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Paludisme: l’ennemi invisible toujours présent


L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que le paludisme provoque plus d’un demi-million de décès chaque année, principalement des enfants africains. La saison de l’hivernage qui va de mai à octobre est propice à certaines pathologies comme le paludisme, à cause des eaux stagnantes. Et c’est au mois d’août que l’on observe le maximum de pluies en Afrique de l’Ouest.

  • Prévention et accès gratuits aux soins, les préceptes de la lutte en Côte d’Ivoire

Dans la banlieue d’Abidjan, à Abobo, entre deux vaccinations de nouveau-nés, les médecins du dispensaire de l’ONG Asapsu consultent bon nombre de patients porteurs présumés d’unpaludisme en cette saison des pluies. La proximité de dispensaires dans les quartiers excentrés est l’un des facteurs importants dans la lutte contre la maladie. Guy Nicaise, 20 ans, est atteint d’un palu. « Ce centre vient à point nommé parce qu’il nous permet de ne pas nous déplacer trop, d’éviter de faire trop d’efforts pour nous rendre à l’hôpital, explique-t-il. Donc je trouve que cet établissement-là nous aide beaucoup. »

Avec la multiplication des dispensaires de quartier ou de brousse, les diagnostics sont plus rapides et la maladie mieux prise en charge. « En termes de coût, la consultation et les intrants mis à disposition sont gratuits pour la plupart des cas, précise Salvador Feh Gondo, médecin au centre médical d’Abobo. Ça veut dire que pour la prise en charge en matière de paludisme, il y a des efforts qui sont faits pour que la maladie régresse et que les cas qui sont diagnostiqués puissent être traités correctement selon des normes et procédures en vigueur. »

Résultat, le paludisme chez les personnes les plus sensibles, à savoir les femmes enceinteset les enfants de moins de cinq ans, régresse légèrement. « Dans les cas de paludisme chez les enfants de moins de cinq ans, le taux est passé de 295 pour 1 000 en 2013 à 280 en 2014,souligne le Dr Mamadou Silué, représentant du Programme national de lutte contre le paludisme. On a réduit le nombre de cas graves. »

Reste que le meilleur moyen de lutter contre le palu est encore la prévention. En 2011 puis 2014 de vastes programmes de distribution gratuite de moustiquaires ont été mis en place dans le pays. Treize millions de moustiquaires ont été distribuées en 2014.

  • « Avec les maladies infectieuses, c’est la gestion sociale qui prime »

A cette époque verdoyante d’hivernage, dans de nombreux pays, les centres de santé accueillent des populations souffrant de fièvre, de fatigue, de courbatures et ce jusqu’au mois d’octobre. Des symptômes qui peuvent notamment cacher un paludisme.

Pour Valérie Chansigaud, docteur en sciences de l’environnement et historienne, le problème réside dans la façon d’aborder cette pathologie. « Dans le cas des maladies infectieuses, c’est toujours la gestion sociale qui prime, ce n’est pas la gestion médicale au sens strict, analyse-t-elle. En Afrique de l’Ouest, on a fait des programmes reposant sur la participation notamment des femmes dans les villages et qui aboutissent à quasiment la disparition de fait de l’incidence du paludisme. C’est lié à une caractéristique du paludisme : celle d’être un ménage à trois entre un agent infectieux, Plasmodium, l’être humain, et l’insecte vecteur qui est super important parce que c’est l’hôte principal. Nous on est juste le buffet duPlasmodium parce que la reproduction sexuée se fait dans le moustique, donc lorsqu’il y a une absence de reproduction du moustique, effectivement, il y a moins de palu. »

Parmi les moyens de prévention qui restent efficaces, il y a les moustiquaires avec ou sans insecticide et surtout, vider régulièrement tous les récipients pouvant contenir de l’eau, là où les moustiques prolifèrent.

  • Algérie : éradiqué, le palu refait surface

C’est la France qui lance la première offensive contre le paludisme en Algérie. Au XIXe siècle, 90% des soldats français hospitalisés le sont pour de violentes fièvres. A l’époque, on assèche les marais et on défriche les terres. Vers 1950, le nombre de cas s’est considérablement réduit : 50 000 personnes sont infectées chaque année. Mais pendant la guerre d’indépendance, la lutte contre le paludisme n’est plus une priorité. En 1960, le nombre de cas a été multiplié par deux.

L’Algérie à peine indépendante, les autorités reprennent le dossier en main. La recherche est relancée, le personnel médical formé et du matériel acheté. Le plan d’éradication du paludisme est lancé en 1968 sous la direction du président Houari Boumédiene. Dans le nord du pays, région par région, les autorités procèdent à un épandage systématique d’insecticide et donnent des médicaments antipaludiques. Dix ans plus tard, les résultats sont impressionnants : en 1978, seuls trente cas de paludisme sont signalés et tous les patients ont été infectés à l’étranger.

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