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[Entretien] Dr Taï Glaou Jean (Ex-Mairie de Duékoué) affirme sans détour : « J’ai été incompris « 


Duékoué, le 31-08-2023 (lepointsur.com) Originaire de Duékoué, capitale de la Région du Guémon, dans le District Autonome des Montagnes, le Dr Taï Glaou Jean est un économiste de formation. Il a successivement exercé les fonctions d’enseignant à l’université Claude Bernard de Lyon, à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody et à l’ENA. PCA de la GESTOCI de 2012 à 2021, il a été aussi Maire de la Commune de Duékoué, de 2013 à 2018. « Incompris et combattu au RHDP », à l’en croire dans la mise en œuvre de ses vastes projets salvateurs pour le développement de sa ville natale, malgré ses efforts constants après la crise post-électorale de 2010, dissident, il est à nouveau candidat à la Mairie de Duékoué. Ayant pour leitmotiv « paix et espoir« , sa candidature est motivée par sa volonté de faire de Duékoué, cette ville carrefour, un havre de paix, de développement durable harmonieux et de brassage culturel en Côte d’Ivoire. Dans cet entretien, tout en pointant du doigt accusateur la désunion des cadres comme un frein au développement de sa ville natale, l’ex-Maire de Duékoué est un candidat très confiant à l’élection municipale du 2 septembre prochain. Une assurance fondée sur ses projets réalisés et ceux actuellement validés par les partenaires au développement et dont leur réalisation reste inéluctablement conditionnée par sa victoire, vu le crédit qu’ils lui accordent énormément. Interview…!

Dr Taï Glaou Jean, vous semblez avoir un goût inachevé du développement durable de Duékoué, votre ville natale. D’où votre candidature à nouveau à la Mairie de Duékoué.

Ma candidature est la résultante du cri de cœur des populations cosmopolites qui peuplent la commune de Duékoué, après mon départ de la Mairie en 2018. Je crois que la population, vraie arbitre des comparaisons comprend maintenant mieux les choses. Élu en 2013, nous sortions de la crise post-électorale de 2010 et, Duékoué avait une posture chaotique, avec beaucoup d’attentes.

Quelles étaient vos priorités au sortir de la crise post-électorale de 2010?

Mes priorités étaient de pacifier cette ancienne zone de guerre en ressoudant le tissu social, en faisant revenir les meubles pour bâtir plutard les murs de la Commune dans la paix et la cohésion sociale. C’est pourquoi j’ai pris mon bâton de pélerin pour parcourir tous les villages de la Commune pour impliquer tous les leaders communautaires et leurs administrés dans ce processus de paix en vue du développement. Non sans leur demander de se défaire de leurs costumes de haine, de colère et de vengeance.

En clair, vous aviez catalysé toutes les forces vives de Duékoué autour du concept de la paix, gage de son développement durable.

Bien évidemment, j’ai fait appel à la jeunesse de tous les bords politiques, professionnels, ethniques et religieux pour tenir le même langage de paix. Bref, j’ai dû mettre tout le monde autour de Duékoué, notre terre malade. Oui, Il le fallait pour lui donner une nouvelle image positive et les résultats ont été aussi à la dimension des efforts constants que nous avions collégialement fournis. Dans ce climat de paix, nous avons récolté les installations de plusieurs banques commerciales. Cette confiance nous a poussé à réaliser des projets et à baptiser l’une des rues de Duékoué, « la rue des banques » sous mon mandat.

Citez-nous au passage quelques projets salvateurs que vous avez pu réaliser alors que vous étiez Maire de la Commune de Duékoué.

Alors Maire de Duékoué, nous avons fait du secteur de l’éducation et de la formation l’une de nos priorités. C’est pourquoi nous avons octroyé 500 bourses d’études aux élèves issus des familles de modestes conditions sociales. Grâce aux partenaires, nous avons construit 11 établissements primaires dont 4 opérationnels et 7 aux chaînages au moment de mon départ. Malheureusement ces 7 joyaux éducatifs demeurent jusqu’à ce jour non encore achevés après notre départ de la Mairie. Sur le plan professionnel, nous avions permis à 250 jeunes dont l’âge varie entre 18 à 35 d’avoir un permis de conduire en raison de 80 mille par personne, après leurs échecs dans le cursus scolaire.

En outre, sur le plan sanitaire, souscrivant à la volonté populaire, nous avons construit une maternité d’un coût total de 57 millions pour désengorger le CHR de Duékoué et réduire les souffrances des femmes lors des accouchements. A petit Duékoué, nous avons construit un centre de santé et réhabiliter le centre de santé de Fengolo. Sous notre mandature, les malades du diabète bénéficiaient d’une prise en charge parfois financée sur fonds propres.

Au plan social, nous avons offert des vivres et non vivres aux communautés religieuses (3 millions aux musulmans et un million à la Mission Catholique pour atténuer ses charges au niveau du centre de formation CEPAR). Lors des différentes fêtes, nous remettions des jouets aux enfants et des complets de pagnes aux guides religieux afin de les remettre aux personnes vulnérables de leurs communautés.

Au plan culturel, en plus de participer à l’émission Wozo vacances, à travers le festival « Adjanvonhi« , nous avons fait la promotion de notre culture axée autour du Gla et du Kwi et, celle des autres communautés allogènes et allochtones qui vivent avec nous. Ainsi, du premier au huit décembre de chaque année, Duékoué était animée par des prestations artistiques, des compétitions de lutte traditionnelle et des faits historiques significatifs pour montrer le poids et la valeur des alliances interethniques dans la société africaine. Ce, pour égayer sainement les populations, les pieds dans la tradition, dans cette zone qui a connu les affres de la violente crise post-électorale de 2010. Au-delà du festif, nous permettions aux opérateurs économiques d’améliorer leurs recettes et par ricochet celles de la Mairie en organisant concomitamment des foires commerciales.

En plus des projets réalisés, certains de vos projets sont restés en souffrances. Lesquels ?

Nous avions négocié et obtenu d’un puissant opérateur économique exerçant dans la Commune de Duékoué, la construction d’un deuxième lycée sur un espace de 4 ha, vu le surpeuplement des classes (115 élèves par classe) au lycée moderne. Au quartier Kôkôman, nous devions construire un marché moderne de 3 milliards. Nous avons fait la pose de la première pierre de la construction d’une université bilingue avec le préfet Sory Sangaré. D’un coût total de 27 milliards, cette université sera construite par des partenaires américains. Nous avons débuté le projet de lutte contre l’incivisme routier en achetant 10 feux tricolores à 185 millions dont 5 ont été installés. A cette époque, Daloa en avait que 3, Man 4 et Guiglo 4. Malheureusement, ces feux fonctionnent à peine, augmentant ainsi drastiquement le nombre d’accidents sur nos routes. Enfin, voulant doter la Commune d’un orchestre, nous avons investi 6 millions pour l’achat du matériel et ce projet est resté lettre morte après notre départ de la Mairie.

Quels projets vous tiennent tant à cœur ces dernières années ?

Tout en continuant et améliorant les projets ci-dessus, si nous sommes élus au soir du 2 septembre 2023 en qualité de Maire de la Commune de Duékoué, nous construirons une gare routière internationale et un marché de gros comme à Bouaké sur 10 ha et feront des rues des quartiers chics en système pavé. En outre, nous nous attaquerons à la question de l’insalubrité (ramassage régulier des ordures ménagères et la construction d’un nouvel abattoir sur l’axe Blody-Toa-zéo) pour booter hors de la Commune de Duékoué, les maladies hydriques.

Qu’est-ce qui a donc milité en votre défaveur puis en dépit de toutes ces réalisations, la population ne vous a pas renouvelé sa confiance ?

J’ai été purement et simplement incompris. Nous sortions de la crise et les attentes des populations étaient très énormes. En outre, il y avait beaucoup d’ antagonismes dans mon parti politique, le RHDP. C’est pourquoi les populations ont été roulées dans la farine. Aujourd’hui, je reviens pour occuper les devant de la scène municipale parce que, mécontent du choix du candidat de mon parti. Je suis dissident et non indépendant.

Quelle dichotomie faites-vous entre dissidence et indépendance en politique ?

Un indépendant est libre de tout opinion. Il n’est adossé à aucun parti politique. Tandis qu’un dissident appartient à une chapelle politique dont il réfute certaines prises de décisions.

Bientôt le vote. Un dernier message aux populations de la Commune de Duékoué.

Nous demandons aux populations de la Commune de Duékoué de ne pas voter des hommes mais plutôt des programmes de développement local. Le développement local, durable n’ayant pas de couleur politique, nous leur demandons de faire un choix judicieux car si la ville de Duékoué qui est un carrefour incontournable est ensoleillée, c’est la Côte d’Ivoire, le District Autonome des Montagnes et le Guémon qui gagneront. Nous persistons et incitons sur le choix du bonheur et de la paix, comme l’indique notre slogan de campagne « paix et espoir« .

Propos recueillis et retranscrits par Laine Gonkanou, Correspondant Régional

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