Culture

[Présentation de « Clitoricide » et « Péril Létal »] Le double cri littéraire de Chérif Ousmane Abdoulatif contre les drames silencieux de la société ivoirienne


À Abidjan, l’auteur Chérif Ousmane Abdoulatif a présenté ses ouvrages Clitoricide et Péril Létal, deux dénonciations poignantes contre l’excision clandestine et l’immigration illégale. Un double cri littéraire pour éveiller les consciences.

Abidjan, le 20 juillet 2025 (lepointsur.com) – Dans l’enceinte feutrée de la librairie du Carrefour Saint-Jean, la littérature a pris des allures de manifeste. L’écrivain et enseignant Chérif Ousmane Abdoulatif y a présenté ses deux derniers ouvrages, Clitoricide et Péril Létal, lors d’une double dédicace à forte portée sociale. Deux récits, deux fléaux, mais un seul objectif : éveiller les consciences face aux drames silencieux qui gangrènent la société ivoirienne.

Dans Clitoricide, l’auteur aborde de manière frontale le drame de l’excision clandestine. Avec une écriture percutante, il dénonce une pratique toujours répandue malgré son interdiction légale. Derrière ce livre de 120 pages se cache une tragédie personnelle : la mort de sa nièce, excisée en secret à l’âge de quatre mois. « Une seule fille excisée, c’est déjà une de trop », déplore-t-il, la voix chargée d’émotion.

Le terme « Clitoricide », forgé par l’auteur à partir de « clitoris » et du suffixe « –cide » (tuer), se veut volontairement choquant. C’est une alarme lancée contre les mutilations perpétrées au nom de traditions. Chérif Ousmane Abdoulatif exhorte à rompre le silence, à protéger les jeunes filles et à reconnaître l’excision comme un acte destructeur, qu’il qualifie de « poison pour la femme ».

Son second ouvrage de 144 pages, Péril Létal, transporte le lecteur dans les méandres de l’immigration clandestine. À travers les récits de jeunes Africains prêts à risquer leur vie pour un rêve occidental souvent illusoire, il met en lumière une autre tragédie contemporaine. « Ce sont des cercueils flottants sur lesquels embarquent nos frères », affirme-t-il. L’auteur y lance un appel aux jeunes : rester, entreprendre et croire en leur pays, plutôt que de mourir dans l’anonymat d’un désert ou d’une mer.

Péril Létal est à la fois un hommage aux disparus et une mise en garde. Il appelle à une mobilisation collective : familles, institutions et État, pour offrir aux jeunes des perspectives concrètes et éviter le sacrifice d’une génération.

Au fil des échanges, l’auteur a rappelé que sa plume s’enracine dans les réalités sociales. « La littérature ne doit pas être étrangère aux douleurs du peuple », soutient-il. Professeur le jour, écrivain la nuit, il puise dans les drames du quotidien la matière d’un engagement littéraire sans concession.

La soirée s’est conclue dans une ambiance chaleureuse, marquée par les échanges nourris avec un public touché par la sincérité et la force de son témoignage. Avec Clitoricide et Péril Létal, Chérif Ousmane Abdoulatif confirme le rôle essentiel de la littérature comme outil de conscientisation, dans une société où trop de douleurs demeurent étouffées.

Médard KOFFI 

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