«L’avancée de l’État islamique est en train d’être stoppée»
Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a réuni mercredi à Bruxelles les ministres des pays participant à la coalition formée depuis deux mois et demi pour détruire l’organisation djihadiste en Irak et en Syrie.
Les frappes de la coalition portent leurs premiers fruits. «L’avancée de l’État islamique à travers la Syrie et en Irak est en train d’être stoppée, ont affirmé d’une seule voix la soixantaine de pays occidentaux et arabes engagés militairement dans la lutte contre Daech. Les forces irakiennes et les forces du gouvernement régional du Kurdistan, avec le soutien des frappes aériennes de la coalition, regagnent du terrain en Irak.» Les membres de la coalition se sont réunis mercredi à Bruxelles deux mois et demi après de début des premières frappes. Au début de la rencontre, l’Américain John Kerry est même allé un peu plus loin. «Plus aucune grosse unité de Daech ne peut se déplacer sans s’inquiéter de ce qui va lui tomber sur la tête», a déclaré le secrétaire d’État américain.
Car, sur le terrain, l’État islamique a enregistré ses premières défaites notamment en Irak, où les djihadistes ont dû céder certaines positions stratégique. L’armée irakienne et les milices chiites ont ainsi repris à la mi-novembre le barrage d’Adhaim. Quelques jours auparavant, les djihadistes avaient dû lever le siège de la raffinerie de Baïji et quitter la ville du même nom. Ils ont également été délogés de la région stratégique de Jurf al-Sakhr, au sud de Bagdad. Mais, aux yeux de John Drake, analyste au sein de l’AKE Groupe cité par l’AFP, ces victoires l’ont été sur des terrains faciles, où Daech avait délibérément choisis de se retirer. D’autant que l’État islamique conserve encore une large partie du pays avec la province d’al-Anbar ou encore Mossoul, la deuxième ville du pays.
Côté syrien, le bilan est peut-être plus contrasté. Les combats font toujours rage autour de la ville de Kobané. Pourtant, l’État islamique a concentré beaucoup de force dans cette bataille très médiatisée, mais dont l’importance stratégique est très discutable. «De bien des points de vue, l’EI s’est lui-même empalé sur Kobané», a même estimé le général John Allen, qui coordonne le travail de la coalition. Quant au fief du groupe terroriste, Raqqa, les États-Unis y ont mené depuis le 23 septembre une trentaine de frappes en collaboration avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn. La ville a aussi été la cible de l’aviation syrienne qui profite de ces frappes pour multiplier ses opérations.
Loin de se satisfaire de ses premiers résultats, François Hollande s’est dit prêt à «multiplier les actions et à les mener avec rapidité et efficacité». John Kerry a pour sa part rappelé que l’intervention s’inscrivait sur le long terme. Pour la seule année 2015, plus de cinq milliards de dollars devront être consacrés à la campagne, en comptant la formation des troupes irakiennes et l’aide humanitaire. Mais de nombreux experts estiment que les islamistes ne pourront être chassés de leur fief qu’au prix d’une intervention terrestre étrangère. Ils sont rejoints sur ce point par Bachar el-Assad qui, soucieux de réintégrer la scène internationale, conteste dans une interview au magazine Paris-Match l’efficacité des frappes. «Nous n’avons constaté aucun changement», estime au contraire le président syrien.
LeFigaro