Point de Vue

Premier ministre, ministres, DG… tous des « suiveurs  » d’Alassane Ouattara


Sériba Koné, rédacteur en chef Central

Sériba Koné, rédacteur en chef Central

« L’Afrique a besoin d’institutions fortes, mais pas d’hommes forts », déclarait Barack Obama, lors d’une visite en Afrique, au Ghana, pendant son premier mandat. Le Président du Faso, Blaise  Compaoré, soutient plutôt le contraire : « Il n’y a pas d’institutions fortes, s’il n’y a pas d’hommes forts pour poser les jalons de ces institutions, dans la durée.»

L’un dans l’autre, le pouvoir du Président des Ivoiriens, Alassane Ouattara, cherche ses repères. Le père des institutions ivoiriennes étonne et alimente les conversations dans les foyers, les bus, et même « dans les entrée-coucher»  des Sicobois (quartiers précaires construits en bois) des différents quartiers, villes, villages et leurs périphéries précaires d’Abidjan. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est ce que la presse qualifie de « l’affaire des 400 millions Fcfa » aux  assemblées annuelles du FMI et de la BAD Etats-Unis d’Amérique.

L’affaire est grave, très grave, à quelques mois des cruciales élections présidentielles de 2015, (à condition que la date soit  respectée). C’est aussi le lieu d’encourager le Président des Ivoiriens, Alassane Ouattara qui commence à comprendre que ce qui était écrit sur les Présidents Bédié, Guéï et Gbagbo concernant la gestion des affaires de l’Etat par des journaux de l’opposition de l’époque qui lui sont pour la majorité proches aujourd’hui, était la réalité. Ils ont assumé, en tant que garants des institutions de la République et à la fin, ils ont été comptables des faits.

Le peuple ne connaît ni les Premiers ministres, ni  les ministres encore moins les Directeurs Généraux (DG) qui ont été nommés par décret, le seul comptable c’est le Président de la République dont la seule signature compte.

Cela est su de tous ceux qui dirigent depuis le sommet. Raison pour laquelle Obama parle d’institutions fortes. A un moment donné de la prise et de l’exercice du pouvoir, il faut prendre des décisions courageuses, surtout après quatre ans au pouvoir. Il est inacceptable que des ministres, ou, des directeurs généraux et des élus pour seul projet de société l’utilisation de votre nom utilisent  l’argent du contribuable pour se la couler douce au moment où le peuple crie misère et famine.

Le citoyen lambda ose espérer que le service de communication du Président Alassane Ouattara ne prépare pas l’esprit de son peuple au changement à la tête de la Primature. En tant que Premier ministre  de feu Félix Houphouët-Boigny, vous n’aviez aucun état d’âme à révoquer et virer des ministres, des Directeurs Généraux, centraux. Vous avez imposé au père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne à respecter les règles de fonctionnement des institutions républicaines et surtout à contraindre le peuple à payer ses  impôts. Voici des décisions sur lesquelles le peuple vous attend. Sinon faire couler Daniel Kablan Duncan, actuel Premier-Ministre, pour une affaire de 400 millions FCFA, en faisant couler beaucoup d’encre et de salive dans la presse, serait une goutte d’eau dans la mer.

Des têtes doivent tomber, nous en sommes conscients, mais pas n’importe lesquelles. Le peuple attend qu’après le débarquement de Lucien Kouassi Oka, le Directeur des Affaires Administratives et Financières de la Primature (Cabinet du Premier Ministre), de ses fonctions le 3 octobre 2014, tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire puissent le suivre. Il faut que la vérité éclate et que les responsabilités soient situées. Soit, par la mise en place d’une commission parlementaire qui établira les responsabilités des uns et des autres. Si les faits sont avérés, cette commission portera plainte devant les tribunaux. Cela n’exclut pas que le Procureur de la République ou le Parquet se saisisse de l’affaire pour mener des investigations et situer les responsabilités.

A commencer par le Premier ministre, ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, Daniel Kablan Duncan. De certains des ministres bien connus du sillage du Président de la République et maintes fois dénoncés par presse interposée de l’utilisation abusive des biens du peuple, en commençant  par tous les ministres qui étaient de cette délégation.

C’est vrai qu’il y a des jeunes loups aux dents longues qui sont dans le  starting-block comme l’actuel Secrétaire général adjoint de la Présidence, Thierry Tanoh économiste et expert-comptable ivoirien, ancien de la banque mondiale et surtout de sa filiale la SFI (Société Financière Internationale) qui est depuis le 12 septembre 2014, Secrétaire général adjoint de la Présidence ; avec un autre citoyen ivoirien en la personne de Philippe Serey-Eiffel, ingénieur en Génie Civil, sorti de la prestigieuse Ecole Polytechnique de Paris. Mais, il faut savoir faire la passation. Ne pas remercier Daniel Kablan Duncan comme un bon à rien.  Daniel Kablan Duncan n’a pas démérité. Surement qu’il commence par être dépassé par les événements. Il est temps de passer la main à des jeunes hyper compétents aux dents longues, mais avec la manière.

Le mal est profond. Les journalistes ont maintes fois dénoncé des détournements, seul les DAAF ont payé les frais là où le peuple attend que la tête tombe. Surement qu’en Côte d’Ivoire c’est le DAAF qui ordonne les dépenses donc, il doit payer cash. Le DAAF n’est-il pas sous l’autorité du Premier Ministre, du Ministre technique concerné en charge de son département ? Si oui, alors, pourquoi la seule responsabilité du DAAF est engagée quand les ministres sont pris la main dans le sac ? C’est inique et injuste de vouloir punir seulement les DAAF, en laissant les ministres continuer la gabegie et l’hémorragie financières de nos ressources publiques.

La presse a dénoncé des détournements au sein de plusieurs ministères sans que le Président de la République ne lève le petit doigt.

Aujourd’hui, il s’agit des assistantes bombardées au service Communication, ensuite érigée en Assistantes techniques, sans qu’elles ne soient capables de rédiger un plan de communication, et laissant d’autres personnes plus outillées, faire leur boulot à leur place, sans que ces dernières bénéficient du fruit de leur compétence. Si la présidence a besoin du sang neuf à la primature, il ne faut pas se focaliser sur Daniel Kablan Duncan. Ce sont tous les ministres qui forment son gouvernement qui doivent couler avec le Premier ministre parce qu’il n’y a pas d’hommes forts pour poser les jalons, dans la durée.

Vous avez juré et crié à la face du monde, que vous serez « un Président juste, garant des intérêts de la Côte-d’Ivoire« . Vous avez dit devant les écrans de télévision du monde entier, lors du fameux Forum de Réconciliation Nationale organisé par l’ex-chef de l’Etat Gbagbo Laurent, et je cite: «  J’ai construit et bâtit ma vie et ma carrière sur mon honneur et mon intégrité ». Nous osons croire que cela reflète sur vos ministres, Directeurs Généraux qui sont le miroir de la Côte d’Ivoire. Vous avez promis au peuple ivoirien ceci : «  Il n’y’aura pas d’impunité en Côte-d’Ivoire ». Les Ivoiriens vous suivent et vous observent.

Sériba Koné

kone.seriba67@gmail.com

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