Port-Bouët/Menacés de déguerpissement : Les riverains d’Anani-Amamou haussent le ton et s’en remettent à la justice #Conflitfoncier
CIV-lepointsur.com (Abidjan, 28-12-2015) Les riverains des quartiers Ananai et Amamou dans la commune de Port-Bouët ne sont pas contentes. Mais alors là, pas du tout. Ils l’ont fait savoir le samedi 19 décembre 2015, au cours d’une conférence de presse. Selon le président de l’Association des habitants de ces deux quartiers, « nous sommes installés ici depuis l’indépendance ».
Une installation qui, selon Konaté Idrissa, remonte au déclassement de la forêt classée d’Abouabou en 1955 par le ministère des Eaux et forêts. Poursuivant, il a indiqué que des intérêts obscurs seraient à la base de la menace de déguerpissement qui plane sur eux. En l’occurrence, le rachat d’une partie du quartier d’Anani par la Société ABTP. Joint au téléphone, Ouédraogo Ousmane le Directeur Général de ladite société n’a pas réfuté l’information.
Bien au contraire, celui-ci a insisté pour dire que le contentieux est en voie de règlement au ministère de la Construction et à la justice. Qu’à cela ne tienne. Présent lors de la conférence de presse, le secrétaire particulier du chef du village de Mafibley II a confirmé que c’est son village, propriétaire terrien, qui a donné la permission aux différentes populations de s’installer depuis des lurettes à Anani et Amamou. Selon Traoré Lassinan, en effet, certains ressortissants dont l’âge avoisine la soixantaine sont nés dans ces différents quartiers.
« C’est Mafibley II qui vous a installés. Vous ne bougerez pas tant que nous ne le souhaitons pas. Nous avons un droit coutumier sur l’espace que vous occupez. Pour l’heure, tous les documents que nous détenons prouvent que le village de Mafibley II est bel et bien propriétaire du site occupé par les quartiers Anani et Amamou », a-t-il coupé court.
Un projet de l’Etat, l’argument mis en avant
Au cours de la rencontre des populations avec les journalistes, les populations des différents quartiers sont plusieurs fois revenus sur les raisons évoquées par les autorités municipales qui leur demandent de déguerpir. Il s’agirait selon elles, de vider les lieux pour faire place à un projet de l’Etat. Cependant, lorsqu’il s’agit du nom du projet, c’est un silence radio qui fait suite aux interrogations.
Aussi curieux que peut paraître ce justificatif, c’est que le 11 décembre 2015, en visite à Anani-Amamou, le Premier-ministre qui, généralement est la cheville ouvrière de tous les projets de l’Etat n’en fait pas cas. Bien au contraire, Daniel Kablan Duncan informe plutôt les riverains de la réalisation d’une clôture grillagée sur la voie express qui partirait de l’aéroport jusqu’au carrefour d’Anani pour protéger les résidents. Ce qui veut dire qu’il est bien au courant de l’existence des populations de ces quartiers. Selon le président de l’Association des habitants d’Anani-Amamou, en fait de projet de l’Etat de Côte d’Ivoire, il n’en est rien. D’autant que si c’était effectivement le cas, les habitants seraient les premiers informés.
Le ministère de la Construction indexé
Ce qui paraît surprenant dans cette affaire, c’est le silence plat des services du ministère de la Construction avec lesquels nous avons essayé d’entrer en contact. Sous le prétexte d’un rendez-vous au palais présidentiel, le responsable de la communication de ce département ministériel s’est dérobé au rendez-vous pris avec lui à son bureau au Plateau le mercredi 23 décembre 2015. Et pourtant, dans cette affaire où les habitants d’Anani-Amamou ont décidé de ne pas se laisser faire, le ministère de la Construction est régulièrement indexé. Selon le président de l’Association des habitants de ces deux localités, en effet, ce département aurait, par le biais de la mairie de Port-Bouët, initié une enquête de commodo et d’incommodo, au fin d’octroyer une Acd (Autorisation de concession définitive) à un tiers au détriment des milliers de personnes installées à Anani-Amamou depuis belles lurettes.
Idrissa Konaté
Légende Photo Une : Sanogo Mamadou, ministre de la Construction.