrible chef milicien séjourne au pays de Kwame N’Krumah. Mais jusque là, personne n’a pus certifié sa présence chez le voisin de l’Est. Ses éléments qui ont eu la vie sauve rasent les murs »
Les miliciens disposaient également d’équipements de communication, notamment des talkies walkies et des téléphones satellitaires Thuraya. Ils se déplaçaient avec des véhicules tout terrain mis à leur disposition. Malgré tout cet arsenal et les moyens financiers qui étaient mis à leur disposition, ces jeunes n’ont pas pu maintenir leur mentor dans le fauteuil présidentiel malgré sa défaite aux élections. Après la capture de Laurent Gbagbo dans son bunker, beaucoup de ces mouvements sont morts de leur belle mort tandis que les commandants de ces milices qui n’ont pas été tués dans les combats sont en exil dans les pays voisins. Ceux qui ne sont pas sortis du pays se font très discrets ou se sont mis à la disposition de l’Etat dans le cadre de la réconciliation nationale. Parmi les chefs miliciens encore au devant de la scène, le plus en vue reste Zadi Djédjé. Aujourd’hui président d’un parti politique, le Front populaire uni (Fp-U), Zadi Djédjé régnait à la tête des miliciens de Koumassi pendant la crise post-électorale. Mais après avoir fait son mea culpa et demandé pardon à la Nation, Zadi Djédjé circule librement à Abidjan. Idem pour Maho Glofléï qui après une longue période d’errements a fini par sortir de sa cachette. Avec le soutien de certains cadres du Moyen Cavally, ce chef milicien qui était le troisième adjoint au maire de Guiglo a fini par rentrer dans la République. Aujourd’hui, il participe à plusieurs activités des cadres de sa région. Mais comme il fallait s’y attendre, avec la chute de Gbagbo, sa milice, le Flgo a disparu par enchantement. A Abidjan, le GPP de Bouazo Yoko Yoko était la milice la plus en vue. A Adjamé220 logements qui était la base de cette force parallèle, l’ancien local de son entreprise d’imprimerie de Bouazo Yoko Yoko était devenu l’Etat major du Gpp. Le patron de cette force avait ses bureaux au premier étage où une pièce servait de prison à ceux qui avaient la chance d’être faits prisonniers. Le terrain Jean Delafosse était devenu le site d’entraînement des éléments du Gpp et aussi des autres miliciens qui venaient de Yopougon, Dabou et des résidences universitaires pour s’exercer au maniement des armes. L’école primaire Delafosse servait de dortoir à ses hommes pendant la crise post-électorale. Les toits des bâtiments étaient des miradors sur lesquels étaient perchés les snipers qui pouvaient voir l’ennemi venir sur une distance d’un kilomètre. Aujourd’hui, le Gpp n’existe plus à Adjamé mais les traces du passage des miliciens sont encore visibles. Le commandant de cette force qui avait été donné pour mort est toujours en vie. Il se raconte que ce terrible chef milicien séjourne au pays de Kwame N’Krumah. Mais jusque là, personne n’a pus certifié sa présence chez le voisin de l’Est. Ses éléments qui ont eu la vie sauve rasent les murs. Certains qui veulent tourner cette page sombre de leur vie se sont mis à la disposition de l’ADDR où ils sont pris en compte dans le processus de désarmement et de réinsertion des ex-combattants. Au nombre des chefs de milices de Laurent Gbagbo, Charles Groguhet et de Maguy le Tocard sont des figures emblématiques des milices de la Refondation. Mais tous deux sont morts de maladies ‘‘bizarres’’. Aujourd’hui que ce soit à l’Ouest, au Centre Ouest, à Adjamé ou Yopougon, les milices et leurs commandants ont disparu comme par enchantement. Comme on peut le voir, Gbagbo est parti et avec lui, les milices qui ont voulu le maintenir au pouvoir par la force.
Lepointsur.com/L’expression
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