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[Présidentielle 2025] Alassane Ouattara entretient le flou sur un 4e mandat contesté


Lors d’un rassemblement au stade d’Ebimpé, ce dimanche 22 juin 2025, à l’occasion du 2ᵉ congrès ordinaire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le président Alassane Ouattara a exprimé des hésitations quant à sa candidature à l’élection présidentielle de 2025.

Abidjan, le 22 juin 2025 (lepointsur.com) — C’est au stade qui porte son nom, devant un public trié sur le volet, que le président ivoirien Alassane Ouattara a semé le doute : « Je ne suis pas encore prêt à être candidat », a-t-il lancé, avant de préciser qu’il souhaite « encore réfléchir ». Une déclaration ambivalente qui rappelle une mise en scène politique déjà éprouvée : celle d’un refus de principe avant une candidature imposée.

Cette stratégie de flou calculé, Ouattara l’avait déjà employée en 2020. Après avoir affirmé qu’il ne se représenterait pas, il avait finalement annoncé sa candidature, invoquant des circonstances exceptionnelles. Cette fois encore, l’opinion publique soupçonne une manœuvre orchestrée, destinée à créer l’illusion d’une décision attendue ou réclamée par les bases du RHDP.

Mais le climat sociopolitique a changé. Ce qui pouvait passer en 2020 ne semble plus audible en 2025. La lassitude est palpable, l’économie souffre, le chômage progresse, et les tensions sociales persistent. Dans les quartiers populaires comme dans les cercles intellectuels, le mot d’ordre est le même : non à un quatrième mandat.

Des pancartes anonymes circulent, des messages viraux s’échangent sur les réseaux sociaux, tous criant à l’overdose d’un pouvoir jugé autoritaire et déconnecté des réalités. Le quatrième mandat apparaît pour beaucoup comme une provocation institutionnelle, dans un pays qui aspire à tourner la page de la personnalisation du pouvoir.

Face à ce flou présidentiel, les forces politiques de l’opposition, longtemps divisées, semblent enfin accorder leurs violons. Le rapprochement stratégique entre le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI d’Henri Konan Bédié, aujourd’hui incarné par des figures montantes, redessine la carte politique ivoirienne. L’idée d’un front commun fait son chemin. Objectif : empêcher une reconduction controversée du président sortant.

Cette dynamique ouvre la voie à une confrontation politique inédite depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011. Le terrain semble prêt pour une élection disputée, mais surtout, pour une mobilisation populaire exigeant une véritable alternance démocratique.

Alassane Ouattara peut encore tergiverser, mais la société ivoirienne n’est plus dupe. Son double discours ne fait qu’amplifier les doutes et nourrir la contestation. En 2025, l’heure n’est plus aux promesses dilatoires, mais à des actes forts, respectueux de la Constitution et des aspirations du peuple. L’Histoire retiendra si le président choisit la sortie honorable ou s’il persiste à jouer la montre au risque d’aggraver la fracture nationale.

Médard KOFFI 

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