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[Technologie/Crise chez OpenAI] L’intelligence artificielle impuissante face à ses difficultés


« Nous avons trouvé un accord de principe pour que Sam revienne chez OpenAI comme PDG » […] « Nous travaillons aux détails. Merci pour votre patience pendant ce temps ». Fin de crise dans la Silicon Valley ou début d’un grand ménage dans le secteur de l’intelligence artificielle ? OpenAI, le fleuron du domaine, a vécu des journées mouvementées qui risquent de marquer durablement les futurs progrès dans l’intelligence artificielle.

Mais que s’est-il passé à la direction d’OpenAI, la prometteuse start-up créatrice de ChatGPT et Dall-E ? Le vendredi 17 novembre, son comité de direction annonce avoir décidé de licencier son charismatique fondateur Sam Altman. Les raisons de ce licenciement soudain demeurent encore obscures. L’Intelligence Artificielle générative permet de produire textes, images et sons sur simple requête en langage courant. Elle est considérée comme une révolution comparable à l’avènement d’internet. OpenAI dont Sam Altman est un des fondateurs, est leader sur le marché avec Microsoft en principal investisseur à plusieurs milliards de dollars. Devenait-il trop enthousiaste ou encombrant ? Quelques jours avant sa mise à pied, lors de la présentation des dernières innovations de sa société, il affirmait : « Nous serons en mesure de faire plus, de créer plus et d’avoir plus. Au fur et à mesure que l’intelligence artificielle sera intégrée partout, nous aurons tous des superpouvoirs à la demande. »

L’ambition du fondateur, tout comme les progrès dans le domaine de l’IA, méritaient-ils d’être bridés ? Cette éviction surprise a rappelé le limogeage en 1985 de Steve Jobs par Apple – dont il a repris la tête des années plus tard. Les négociations du week-end pour finaliser ce licenciement ont mis en avant le dilemme pour une telle entreprise de laisser sa technologie aux mains des « simples » développeurs ou sous l’hégémonie d’un leader charismatique à la Elon Musk. L’IA repose sur des technologies indéniables, mais aussi grâce à des leviers de marketing puissants. OpenAI pouvait-elle se passer de Sam ?

Partie de poker entre entreprises de la tech

Durant tout le week-end, des négociations se sont engagées pour envisager son retour ou son arrivée dans une autre entreprise de la tech. Ce fut un show sur les réseaux sociaux à base de selfie, de questionnement à la limite de l’indiscrétion… Une partie de poker entre entreprises de la tech avec les tas de dollars presque apparents sur la table. Indécence ou enjeu d’avenir pour le secteur de l’intelligence artificielle qui n’échappe donc pas à une crise d’ego et de pouvoir ? Tous les grands noms du domaine ont donné leur avis sur le sujet : le patron de Microsoft bien évidemment, Elon Musk en mode complot ou recherche de la vérité, et de nombreux salariés inquiets de la Silicon Valley. Débat sincère ou crise d’ego, la question se posait chez les experts.

Les enjeux financiers à venir sont colossaux

Lundi 20 novembre : Microsoft annonce l’arrivée de Sam Altman dans son giron. Dans le même temps, les salariés d’OpenAI (plus de 500 sur 700) se rebellent et menacent de partir avec leur boss de toujours. Sam Altman incarne tellement l’entreprise et les débuts prometteurs de l’IA que c’est la quasi-intégralité des employés de la société qui envisagent de le suivre chez Microsoft. Les « nouveaux » dirigeants d’OpenAI semblent chercher quant à eux une porte de sortie vers la concurrence. Pour Sam Altman, Microsoft et le comité de direction d’OpenAI, les enjeux financiers à venir sont colossaux. Le « business model » de cette entreprise qui avait démarré à but non lucratif se retrouve secoué par les faramineuses promesses d’argent qu’il occasionne, à en vaciller. Le futur de ChatGPT comme Dall-E en dépend.

Le chaos va laisser des cicatrices profondes

Mardi 21 novembre : Sam Altman, fort du soutien de Satya Nadella, le patron de Microsoft, annonce : « Avec le nouveau conseil d’administration et le soutien de Satya, j’ai hâte de revenir chez OpenAI et de bâtir un partenariat solide » avec Microsoft. Son collègue Greg Brockman, ancien président du conseil d’administration qui l’avait suivi chez Microsoft, a également annoncé son retour.

OpenAI a été fondée en 2015 comme une association à but non lucratif. Depuis, la start-up s’est associée à Microsoft qui a investi plusieurs milliards de dollars et lui a donné accès à son infrastructure informatique pour lui permettre de mettre au point des modèles d’IA toujours plus performants. Le géant informatique est aussi actionnaire minoritaire – à un niveau non divulgué – de la branche privée d’OpenAI, contrôlée par la fondation originale. « Microsoft a tout emporté avec un coup de poker qui restera dans la légende. Microsoft est dans une position encore plus forte qu’avant dans l’IA », a salué l’analyste Dan Ives, de Wedbush Securities.

Et Satya Nadella PDG de Microsoft d’enfoncer le clou au moment du retour de Sam Altman à OpenAI : « Il n’y a pas d’OpenAI sans l’appui massif de Microsoft. Nous adorons leur indépendance, mais… nous avons tous les droits de propriété. Si, demain, OpenAI disparaît, aucun de nos clients ne doit s’inquiéter, nous avons tous les droits pour continuer les innovations et pas seulement les distribuer. » Le chaos de ces derniers jours va laisser des cicatrices profondes. Ces derniers mois, OpenAI semblait réclamer une réglementation dans le domaine de l’IA, mais elle est aussi un peu trop bien placée pour ce genre de négociations, car leader incontesté dans le domaine. Dans le milieu de l’IA on parle d’un effet Oppenheimer : le créateur se retrouve dépassé par les capacités de son invention. Sam Altman en a-t-il fait les frais ? Le leader d’OpenAI ne fait en effet plus l’unanimité, on vient de le constater. Les prochaines réglementations dans l’IA demeurent un enjeu important pour tous les acteurs dans le domaine, comme pour ses utilisateurs.

Source : Rfi

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