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[Tohourou : épicentre du Festival de Musiques et Danses Traditionnelles à Noisy-le-Sec] Une exploration historique avec le Professeur Paulin Zigui Koléa


Abidjan, le 21 juin 2024 (lepointsur.com) Vendredi 28 juin prochain, l’espace Noisy-le-Sec à Paris accueillera un événement unique : la 5e édition du Festival de Musiques et Danses Traditionnelles de Côte d’Ivoire. En tête d’affiche, le Tohourou, une forme d’expression artistique qui plonge ses racines dans la culture Bété, fera revivre les traditions ancestrales ivoiriennes. Porté par Blé Wandji et ses compagnons Madi Zimin et Zomassa, le Tohourou promet une immersion dans l’authenticité culturelle, symbolisant la continuité et l’adaptation des pratiques traditionnelles à la modernité.

La Nuit du Zouglou : Une introduction réussie

Ce festival succède à la « Nuit du Zouglou », organisée par CBS Music, la structure menée par le promoteur Charles Bolly. Cet événement a rencontré un succès retentissant, attirant les amateurs de zouglou, un genre musical urbain ivoirien des années 1990 qui mêle humour et critique sociale. Fort de cet engouement, CBS Music se tourne vers un nouveau rendez-vous culturel : un festival prometteur qui, tout en étant captivant, mettra en lumière des traditions ivoiriennes plus anciennes et moins connues.

Le Tohourou : Un héritage de sagesse et de connaissance

Le Tohourou, qui occupera une place centrale lors de cette édition, a été brillamment présenté par le Professeur Paulin Koléa Zigui lors d’une conférence préparatoire le jeudi 20 juin 2024 à la Maison de la presse d’Abidjan – Plateau sur le thème « Tohourou d’hier à aujourd’hui ». Zigui, Professeur émérite des Universités, a retracé l’évolution de cette forme musicale en soulignant son rôle de conseiller universel au sein de la société ivoirienne. Le Tohourou, originaire des régions Wê et Bété, est décrit comme un « masque chanteur », un artefact vivant qui véhicule des conseils et des sagesses en langue Bété.

Selon le Professeur Zigui, le Tohourou incarne une forme de sagesse dynamique, qui évolue tout en conservant ses racines profondes. « Il s’est donné comme mission de conseiller la société », explique-t-il. Initialement, le Tohourou utilisait les langues Guéré et Gnaboua, mais pour toucher un public plus large, il a adopté la langue Bété, facilitant ainsi la transmission de ses messages.

Une adaptation à la modernité

Zigui souligne que le Tohourou s’adapte continuellement à la modernité. L’enregistrement, la diffusion filmique et la traduction de ses textes sont essentiels pour sa survie et sa pertinence dans le monde contemporain. La présence du Tohourou à Paris témoigne de cette modernisation. Contrairement aux figures politiques du passé, les acteurs actuels du Tohourou profitent des moyens modernes pour donner une visibilité internationale à cette tradition.

Une génération de continuateurs

Le festival sera l’occasion de célébrer la deuxième génération de pratiquants du Tohourou. Cette génération, représentée par Blé Wandji et ses pairs, perpétue l’héritage de maîtres comme Guira Gozé et Kipré Balou. Ces jeunes artistes, formés par leurs prédécesseurs, apportent une nouvelle énergie tout en restant fidèles à l’esprit du Tohourou. « La longévité du Tohourou dépend des moyens que l’homme moderne mettra à sa disposition », note Zigui. Ce passage de flambeau assure non seulement la préservation mais aussi l’évolution de cette tradition dans un contexte globalisé.

Un événement à ne pas manquer

L’adresse du festival, située au 14 rue de la Pointe, 93130 Noisy-le-Sec, deviendra un carrefour culturel où le Tohourou rencontrera son public européen. En assistant à cette représentation, les spectateurs auront l’occasion de découvrir une tradition qui a non seulement survécu à l’épreuve du temps, mais qui continue de se réinventer.

Le festival, par cette célébration du Tohourou, ne se contente pas de revisiter le passé ; il projette cette sagesse ancestrale dans le futur, créant un pont entre les générations et les cultures. La soirée promet une convergence des genres, une orchestration vivante où chaque geste, chaque note, et chaque parole porte l’écho de siècles de sagesse collective.

Ainsi, à l’occasion de ce festival, le Tohourou s’affirmera comme le « roi » des chansons populaires ivoiriennes, un souverain qui, tout en puisant dans la tradition, inspire l’avenir. Les passionnés de culture, d’histoire, et de musique ne voudront pas manquer cette occasion unique de vivre le Tohourou, symbole intemporel de la sagesse et de la tradition ivoirienne.

Médard KOFFI

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