Réforme Gaoussou Touré/ Déjà un mort par crise cardiaque à la Sonatt (ACTUALISE)
–La vérité qui rattrape le premier Transporteur ivoirien
Le vendredi 21 février 2013, dans le cadre de la réforme du transport terrestre, Gaoussou Touré, ministre des Transports, ouvrait au Premier ministre Daniel Kablan Duncan, les portes du nouveau Centre de gestion intégrée rattaché à la Direction générale du transport terrestre et de la circulation (Dgttc). C’était le lancement officiel de la nouvelle réforme du transport terrestre en Côte d’Ivoire, avec en toile de fonds la dissolution des structures sous sa tutelle. Notamment, l’Agetu et la Sonatt. Plus d’un après, une mort officielle est annoncée dans le rang des agents de la Sonatt pour « salaire impayé avec résiliation du contrat d’assurance maladie ».
Pourtant, le ministre Gaoussou Touré avait promis un lendemain meilleur aux employés des sociétés victimes de disparition.
La nouvelle réforme du transport terrestre, avec les dissolutions des sociétés comme la Société nationale des transports terrestres (Sonatt) viennent de faire une victime de taille. Officiellement, Jean-Claude Gbessi Adji agent de la Société nationale des transports terrestres (Sonatt) a rendu l’âme vendredi 8 août 2014, en pleine formation, dans des conditions misérables. Comme s’il savait sa mort, selon des informations recoupées auprès de ses collègues, la victime est arrivée à la formation ce jour du vendredi, de tout blanc vêtu.
Malgré les analyses pertinentes allant dans le sens de mieux cerner les contours des nouvelles dispositions à prendre pour donner un meilleur sens à cette réforme, le gouvernement ivoirien s’est laissé emporter par les tapages médiatiques de certaines presses, qui ont pris fait et cause pour les objectifs visés par le ministre des Transports.
Le premier décès officiel de la réforme « Gaoussou Touré«
La nouvelle réforme du transport terrestre initié tambour battant par le ministre des Transports, Gaoussou Touré vient d’enregistrer son premier mort de manière officielle, vendredi 8 août 2014. Il s’agit de Jean-Claude Gbessi Adji, agent à la Sonatt. Il a été enterré dans la journée du samedi 9 août 2014, au cimetière de williamsville où son corps repose désormais en paix.
En formation malgré son état critique santé très avancé, et les soucis liés au non paiement des salaires des employés et agents de la société où il travaillait, Jean-Claude Gbessi Adji se compte à ce jour parmi l’une des premières victimes de la nouvelle réforme du transport terrestre.
En effet, par rapport à la nouvelle réforme lui et ces collègues de la Sonatt étaient depuis lundi 4 août 2014, en formation. Jean-Claude Gbessi Adji a rendu l’âme peu après la crise qu’il a piquée le dernier jour des cours vendredi 8 août 2014. La victime selon les témoins a piqué une crise en s’écroulant de tout son long à même le sol.
Le médecin soignant de la première clinique qui l’aurait reçu a conseillé à ses collègues de le transférer au Centre hospitalier universitaire (Chu) le proche. Malheureusement, Jean-Claude Gbessi Adji rendra l’âme avant même que le véhicule le transportant ne franchisse le portail du Chu.
Renseignement pris, il aurait succombé d’un Accident vasculaire cérébral (Avc).
Selon ses collègues, les agents et employés de la Sonatt accusent deux ans d’arriérés de gratification doublés de deux mois d’arriérés de salaires » à la fin du mois d’août« . Pis, depuis 2011, le salaire en lui-même aurait subi une diminution de 10%, « sans justification« . Telles sont entre autres les dettes que doit la Sonatt à ses employés selon les agents et employés de cette structure dissoute. On peut le dire tout net, Jean-Claude Gbessi Adji est décédé de chagrin.
Pouvait-on en arriver là si toutes les mesures avaient été prises pour accompagner cette nouvelle réforme ? La question mérite d’être posée. Tant, les employés de la Sonatt ploient sous le poids de crédits avec résiliation de l’assurance maladie.
« Le ministre des Transports devrait faire une transition souple. Laisser la Sonatt travailler afin de payer les salaires des employés. Mais, quand Gaoussou a annoncé la dissolution de la Sonatt les fournisseurs ont pris leur distance et se sont réservés le droit d’assurer les employés« , a soutenu Luc Mockey un expert du domaine des Transports.
Quant à l’Agence de gestion des transports urbains (Agetu), peu avant sa dissolution, les employés accusaient cinq mois d’arriérés de salaires, « suite au désordre cautionné dans le milieu du transport terrestre par le ministre Gaoussopu Touré« . »Il y a, surtout qu’en matière d’arbitrage pour une gestion en bonne synergie de plusieurs modes de transports, il s’agit plutôt de réaliser ce que l’on appelle l’intégration tarifaire, consistant à faire en sorte que l’usager qui prend son ticket dans l’un des modes (train urbain, autobus Sotra ou bateau-bus) puisse emprunter les deux autres, et cela constitue l’une des attributions de l’Agetu (cette structure que le ministre étouffe depuis trois ans et qui manque de tout) », a indiqué notre interlocuteur, ajoutant par ailleurs, « en plus des questions de régulation et d’organisation globale de l’ensemble des modes de transports urbains abidjanais qui lui incombent« , a soutenu l’expert pour expliquer l’aspect managérial pour le maintien de l’Agetu. « Gaoussou Touré veut faire porté le chapeau d’une faillite de l’Agetu par le responsable de cette structure pourtant, l’expertise du Directeur Général d’alors Vê Sodet n’est pas à démontrer » a coupé court Luc Mockey.
Pour la bonne application de la nouvelle réforme, l’Inspection Générale de l’Etat aurait recommandé au ministre des Transports selon des sources proches du dossier, « de laisser la Sonatt fonctionner, parce que doutant de la capacité de la société Quipux à fournir des prestations telles qu’énumérées dans le cahier de charge« .Pis, selon la même source le responsable de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) aurait signifiée « le non respect du code du marché public » concernant le choix de la société colombienne Quipux. « Les responsables ont notifiés que c’est un marché de gré à gré de 27 milliards FCFA », a soutenu notre interlocuteur.
En d’autres termes, le parcours des différents compartiments de « cette brumeuse réforme » du ministre des Transports fait ressortir que le ministre des Transports s’est posé très peu de questions, dont certaines manquent d’ailleurs d’épaisseur. Conséquence, tout porte à croire qu’il a fait une sorte de « démarche à l’envers » en choisissant d’abord ses options à lui, puis il identifie ensuite les questionnements dont lesdites options pourraient constituer selon lui les meilleures réponses aux yeux de l’opinion et du gouvernement pour un passage en force. Ce n’est que début d’une nouvelle réforme qui fera couler beaucoup d’encre et de salive.
Quipux ou retour en force du désordre
Après avoir imposé le fameux Quipux, les faits nous donnent raison dans le dossier du 16 mars 2014, à travers les colonnes de lepointsur.com intitulée : « La réforme « »bidon » de Gaoussou Touré ».
En effet, il ressortait de nos enquêtes que depuis trois ans, le ministre des Transports n’avait jamais attaqué le problème de pagaille doublé d’amateurisme dans le milieu du transport routier de front. « Ce sont des jeunes qu’il va livrer au chômage dans cette nouvelle réforme, là où l’Etat fait des mains et des pieds pour créer des emplois« , avait soutenu le président de la Coordination nationale des gares routières, Touré Adama. Plus d’un après, le constat est là, implacable.
Le Centre de gestion intégré (Cgi) sis à Treichville inauguré par le Premier ministre Daniel Kablan Ducan le 21 février 2013, dans le cadre la nouvelle réforme s’est transformé en un lieu de fraudes massives, de pagaille, d’anarchie, de vol etc. comme l’a écrit le confrère du quotidien « Soir Info » dans sa parution du samedi 9 au dimanche 10 août 2014.
Pourtant, le ministre Gaoussou Touré annonçait dans un communiqué de presse publié il y a quelques mois qu’il s’agissait de révolutionner « le secteur du transport routier qui tournera le dos au désordre, à la violence, au racket et à tous les vilains maux qui le caractérisaient, pour s’inscrire résolument dans la modernité et la transparence tout en offrant au ministère des Transports, les moyens techniques pour assurer pleinement la mission de contrôle, de suivi et de sanctions des acteurs dudit secteur « .
De sources proches du ministère des Transports on se réserve de tout commentaire. « J’ai appris sa disparition, mais concernant les problèmes lés aux arriérés de salaire et la résiliation de l’assurance je peux vous affirmer que c’est faux« , a indiqué notre interlocuteur proche du ministère des Transports qui a requit l’anonymat. « Je pense que le ministre des Transports ou des personnes mieux indiquées que moi pourront avoir des réponses mieux indiquées à vos différentes préoccupations« , s’est contenté le collaborateur de Gaoussou Touré joint par téléphone.
De ce qui précède, il apparait manifestement que les motivations du ministre Gaoussou pour fonder sa réforme relèvent en réalité de problèmes qui se règlent par de simples mesures de gestion opérationnelle à prendre, et non de réforme institutionnelle envoyant gratuitement, et cela est fort regrettable, un grand nombre d’innocentes personnes au chômage.
Pour tout dire, il s’agit d’une réforme que des professionnels du secteur des transports qualifient de « bidon », qui n’amènera que des cafouillages. Du pipo, qui ramène à des années caverneuses pour tout résumer.
Sériba Koné
Le ministre des Transports Gaoussou Touré n’a pas encore dit toute la vérité
La preuve qu’on est un grand pays : Tout un Gouvernement peut-être roulé dans la farine par l’un de ses membres. En l’occurrence le ministre des Transports. Lequel, pendant un an, et malgré les révélations de «L’Eléphant Déchaîné», a fait croire que l’attribution d’un marché de 27 milliards FCFA à la société colombienne «Quipux», s’est faite à la suite d’un transparent appel d’offres.
Il n’en est rien !
« Je démens et je démens ! »
Voilà qui donne quelques ailes supplémentaires à l’infernal quadrupède. En septembre 2013, il racontait qu’un appel d’offres organisé par le ministère et relatif au «recrutement d’un opérateur ou d’un groupement d’opérateurs pour la conception, l’installation, la formation et l’exploitation d’un système de gestion intégrée de l’ensemble des activités des transports terrestres en Côte d’Ivoire », s’était miraculeusement transformé, en cours de route, en un succulent «gré à gré».
Sans qu’aucune urgence n’explique ce miracle portant sur un marché de 27 milliards. La preuve, la convention signée depuis le 24 avril 2013 n’est toujours pas entrée en vigueur…sans doute à cause de l’urgence !
A cette époque, comme ce fut le cas avec l’ex-ministre de la Salubrité Urbaine (une autre championne des appels d’offres), les révélations de «L’Eléphant» avaient entraîné une vive protestation du ministère des Transports. Lequel avait juré, la main sur le levier de vitesse et le pied sur l’accélérateur, que ce juteux marché de 25 ans, avait été attribué à la suite d’un appel d’offres régulièrement organisé et qui avait vu le triomphe de la société colombienne, «Quipux».
Par la suite, la position du ministère sur cette question, n’a pas varié. Il s’agit bien, selon lui, d’un appel d’offres.
Le vendredi 14 mars, dans une célèbre interview diffusée dans trois quotidiens ivoiriens, y compris le quotidien gouvernemental, le ministre des Transports, Gaoussou Touré, avait réaffirmé cette forte vérité :
Question : «Monsieur le Ministre, abordons le sujet de l’appel d’offres ayant abouti à la signature de la convention avec la société QUIPUX, opérateur technique de cette réforme. Comment s’est-il déroulé ? »
Réponse de l’immense ministre : «Contrairement à certaines allégations relatives à l’attribution du marché à la société QUIPUX par une procédure de gré à gré, j’informe que la Direction des Marchés Publics (DMP) du Ministère en charge du Budget, a lancé, à la demande du Ministère des Transports, le 02 mai 2012, un appel d’offres international en vue du recrutement d’un opérateur pour la conception, l’installation, la formation et l’exploitation du système de gestion intégrée de l’ensemble des activités de transport terrestre en Côte d’Ivoire.
Sur environ vingt (20) dossiers d’appel d’offres retirés, huit (8) sociétés ont effectivement soumissionné (…) La note finale de la société QUIPUX, à l’issue des deux étapes, a été de 89/100 (offre technique 91/100 et offre financière 77/100).
La Commission a par conséquent décidé de l’attribution du marché à la société QUIPUX.
Le 24 avril 2013, les Ministres en charge des Transports et du Budget ont procédé à la signature de la Convention de Concession avec la société QUIPUX. »
Il s’agit donc d’un appel d’offres. Même si, à la date du 24 avril 2013, il n’y avait pas encore de ministère du Budget en Côte d’Ivoire. Mais ce n’est pas grave, l’essentiel est que le marché, selon le ministre, a été attribué à la suite d’un appel d’offres.
Une dizaine de jours plus tard, le mardi 25 mars 2014, le ministre s’est invité sur le plateau de l’émission «Rti reçoit» de la télévision nationale.
Là, également, la main sur le cœur et le cœur bien accroché, en fixant les téléspectateurs droit dans les yeux, il avait, répondant à une question sur les conditions plus que suspectes de l’attribution du marché à la société «Quipux », encore réaffirmé :
«Oui, bon, on peut tout dire hein, mais moi je suis serein. Parce que tout d’abord, nous avons organisé un appel d’offres en bonne et due forme, et ce n’est pas le ministère du Transport qui organise l’appel d’offres. Le 2 mai 2012, la Direction des marchés publics a organisé un appel d’offres international; et il y a 20 entreprises qui ont retiré le dossier, et sur les 20 entreprises, il y a huit qui ont soumissionné réellement. Et au niveau de ces huit entreprises, les quatre premières entreprises qui sont venues en tête, on avait ‘’Quipux’’ avec 91 points sur 100, et deuxième, on avait la société ‘’Computer’’ avec 61 points, et ensuite on avait la société ‘’Starten Technologies’’ avec 28 points, et la Société nationale du développement informatique ‘’SNDI’’, avec 21 points. Bon et ensuite, on a eu à organiser l’appel d’offres, parce que çca c’etait l’appel d’offres technique. Ensuite il y a eu l’appel d’offres financier et là encore, la société « Quipux », sur les quatre societés, il y a eu deux qui ont présenté une offre financière, et la société Quipux est venue en tête. » Ouf ! «Quipux» a donc remporté un appel d’offres organisé en bonne et due forme. Bravo!
« Je démens, puis je confirme les écrits de l’éléphant »
Les enquêteurs de l’Inspection Générale d’Etat ont dû tomber de leur fauteuil en entendant le ministre des Transports, le 25 mars, répondre à la télévision, que l’attribution du marché à «Quipux» s’est faite à la suite d’un appel d’offres régulièrement organisé.
24 heures plus tôt, le lundi 24 mars, ils avaient, dans les locaux du Ministère des Transports, interrogé, de 15 heures à 17 heures, le même ministre sur les conditions de l’attribution de ce marché et, ce dernier avait répondu : «(…) Quipux a remporté l’appel d’offres international en arrivant en tête, au niveau de l’offre technique, devant huit concurrents. Ayant été la seule entreprise à la deuxième étape à faire une offre financière, elle a été déclarée attributaire du marché. Mais l’appel d’offres a été annulé par l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics. Alors, j’ai sollicité et obtenu l’autorisation du ministre de l’Economie et des finances à l’effet de passer un marché de gré à gré avec Quipux… »
Le Ministre des Transports a donc avoué devant les Inspecteurs que c’est bien à la suite d’un processus de gré à gré que «Quipux» a , pour 25 ans, un marché de 27 milliards. Et dire qu’un expert du Bnetd, M’Bra Georges, lequel s’est retrouvé dans la délégation du Ministre Gaoussou Touré lors de son escapade en Colombie, continue de croire qu’il y a eu un appel d’offres…
Pourtant, à la suite de l’annulation de l’appel d’offres qui avait vu le triomphe obligatoire de «Quipux» en raison des conditions taillées à sa mesure selon l’ARNMP, le Ministre des Transports avait pris l’engagement d’organiser un deuxième appel d’offres en établissant des conditions plus transparentes.
Tout d’un coup, on comprend pourquoi l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics vient de recommander, selon nos sources et après enquête, l’annulation pure et simple de la convention signée entre le ministère des Transports et la société colombienne « Quipux ».
DANIEL SOVY (in L’Eléphant déchaîné N°245)