RFI/ Turquie: après les attaques, quels sont les objectifs des Kurdes?
En marge des attentats du lundi 10 août à Istanbul, il y a eu ces attaques meurtrières menées par le PKK dans le sud-est du pays; celles-ci rappellent que la Turquie est en guerre sur plusieurs fronts. Quelle est la situation, du côté de la rébellion ; est-ce la guerre totale ou bien est-ce qu’on peut éviter un conflit plus large ?
Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion
Bingöl, Bitlis, Ağrı, Hakkari, Lice, Şemdinli, Şırnak… dans chacune de ces villes du Kurdistan turc, hier lundi 10 août, et hormis les attaques qui ont coûté la vie à cinq membres des forces de l’ordre, la rébellion a visé des policiers et des militaires à l’arme automatique ou à coup d’explosifs et elle en a blessé plusieurs. Dans le même temps, trois rebelles ont été tués lors d’affrontements.
Pour autant, on ne peut pas encore parler d’une guerre ouverte, d’une guerre totale ; le sentiment qui prévaut est que l’on assiste à une guerre de harcèlement, peut-être en attendant que la situation politique se clarifie – élections anticipées ou gouvernement de coalition – et qu’une conflagration générale est encore évitable. D’où les appels qui se multiplient à gauche, notamment de la part du Bloc pour la paix qui a tenu un grand meeting dimanche à İstanbul, pour que les armes se taisent simultanément des deux côtés.
Cesser les attaques ?
Le gouvernement réclame toujours le dépôt inconditionnel des armes par la rébellion, qui, elle, exige la relance des négociations et la libération de ses membres arrêtés. Bref : la situation est bloquée, mais le pire n’est peut-être pas inévitable.
Pas de liens entre séparatistes et extrême gauche
Officiellement, il n’y a pas de lien organique entre la rébellion séparatiste et les mouvements d’extrême gauche mis en cause dans les attentats d’Istanbul, et il n’y a eu dans l’histoire que de très rares exemples de coopération opérationnelle. Aujourd’hui, et depuis trois semaines, Ankara a lancé sa guerre anti-terroriste sur deux fronts, et contre la rébellion kurde et contre l’extrême gauche ; ce qui pourrait avoir comme effet de les rapprocher, mais rien n’est moins sûr, car leurs objectifs stratégiques sont très éloignés.