Messi au Gabon : Bongo débourse plus de 2 milliards FCFA
L’information avait filtré dès jeudi sur Mondafrique, sorte de Mediapart continental, avant d’être confirmée par un communiqué officiel, puis une photo du joueur dans l’avion pour Libreville. Oui, Lionel Messi arrive au Gabon. Evidemment, il ne quitte pas le FC Barcelone pour un transfert au FC 105 Libreville ou l’AS Mangasport, mais la star du Barça est là pour répondre à l’invitation du président Ali Bongo. Accompagné de Deco, son ex-coéquipier au FC Barcelone, l’Argentin, à son arrivée, prend à contre-pied les protocoles. Sa descente d’avion est même épique, et a allégrement animé en sarcasmes la twittosphère. Le dress code a notamment choqué. Messi se pointe tranquillement sur le tarmac de l’aéroport avec un bermuda déchiré, et un simple t-shirt, le tout mal rasé…
Ceux qui ont facilité le voyage
Officiellement, il est là pour poser la première pierre du futur stade de Port-Gentil, en vue de la Coupe d’Afrique des nations 2017, organisée au Gabon. Le Barcelonais est là aussi pour participer au coup de com’ d’Ali Bongo, président du Gabon, et fan de football. Pas ingrat, et peu regardant sur sa fonction présidentielle, l’homme fort du pays s’est alors transformé en chauffeur privé pour la star du Barça dans les rues de Libreville. Ensemble dans une jeep, ceintures attachées, ils ont feint la foule… Pas du goût de tout le monde. Cette escapade a rapidement enflammé l’opposition gabonaise. Les adversaires de Bongo ont estimé que Messi était venu contre une lourde contrepartie financière alors que le pays est en énorme difficulté sociale, et menacé par la chute du prix du pétrole brut.
2 .292 . 500milliards pour Messi
La petite virée africaine devrait lui rapporter autour de 3,5 millions d’euros. Pas mal ! Et plutôt une bonne nouvelle. Epinglé en 2013 pour ses droits d’images, Messi a réglé la note de 53 millions d’euros en 2014 au Fisc espagnol. Quant au Gabon, où une grande partie de la population ne profite pas de la rente pétrolière, la politique de la distraction ou des «jeux du cirque» est de plus en plus dénoncée. Les Gabonais ne voulaient pas de la CAN et de sa lourde facture, ils l’ont eue. Ali Bongo a profité de sa proximité avec Issa Hayatou, président de la CAF, pour récupérer l’organisation de la CAN 2017 dans un simulacre d’élections dont personne encore aujourd’hui ne connaît le résultat du dépouillement. Vent debout contre ce qu’elle estime être de la dilapidation de deniers publics, l’opposition a ressorti les dossiers comme les matches amicaux organisés contre le Brésil ou le Portugal pour environ 2 millions d’euros… ou encore la visite du roi Pelé pour quelques millions de dollars.
Le rôle d’Eto’o et Deco
Qui a fait venir Messi ? Derrière cette lucrative opération, on retrouve deux anciens coéquipiers du joueur au FC Barcelone. Il y a d’abord Samuel Eto’o, le régional de l’étape, en vacances à Libreville il y a 10 jours, et qui a tout ficelé avec Ali Bongo. La star camerounaise et le président gabonais entretiennent une relation très proche. Le nouvel attaquant d’Antalyaspor est au Gabon comme à la maison, voire plus. Lors de la CAN 2012, co-organisée par le pays d’Afrique centrale avec la Guinée Equatoriale, Eto’o était descendu dans le vestiaire des Panthères après la victoire face au Maroc et avait payé en cash les primes des joueurs de la sélection nationale.
Promoteur officiel de Bongo, le Camerounais avait déjà joué au Tour operator en faisant venir, en mai 2012, Xavi et Victor Valdés à Libreville pour l’inauguration de sa fondation consacrée aux « jeunes talents ». Dans la boucle aussi de la venue de Messi, il y a un ancien illustre Blaugrana : Deco. L’ancien milieu entretient également des liens forts avec le Gabon. Adjoint officieux du sélectionneur des Panthères Jorge Costa, l’ex-international portugais aide au développement du Championnat local. Sa recette ? Il fait profiter le pays de ses connexions catalanes avec les venues d’éducateurs, formateurs, et consultants en provenance de la Masia, centre de formation du club catalan. Selon certaines indiscrétions, le Gabon réglerait la modique facture de 4 millions d’euros par an pour profiter du transfert de compétences du nord vers le sud pour une ligue en partie boiteuse… Le Gabon mise sur la diplomatie sportive pour exister sur la scène internationale grâce à ses pétrodollars. Problème, après avoir eu les jeux, le peuple réclame désormais le pain…
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