Presse en CI/Anassé Anassé (journaliste) s’est suicidé, mercredi-Lire sa dernière interview


Terrassé par un toxoplasmo-cérébrale qui l’a éloigné de sa passion pour le métier de journalisme, Anassé Anassé Bertin a rangé définitivement sa plume, depuis le mercredi 8 octobre 2014. Marre de traîner une telle maladie, loin de la chaleur des réunions de rédaction et des confrères le confrère s’est donné la mort.

Encore une autre disparition dans la grande famille de la presse ivoirienne. Et pourtant, lors d’une interview qu’il a accordée au journal en ligne www.lepointsur.com, ce journaliste émérite gardait le secret espoir de réintégrer la corporation. Que s’est-il passé? En attendant d’avoir tous les détails sur cette disparition tragique, il laisse ainsi derrière lui, une femme et quatre enfants inconsolables. Voici l’une des dernières sorties de Anassé Anassé, le 3 mai 2014. La direction de Lepointsur présente ses sincères condoléances à la famille éplorée.

Opportune Bath

L’intégralité de son entretien avec wwwlepointsur.com,quelques mois avant sa mort.

Interview/Anassé Anassé (Anciennement journaliste au quotidien l’Inter) : « J’ai besoin d’aide pour recouvrer la santé. »

Journaliste depuis une dizaine d’année, Anassé Anassé Bertin a fait ses premiers pas dans les médias dans les années 2000. Précisément à radio Jam ; ensuite dans plusieurs quotidiens. Notamment ‘’Le Temps’’, le ‘’Courrier d’Abidjan’’, ‘’Fraternité Matin’’.Très mordu des Lettres, il sera par la suite assistant en Communication chargé des médias pendant deux ans. Après la crise postélectorale, il bifurquera au quotidien ‘’Aujourd’hui’’ pour finalement se retrouver à‘’ l’Inter’’. Mais à peine a-t-il commencé sa carrière de journaliste dans ce canard que ce travailleur chevronné est terrassé par un mal pernicieux. Au quartier Maroc, dans la commune de Yopougon, où il vit avec sa sœur, le passionné de la plume demande l’aide et le soutien financier de bonnes volontés pour recouvrer la guérison. Entretien…

Tu es venu au métier de journaliste par passion ?

Anassé 1(Il répond avec enthousiasme) Oui c’est vraiment par passion que je suis venu à ce métier. D’abord, il faut dire que j’ai une formation de juriste à la base. J’ai fait le droit à l’Université d’Abidjan. Mais depuis tout-petit, j’ai toujours rêvé du métier de journaliste. A preuve, j’achetais des journaux avec mon argent de poche plutôt que d’acheter du pain ou de l’attiéké. Mes amis de la FAC me le reprochaient souvent. Ils ne comprenaient pas pourquoi je mettais de l’argent dans les journaux. Ils disaient même « Toi, c’est journal qui va te nourrir. »

De quoi souffre Anassé exactement ?

Les médecins disent que j’ai fait une toxoplasmo-cérébrale. Selon leurs explications, j’ai un abcès dans le cerveau qui a éclaté. Ce qui a touché le système nerveux périphérique et provoquer une paralysie du côté gauche. Mais heureusement, le système nerveux central a été épargné.

Les patrons du quotidien ‘’L’Inter’’ ont-ils réagi depuis que tu es dans cet état?

Oui,’’ l’Inter’’ s’est très-bien occupé de moi. J’étais assuré. C’est ma grande sœur qui m’a envoyé dans une grande clinique de la place où j’y ai été interné. J’ai même été dans un coma de trois semaines. Et des personnalités de ce pays me sont venues en aide. Notamment le ministre Lobognon qui a pris en charge une partie de mes soins. Je profite de votre site pour lui dire merci du fond du cœur.J’ai besoin de soutien financier pour entreprendre une activité génératrice de revenus.

Qu’en est-il alors pour le métier de journalisme. Etes-vous prêt à reprendre la plume ?

En tout cas, si je retrouve la plénitude de mes moyens physiques. Parce que sur le plan intellectuel je pense bien que je n’ai pas de soucis. Dieu merci j’ai un ordinateur et la connexion internet chez moi à la maison. J’essaie donc de m’exercer de temps en temps. Le seul problème, c’est la plénitude de mes moyens physiques. Si je la retrouve, il n’ya pas problème, la presse c’est une passion pour moi. Mais ce n’est pas tout à fait évident parce que cela fait un an et demi que je ne travaille pas. Je ne sais si l’entreprise dans laquelle que travaillais avant la maladie pourra m’accepter voilà pourquoi j’ai besoin de soutien financier pour me lancer dans une activité. Pour la prochaine rentrée scolaire, afin de m’occuper de mes enfants. Puisque je ne vais pas toujours tendre la main ou attendre la providence. C’est un cri de cœur que je lance.

Vous clamiez être oublié des nouvelles instances de l’Unjci

J’ai cité tous ceux qui m’ont aidé sans toutefois mentionner l’Unjci. C’est une omission. L’Unjci m’a beaucoup aidé ; surtout quand le président Touré Moussa était à la tête de l’Unjci. C’est-à-dire avant que notre organisation ne connaisse cette situation. Il est toujours venu me voir à mon domicile et a dégagé des moyens chaque fin de mois pour moi. Il l’a fait jusqu’à ce qu’il soit sanctionné par le Conseil national de la presse. Je ne sais pas si les nouvelles instances de l’Unjci sont vraiment bien informées de la situation que je vis. Sinon je n’ai reçu aucune aide encore moins de visite depuis qu’elles sont là.

Et les confrères ?

Pour être honnête, la corporation ne m’a pas laissé tomber. Dieu merci, j’ai un bon commerce avec tout le monde. Les aînés ont réagi. Il ya le directeur de l’Istc, Alfred Dan Moussa, Agnès Kraidy ex- rédacteur en chef à Fraternité matin, Méité Sindou actuellement au secrétariat national à la gouvernance, Touré Moussa, le conseiller en Communication du Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro qui est passé me voir, Mme N’guessan du Fonds de développement et de soutien à la presse qui m’a fait parvenir une enveloppe. La liste n’est pas exhaustive ; des amis de l’extérieur me sont également venus en aide. Par exemple le patron du site Connexion Ivoirienne.Net s’est déplacé de la Hollande pour venir me voir. J’ai également mon oncle, Préfet de région qui m’est également venu en aide. Et il continue de m’assister. Chaque fin de mois il dégage une enveloppe pour moi. Mais il se trouve que toutes ces aides ont été englouties dans mes soins. Parce qu’ils me revenaient en moyenne à 200. 000 FCFA par mois. Il me fallait faire une rééducation à domicile. Il fallait aussi faire venir un kiné à domicile parce que j’étais totalement paralysé pendant 10 mois. Ça me revenait à 10 000 FCFA la séance. Après une cinquantaine de séances, j’ai dépensé en tout près de 2,5 millions de FCFA plus 600 000 pour mes soins hors hôpital. J’ai suivi aussi des traitements à l’indigénat et participé à des séances de prières. Durant les sept mois de paralysie, c’est ma sœur aînée qui s’occupait de moi. Elle me mettait la nourriture à la bouche, elle me lavait, me transportait. J’étais comme un bébé.

Comment Anassé se porte-t-il aujourd’hui ?

Sur le plan de la santé en général, je me sens bien dans mon corps, je me sens bien dans ma tête. Le seul problème que j’ai, c’est au niveau de mes membres supérieurs et inférieurs gauches. Je n’arrive pas à plier mon genou gauche quand je marche. J’ai aussi des problèmes au niveau de mon épaule gauche. C’est un peu comme si mon épaule gauche est déboîtée par la maladie. Mes médecins m’ont conseillé de faire une double opération aussi bien au niveau de l’épaule et de mon genou. C’est la difficulté majeure que j’ai en ce moment. Me déplacer sans la canne, c’est mon souhait le plus ardent.

Votre état a-t-il eu un impact sur votre vie de couple ?

(La tristesse se lit sur son visage. Il répond presque la gorge nouée…). Oui ma famille s’est disloquée. Etre séparé de sa femme, de son partenaire pendant un an et demi, ce n’est pas du tout facile. Madame vient me rendre visite chaque semaine. Elle continue de m’assister comme elle le peut. Je prie Dieu pour ne pas que ma famille se disloque totalement ; que je guérisse très bientôt pour que ma famille et moi puissions nous retrouver. Depuis un an et demi, je suis chez ma grande sœur qui a abandonné ses activités commerciales pour s’occuper de moi. Elle est mariée et son époux se trouve à l’intérieur dans le cadre de sa profession. Je voudrais le remercier au passage. C’est lui qui m’a offert gîte et couvert. Ma sœur étant sans ressources, nous vivons tous du salaire de son mari.

Ton mot de fin

Je lance un appel à toute la Côte d’Ivoire. Je veux dire les Ivoiriens et même ceux de la diaspora. Je souhaite qu’ils me viennent en aide. J’ai besoin d’une prise en charge médicale pour ma rééducation. On m’a fait savoir que des pays africains ou occidentaux ont l’expertise pour me permettre de recouvrer la santé. C’est un cri de détresse que je lance surtout pour l’avenir de mes quatre enfants. Parce qu’ils sont en bas âge. Ma première fille est âgée de 15 ans, le dernier n’a que 2 ans. Je ne voudrais vraiment pas les laisser comme cela.

Réalisée par Opportune BATH

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