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Papa Wemba, dernier rappel


S’il ne comble pas le vide qu’a laissé la disparition de la star congolaise Papa Wemba, survenue en plein concert à Abidjan il y a six mois, l’album Forever – De génération en génération dévoile les ultimes chansons de ce pilier de la musique africaine. Revue de détail.

C’est dans la nature même des albums posthumes : on ne les écoute pas de la même façon que le reste de la discographie de l’artiste concerné. Forever – De génération en génération ne déroge pas à la règle, avec ce titre qui d’emblée, confère au projet une dimension singulière et veut l’inscrire dans le temps.

La tentation est grande d’y voir une sorte de testament musical, ce qui s’avérerait forcément réducteur, mais ferait néanmoins sens. Car la dizaine de morceaux de l’album donne un aperçu authentique des différentes facettes artistiques de Papa Wemba. « Cette figure du génie musical fut aussi un alchimiste ouvrant de nouvelles voies d’expression à l’Afrique », rappelle Claudy Siar dans le livret du CD.

Entre des chansons comme Chacun pour soi et Baila, le contraste est stupéfiant. La première prend une direction « afropop » très contemporaine, fruit d’une collaboration entamée peu avant le décès du chanteur avec le compositeur-producteur d’origine congolaise Dany Synthé, machine à tubes particulièrement prolifique (Maitre Gim’s, Black M, Zaho…).

La seconde, sur laquelle la voix de Papa Wemba est seulement accompagnée par la guitare de Toninho Do Carmo, voyage dans le monde latin, entre Brésil et Espagne. Les registres sont multiples : mandingue avec le Guinéen Sekouba Bambino sur Azanga, tandis qu’un orchestre à cordes et une chorale de Kinshasa s’emparent d’Union. Proviendraient-elles de la version « world » de l’album Notre père, annoncé dès 2010, mais jamais commercialisé ?

Le côté composite, sinon hétéroclite de l’album découle des multiples dossiers en cours sur lesquels la star de la rumba et du soukouss avançait parallèlement. L’idée était aussi de transmettre le témoin. Par exemple à Nathalie Makoma, qui avait déjà partagé le micro avec Papa Wemba dans le passé et revient ici sur Ingratitude (avec la Camerounaise Charlotte Dipanda dans les chœurs).

Déjà avec Kaka Yo, en 2008, il s’était engagé dans cette démarche, en laissant ceux qu’il avait repérés jouer les rôles essentiels sur son CD, se contentant d’être le parrain. Et à travers Maitre d’école, en 2014, il soulignait sa fonction de formateur de jeunes talents au fil des décennies. Nul doute qu’ils seront nombreux à revendiquer une part de cet héritage artistique.

Papa Wemba Forever de génération en génération (Cantos) 2016

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