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[Paiement des dettes intérieures] Le président national du SYNAFECI, Gré Faustin avertit : « Sans solution d’ici le 10 décembre, nous intensifierons nos actions »


Abidjan, le 07-10-2024 (lepointsur.com) Le lundi 7 octobre 2024, le Syndicat National des Fournisseurs de l’État de Côte d’Ivoire (SYNAFECI) a tenu une conférence de presse au siège provisoire du syndicat à Cocody-Abidjan, pour dénoncer les lourdeurs administratives persistantes qui entravent le paiement des dettes intérieures de l’État. Lors de cette rencontre, le président national du syndicat, Gré Faustin, a pointé du doigt des dysfonctionnements majeurs dans le processus de concertation entre le gouvernement et les fournisseurs, mettant en péril la survie de nombreuses entreprises ivoiriennes.

Une situation bloquée depuis des mois

Depuis le 23 janvier 2024, le SYNAFECI a soumis au gouvernement ivoirien des factures en attente de paiement, d’un montant total de 39.048.705.069 FCFA. Ces paiements, vitaux pour les entreprises concernées, avaient conduit à l’annulation d’un sit-in des fournisseurs de l’État, initialement prévu à la veille de la Coupe d’Afrique des Nations 2023. Cependant, neuf mois plus tard, aucune avancée significative n’a été enregistrée. La lenteur administrative au sein de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP) est pointée du doigt, malgré les instructions données par le président Alassane Ouattara et plusieurs ministres clés, dont le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly.

Les fournisseurs, en attente depuis des mois, vivent dans l’incertitude. Ce n’est que le 2 octobre 2024 que le Secrétariat du Directeur Général Adjoint du Trésor a contacté le SYNAFECI pour planifier une rencontre le 15 octobre. Cependant, aucune indication claire n’a été donnée quant à l’objet de cette réunion, ce qui accroît la frustration des fournisseurs.

Des conséquences désastreuses sur le terrain

Les répercussions de cette situation sont préoccupantes, tant pour les entreprises que pour le pays. De nombreuses factures, certaines datant de plusieurs années, restent impayées dans divers secteurs stratégiques. Les entreprises impliquées dans la santé publique, l’éducation, et les infrastructures souffrent de ces retards de paiement. Parmi les cas les plus alarmants, on note des milliards de FCFA dus à l’Inspection Générale des Finances (IGF), ainsi que des sommes non payées à la mairie de San-Pedro, à la Direction des Examens et Concours, et à la liquidation de la SOGEPIE (désormais SONAPIE). Dans le secteur de la santé, plusieurs hôpitaux et CHU sont également affectés.

Cette situation met également en danger le secteur privé éducatif, alors que la nouvelle année scolaire 2024-2025 vient de débuter. Les écoles privées peinent à répondre à leurs obligations financières en raison des subventions non versées par l’État. La situation est tout aussi critique dans les centres de santé, menaçant la qualité des services fournis aux citoyens ivoiriens.

Les « rats » du Trésor Public : une gangrène pour les entreprises ivoiriennes

En parallèle à cette lourdeur administrative, le SYNAFECI dénonce un autre phénomène inquiétant : la corruption au sein du Trésor Public ivoirien. Gré Faustin a évoqué l’existence de véritables « rats » dans l’administration, des individus cupides qui réclament entre 20 et 50 % des montants à verser en échange d’une accélération du traitement des dossiers. Ces pratiques, selon lui, sapent les efforts du gouvernement en matière de bonne gouvernance et contribuent à la faillite des entreprises locales.

Le syndicat a nommément cité des agents impliqués dans ces actes de malversation, notamment KRA Hervé Patrick, un Administrateur des Services Financiers, ainsi qu’un agent du Trésor Public en poste à Koumassi

Le syndicat a nommément cité des agents impliqués dans ces actes de malversation, notamment KRA Hervé Patrick, un Administrateur des Services Financiers, ainsi qu’un agent du Trésor Public en poste à Koumassi. Selon Gré Faustin, ces individus agissent en toute impunité, mettant en péril des milliers d’emplois à travers le pays. Le SYNAFECI appelle les autorités compétentes à agir rapidement pour éradiquer ces pratiques mafieuses.

Un appel à la justice et à la bonne gouvernance

Face à cette situation, le SYNAFECI exprime son ras-le-bol et appelle à une réforme profonde du système de gestion des paiements de l’État. Le syndicat réclame non seulement le règlement rapide des factures en attente, mais aussi la réparation d’une injustice vieille de 16 ans concernant la répartition de la Taxe Spéciale d’Équipement (TSE). Actuellement, cette taxe est reversée en grande partie à la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), une situation que le SYNAFECI juge inéquitable. Le syndicat exige sa part de cette taxe pour garantir la survie des entreprises qu’il représente.

Gré Faustin a conclu la conférence de presse en lançant un ultimatum au gouvernement : si aucune solution n’est trouvée d’ici le 10 décembre 2024, le SYNAFECI se réserve le droit de durcir son mouvement de protestation. « Notre patience a des limites », a-t-il martelé, soulignant que le syndicat continuerait à se battre pour la survie des entreprises ivoiriennes et la bonne gouvernance.

Le gouvernement ivoirien, qui s’est engagé à entamer un processus de concertation avec le SYNAFECI, est désormais sous pression. La résolution de ce dossier est cruciale pour éviter une crise sociale majeure à l’approche des prochaines échéances économiques et politiques dans le pays.

Médard KOFFI

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