Regarder un match en public peut coûter cher
LE SCAN SPORT – La secte islamique Boko Haram multiplie les attentats dans les lieux de retransmission des matchs de football. Les autorités nigérianes conseillent aux supporteurs de rester chez eux pour assister à la rencontre.
La rencontre entre la France et le Nigeria pourrait être endeuillée ce lundi par Boko Haram, qui multiplie les attentats dans cet immense pays d’Afrique de l’Ouest, particulièrement les jours de matchs de la Coupe du monde de football. «Il est tout à fait improbable qu’il n’y ait pas d’attentat ce soir», assure au Figaro un spécialiste de la secte islamique. «Dans la plupart des cafés, personne ne sera fouillé». Mais le fait que le Nigeria rencontre la France, ancienne puissance coloniale actuellement présente au Mali et en Centrafrique, ne devrait pas être un facteur aggravant. «Ce serait donner beaucoup de crédit idéologique à Boko Haram que de croire cela. Le mouvement est mal structuré idéologiquement depuis l’exécution de son chef fondateur, Mohammed Yusuf, en 2009. Mais on sait qu’il agit essentiellement sur des considérations de politique intérieure, contre l’État central. Il essayera donc de frapper à tous les matchs, que la rencontre implique la France ou un autre pays.»
Depuis le début du mondial, les attaques se multiplient dans les stades ou des «viewing centers», ces cafés avec écran géant où la population se retrouve pour suivre le Mondial. Le 1er juin, plus de 40 personnes ont péri dans le Nord-Est lorsqu’une bombe a explosé au milieu de supporteurs sur un terrain, juste après un match. Le 17 juin, une bombe placée au milieu d’une foule regardant un match du Mondial à Damaturu, capitale de l’Etat de Yobe, a fait 21 morts. La tragédie s’est répétée le 25 juin, avec un nouvel attentat à la bombe dans un centre commercial bondé au cœur d’Abuja, pendant la rencontre Nigeria-Argentine.
Eviter de se réunir en public
Boko Haram n’a pas formellement revendiqué ces attentats. Mais elles portent la signature de la secte islamique, dont le chef Abubakar Shekau, dans de nombreuses vidéos, a décrit le football comme une perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion. A la suite de l’attentat du 17 juin, la police a conseillé aux fans de football d’éviter de se réunir dans des lieux publics de retransmission des matchs. Elle conseille plutôt de se réunir en famille ou entre amis pour suivre les rencontres. Plusieurs centres de retransmission sur écran géant ont été fermés, comme dans les Etats d’Adamawa (nord-est) et de Plateau (centre). La police veille aussi à mettre en place des mesures pour améliorer la sécurité dans le Nord, principale cible des attaques de Boko Haram, telles que la création de zones piétonnes de 50 à 100 mètres autour des centres de retransmission, pour empêcher les attentats à la voiture piégée.
L’équipe nationale, qui fait déjà face à plusieurs problèmes d’argent et de primes, se dit attristée par les actions menées par le groupe islamiste armé Boko Haram. «Ce qui se passe au pays est très inquiétant, mais cela ne doit pas nous affecter, on doit continuer de jouer pour donner de l’unité et de la chaleur au pays», a expliqué le milieu de terrain John Obi Mikel. «On va continuer à le faire en espérant que le football unisse notre pays dans les régions où il y a des problèmes.»
De notre correspondante Maty Gauthier Fanny avec Sport 24