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Ouattara Tchimborota Logossina, le porte-parole de sa majesté Djarakoroni II dit sa part de vérité


“Nous sommes sur la bonne voie pour le retour à la cohésion sociale”

Abidjan, 02-08-16 (lepointsur.com) En l’absence de sa Majesté Djarakoroni II, roi du Bounkani, c’est avec  son parte-parole, Ouattara Tchimborota Logossina que nous nous sommes entretenu pour avoir  un aperçu des actions que la royauté mène dans le cadre de la réconciliation.

Pouvez-vous nous décrire l’ambiance après le passage du Chef de l’Etat  dans la région et nous faire le point ?

Ouattara Tchimborota Logossina 2Après le passage du chef de l’Etat, le roi lui-même étant absent, c’est nous, la notabilité, qui  sommes  sur le terrain pour ramener la cohésion au sein des populations. La région a besoin de paix et de cohésion pour aller au développement. Après les guerres de conquête, s’il y a des évènements que Bouna regrette, c’est incontestablement ceux du 24 mars dernier qui ont considérablement entamé la cohésion sociale, provoquant l’agrandissement du fossé entre les communautés. Après le passage du chef  de l’Etat, qui est d’ailleurs le père de tous les Ivoiriens,  et l’échange qu’il a eu avec  sa Majesté,  père de  tous dans la région, il nous appartient de tout mettre en œuvre pour que la paix revienne définitivement dans le Bounkani.

C’est vrai que le chef de l’Etat, lors de son passage, a donné des instructions et des consignes  pour le retour de la paix , mais au plan local, nous-mêmes, nous œuvrons  pour que les choses reviennent à la normale.

De façon concrète, quels sont les actes que vous posez pour aller dans ce sens ?

C’est d’abord de montrer, de par notre comportement, que nous ne sommes  pas animés par un esprit de vengeance. Aux premières heures de la crise, le marché s’est vidé de son monde. Et la communauté, qui a posé  ces actes sur lesquels je ne voudrais pas revenir, n’y venait plus,  de peur de représailles.

Aujourd’hui, nous avons fait savoir à tous que le marché appartient à tout le monde et non à une seule communauté. Faire partir un groupe, c’est comme si on faisait savoir que ce groupe n’est  pas sous la responsabilité et l’autorité de sa Majesté, et pourtant, ce n’est pas le cas.

Cela n’est pas respecté parce qu’il y a deux marchés…

Effectivement, il y a deux marchés, parce qu’il y avait des gens qui occupaient des places, par exemple, celles des boutiquiers qui avaient vu leur magasins brûlés. Tant qu’on n’a pas pu monter de murs épais, ces personnes ne peuvent pas regagner le marché. Comme je vous l’ai dit, aux premières heures, on ne pouvait même pas compter 50 personnes au marché. Au fur à mesure que les jours passent, quand nous montrons à nos frères d’en face que nous ne sommes pas animés par la vengeance, ils reviennent s’installer progressivement.

Quand on perd la confiance, ce n’est pas du jour au lendemain qu’elle revient. Toutefois, je peux dire que nous sommes sur la bonne voie pour que cette confiance revienne entre les filles et fils du Bounkani.

Le roi du Bounkani a-t-il rencontré les jeunes ?

Quelque chose est prévue dans ce sens. Seulement, comme je vous le disais, après le passage du chef de l’Etat, sa Majesté est en déplacement, toutefois sur le terrain, nous essayons de ramener la confiance. Nous attendons son retour pour mener des actions concrètes, parce que n’oublions pas  qu’il est la voix la mieux autorisée, étant le père de tous.

Quel est le programme établi ?

Ouattara Tchimborota Logossina1Nous-mêmes, en tant que jeunesse koulango, nous envisageons de rencontrer les jeunesses malinké, lobi et berefor pour leur dire que les vieux sont certes là, mais nous les jeunes, nous devons nous entendre pour développer le Boukani et leur dire que nous devons mener des actions ensemble dans le sens de la paix. Nul doute que cela va inspirer nos parents et les booster dans leur quête de recherche de la paix.

Peut-on savoir s’il y a des signes qui augurent de cette paix ?

Comme je le disais tantôt, au lendemain de la crise, le marché n’était pas fréquenté, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. C’est vous dire que c’est à nous d’entretenir cette dynamique de retour progressif à la paix. On se dit que si on se regarde en chien de faïence, ce n’est pas la solution (…) Pour l’intérêt de la région, nous sommes obligés de nous mettre ensemble.

Y a-t-il des signes de rapprochement entre les  jeunes en particulier ?

Oui, on peut affirmer qu’il y a des signes de rapprochement, parce que quand il y a des rencontres, on  échange et on  partage bien  des points de vue, sans animosité.

Quel message pouvez-vous lancer à l’endroit des filles et fils du Bounkani ?

Au nom de Sa Majesté, je dis à tout le monde que Bouna est une ville Koulango qui a accueilli, par vagues successives, les communautés lobi, malinké et berefor. Cela s’est passé sur plusieurs décennies. Ce n’est pas maintenant que nous allons poser  des actes qui vont mettre à mal la cohésion sociale et freiner le développement de la région.

Il faudrait que les uns et les autres comprennent que, que nous soyons  Koulango, Lobi, Malinké ou Berefor, nous sommes tous du Bounkani, tous des frères et sœurs d’une même région. Quand on dit qu’on est de Bouna, il faut donner une image positive, plutôt que négative.

La région est assez en retard, il urge donc qu’ensemble, nous pensions tous au développement de la région(…) Notre diversité, loin d’être des cartouches pour détruire la région, doit être une richesse, un atout pour le développement. Pour autant, j’appelle tous les frères et sœurs de la région à aller à la paix pour garantir le développement. Je les appelle également à mettre tous ces événements, qui ont assombri nos relations,  sur  le compte du passé pour ne regarder désormais que dans la même direction, celle de la paix et du développement.

Entretien réalisé à Bouna par Sériba Koné

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