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L’Assemblée nationale française vote la reconnaissance de l’État palestinien


L’Assemblée nationale a adopté mardi 2 décembre la résolution socialiste sur la reconnaissance de l’Etat palestinien. Ce texte n’est pas contraignant pour le gouvernement mais a une portée hautement symbolique, à un moment où les Palestiniens tentent de faire avancer leur cause à l’ONU. 339 députés ont voté pour, 151 ont voté contre.

La quasi-totalité des socialistes, l’ensemble des écologistes et du Front de gauche, les deux-tiers des radicaux de gauche et une poignée d’UMP (9) et d’UDI (4) ont voté pour le texte, tandis que la grande majorité de l’UMP et de l’UDI ont voté contre. Seize députés se sont abstenus, dont les deux FN, alors que 48 UMP, 8 UDI et 6 radicaux de gauche n’ont pas pris part au vote.

Le texte « invite le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit » et juge que « la solution des deux États, promue avec constance par la France et l’Union européenne, suppose la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés de celui d’Israël ».

La résolution constate « l’échec des tentatives de relance du processus de paix » depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens, et pointe « la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens ». Elle affirme « l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit » pour l’établissement d’un Etat palestinien au côté d’Israël, « sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats ».

La résolution avait été débattue vendredi à l’Assemblée, et le Sénat se prononcera sur un texte similaire le 11 décembre. L’initiative socialiste, si elle ne lie pas le gouvernement, s’inscrit cependant dans un mouvement global en Europe considérant la reconnaissance comme un moyen de faire pression pour relancer un processus de paix moribond et sauver la solution des deux Etats.

Les Palestiniens saluent le vote

Lors des explications de vote mardi, l’orateur PS François Loncle a insisté sur la nécessité d’envoyer « un signal de paix » face à l’impasse de la situation: poursuite de la colonisation, échec des négociations sous égide américaine et multiplication des violences meurtrières.

« C’est un symbole qui a de la valeur, car la voix de la France sur ces sujets a de la valeur », a renchéri le coprésident du groupe écologiste François de Rugy. « Le moment est venu de mettre fin au calvaire du peuple palestinien », a jugé le Front de gauche François Asensi.

Les Palestiniens ont eux salué mardi le vote des députés français en faveur de la reconnaissance de leur Etat. Hanane Achraoui, une dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a exprimé dans un communiqué « sa gratitude au peuple français » et appelé « le gouvernement français à traduire le vote de son Parlement en acte ».

Le vote des députés français en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien « va éloigner les possibilités d’arriver à un accord » de paix, a réagi de son côté l’ambassade d’Israël en France. Ce vote « envoie un message erroné aux leaders et aux peuples de la région », a ajouté l’ambassade dans un communiqué.

Les débats ont montré l’extrême sensibilité du sujet en France où vit la première communauté juive d’Europe, dont le vote a fortement basculé à droite ces dernières années. Quelques 150 personnes se sont réunies à l’appel d’associations pro-israéliennes près de l’Assemblée en brandissant des pancartes « Non à une résolution qui encourage les terroristes ».

Après hésitation, l’UMP vote contre

Après avoir hésité à ne pas prendre part au vote, le groupe UMP a voté contre dans sa grande majorité comme le préconisait Nicolas Sarkozy. « Les dirigeants de la gauche parlementaire veulent imposer au gouvernement de la France la reconnaissance d’un Etat, comme si nous étions toujours sous la IVème République. Ils prétendent même que cette reconnaissance contribuera à la résolution du conflit. Franchement de qui se moque-t-on? », s’est indigné le chef de file du groupe UMP Christian Jacob, évoquant une « résolution juridiquement nulle ».

Plusieurs députés de droite chauds partisans d’Israël comme Christian Estrosi ou Claude Goasguen ont accusé le PS de chercher à séduire un « électorat musulman » qui aurait été déçu par une politique de François Hollande trop favorable à Israël. « Le PS a aujourd’hui lâché Israël », a dénoncé l’UDI Meyer Habib, député franco-israélien de la circonscription des Français de l’étranger incluant Israël et les territoires palestiniens, fustigeant une tentative « de récupérer les banlieues ».

Le président du groupe UDI Philippe Vigier a regretté que la résolution n’ait pas « été soumise à la cosignature des députés de tous les bancs et qu’il nous a été par ailleurs impossible d’amender ».

Laurent Fabius était absent mardi car en déplacement à Bruxelles où il devait notamment parler de la Palestine avec ses collègues de l’Otan. Lors du débat vendredi, il avait affirmé que « la France reconnaîtra(it) l’Etat palestinien », sans cependant s’engager sur un délai. Paris se veut à la manoeuvre diplomatique sur ce dossier et le ministre des Affaires étrangères a relancé l’idée d’organiser une conférence internationale sur le Proche-Orient.

Mais les enjeux diplomatiques se situent actuellement à l’Onu, où les Palestiniens veulent soumettre au Conseil de sécurité un texte réclamant la fin de l’occupation israélienne en novembre 2016.

Ce projet, soutenu par la Ligue arabe, risque de se heurter au véto américain. Paris travaille donc avec ses partenaires européens à un projet alternatif demandant la reprise du processus de paix et qui prévoirait un délai de deux ans pour que la négociation aboutisse. Selon le représentant palestinien à l’ONU Riyad Mansour, le texte initié par la France pourrait être présenté au Conseil de sécurité à la mi-décembre.

HuffingtonPost

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