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[Santé mentale/Professeur Koua Médard formel] « Il ne faut pas enfermer les personnes atteintes de cette maladie ni les cacher ou encore les amener dans des camps de prière »


Agboville, 29-11-2022 (lepointsur.com) À la faveur du premier Forum communautaire en santé mentale organisé dans un village d’Agboville, le samedi 26 novembre dernier, par le direction de la coordination du Programme de la santé mentale (PNSM), le professeur Koua Asséman Médard, directeur coordonnateur PNSM, invite les populations à changer de paradigme. Entretien.

Quels sont les objectifs visés à travers cette cérémonie ?

Il s’agit du premier Forum communautaire en santé mentale qui vise essentiellement à sensibiliser les communautés pour qu’elles comprennent mieux la question de santé mentale, les problèmes de maladies mentales et surtout susciter leur engagement pour qu’ensemble nous puissions gérer les questions de santé mentale. Cela vise aussi à lutter contre les formes de stigmatisation et de violence faites aux personnes qui souffrent de santé mentale ou d’épilepsie.

Quelles sont les motivations qui ont suscité une telle cérémonie ?

Alors, la première motivation c’est qu’il faut rendre accessible les services de santé mentale auprès des populations. C’est l’une des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et c’est aussi l’une des orientations du ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la Couverture maladie universelle. La deuxième motivation, c’est que lorsque les communautés sont engagées dans les processus de santé, on arrive efficacement à régler ces problèmes de santé.

Quels sont les enjeux de cette rencontre ?

Les enjeux, c’est de pouvoir susciter un mouvement citoyen, impliquer les chefs religieux et communautaires dans les questions de santé mentale. C’est d’ailleurs cette stratégie qui a permis de régler le problème du VIH. Et naturellement, on ne change pas des stratégies qui sont efficaces. Et c’est donc cette même stratégie qui doit pouvoir régler le problème de la santé mentale et les préjugés autour des problèmes de santé mentale dans la communauté.

Quelles sont les mesures d’accompagnement que vous allez mettre en place ?

Très rapidement, pour les prochaines étapes, on va rencontrer le directeur régional de la Santé de l’Agnéby-Tiassa. On va faire un retour de l’activité et discuter avec lui sur les activités à organiser pour intensifier la communication, pour former les hommes de médias et surtout pour former les agents de santé de l’Agnéby-Tiassa, afin qu’ils puissent gérer les premiers soins au bénéfice des populations. Et d’ailleurs, ça été l’un des plaidoyers de la communauté qui désire avoir un médecin et un infirmier spécialistes en santé mentale. C’est donc créer un service dédié pour pouvoir coordonner la prise en charge dans l’Agnéby-Tiassa.

Pourquoi le choix de l’Agnéby-Tiassa ?

L’Agnéby-Tiassa est naturellement la région du ministre de la Santé. Et il faut que sa région donne l’exemple. Et nous qui sommes les démembrements du ministère, on doit pouvoir accompagner le ministre pour donner l’exemple de telle sorte que les autres régions sanitaires, au nombre de 33, puissent emboîter le pas du modèle développé dans l’Agnéby-Tiassa.

Quel est votre appel à l’endroit de la population ?

J’invite la population à comprendre que la question de santé mentale n’est pas une affaire de Blanc. C’est une affaire qui concerne tout le monde. Et une communauté pour qu’elle se porte bien doit s’occuper de sa propre santé mentale. Et lorsqu’il y a dans la communauté des personnes qui ont des problèmes de santé mentale, il ne faut pas les stigmatiser ni les enfermer, les cacher ou encore les amener dans des camps de prière. Car il existe des centres de santé qui doivent être fréquentés par tout le monde y compris ceux qui souffrent de maladies de santé mentale. Et le ministère de la Santé va déployer très rapidement des stratégies pour rendre accessible les soins aux populations.

Interview retranscrite par Georges Kalégnon, correspond régional

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