[Retrait du Nicaragua de l’UNESCO] Audrey Azoulay alerte sur une rupture préjudiciable à l’éducation, la culture et la liberté de la presse
En réaction à l’attribution du Prix mondial de la liberté de la presse au journal La Prensa, le Nicaragua a annoncé son retrait de l’UNESCO. Audrey Azoulay déplore une décision qui prive la population de coopérations éducatives et culturelles.
Abidjan, le 05 mai 2025 (lepointsur.com) – L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) traverse une nouvelle turbulence diplomatique. Ce jeudi dernier, la Directrice générale de l’Organisation, Audrey Azoulay, a révélé avoir reçu une lettre officielle du gouvernement du Nicaragua annonçant son retrait de l’institution onusienne. Une décision motivée par l’attribution, la veille, du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano au journal indépendant La Prensa.
Créé en 1997 par les États membres de l’UNESCO, ce prix prestigieux récompense chaque année une personne ou une organisation ayant apporté une contribution notable à la défense de la liberté de la presse, sur recommandation d’un jury international indépendant. Cette année, c’est le quotidien La Prensa, pilier du journalisme indépendant au Nicaragua, qui a été distingué, malgré un contexte de répression politique sévère.
Depuis 2021, les dirigeants de La Prensa ont été emprisonnés ou forcés à l’exil. Le journal a vu ses biens confisqués par les autorités nicaraguayennes, mais n’a jamais cessé de publier. En exil, ses équipes continuent d’informer la population, opérant depuis plusieurs pays, notamment le Costa Rica, l’Espagne, le Mexique, l’Allemagne et les États-Unis.
Pour les autorités de Managua, cette reconnaissance internationale équivaut à une provocation. Dans leur communiqué, elles dénoncent le caractère « diabolique d’une expression du traître sentiment anti-patriotique » du média, l’accusant de promouvoir « les interventions militaires et politiques des États-Unis au Nicaragua ».
Audrey Azoulay a exprimé son profond regret face à cette rupture :
« Je regrette cette décision qui privera la population du Nicaragua des bénéfices d’une coopération portant notamment sur l’éducation et la culture. L’UNESCO est aussi pleinement dans son rôle quand elle défend partout dans le monde la liberté d’expression et la liberté de la presse. »
Ce retrait du Nicaragua ne sera effectif qu’à compter du 31 décembre 2026, conformément aux délais administratifs prévus par l’Organisation. D’ici là, l’UNESCO poursuivra ses missions, y compris dans les pays membres confrontés à des crises démocratiques ou des restrictions des libertés fondamentales.
Avec 194 États membres, l’UNESCO s’efforce de promouvoir la paix à travers la coopération dans les domaines de l’éducation, de la science, de la culture, de la communication et de l’information. Son siège est basé à Paris, et elle œuvre notamment à travers des programmes comme le réseau du patrimoine mondial, les villes créatives ou les chaires universitaires.
Ce nouvel épisode met en lumière les tensions croissantes entre certaines autorités étatiques et les institutions internationales garantes des droits fondamentaux. Pour l’UNESCO, la liberté de la presse reste un pilier non négociable de la démocratie.
Médard KOFFI avec Unesco