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L’accord de facilitation de la délivrance de visas qui existe entre l’UE et la Russie depuis 2007 intégralement suspendu


Les 27 États membres de l’UE, dont les ministres des Affaires étrangères étaient rassemblés mardi et mercredi à Prague, ont convenu de suspendre intégralement l’accord de facilitation de la délivrance de visas qui existe entre l’UE et la Russie depuis 2007.

Une partie de cet accord avec Moscou avait déjà été suspendu pour certaines personnes, dont des responsables politiques et des hommes d’affaires.

Le compromis trouvé à Prague ce mercredi 31 aout élargit considérablement le nombre de ressortissants russes qui n’auront plus la possibilité d’obtenir simplement et rapidement des visas touristiques valables dans tous les pays de l’espace Schengen, rapporte notre correspondant à Prague, Alexis Rosenzweig.

Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a déclaré que les ministres réunis à Prague avaient convenu que les relations avec Moscou « ne pouvaient pas rester inchangées » et que l’accord, conclu en 2007, devait être « totalement suspendu ».

« Risques sécuritaires »

À l’issue de la réunion Prague, il a déclaré que cette suspension rendrait l’obtention de visas pour les ressortissants russes « plus difficile » et « plus longue ». « Cela réduira considérablement le nombre de nouveaux visas délivrés par les États membres de l’UE », a-t-il ajouté.

Les Vingt-Sept étaient très divisés, sur une ligne de fracture presque est/ouest. D’un côté la Finlande, le Danemark et la République tchèque, mais aussi et surtout la Pologne et les pays baltes, explique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell ne fait que relayer leur point de vue lorsqu’il souligne que certains touristes russes venaient en Europe « uniquement pour faire du shopping ».

Officiellement, la décision a été prise pour « des raisons de sécurité intérieure » de l’UE, mais cet argument avait initialement été jugé insuffisant par nombre de pays. La suspension des visas est une mesure dangereuse pour certains. Le plus explicite a été le ministre luxembourgeois Jean Asselborn qui a avertit que ce sera comme un nouveau rideau de fer à travers l’Europe.

Forcing de la Pologne et des pays baltes

Pour beaucoup de pays, de Chypre à l’Allemagne en passant par la Grèce ou l’Autriche, cette mesure sans nuances est susceptible de jouer dans les mains de la propagande anti-européenne du Kremlin. Les Vingt-Sept ont finalement cédé aux arguments des pays d’Europe centrale et orientale. D’abord par solidarité avec les pays qui sont en première ligne face à la Russie et par volonté d’avoir une vraie décision unanime à 27.

C’était la priorité pour Josep Borrell car il y a eu un véritable forcing de la Pologne et des Baltes, tous quatre frontaliers de la Russie. Ils menaçaient de faire cavalier seuls et d’imposer de leur côté (comme ils en ont le droit) la fin des visas pour tous les Russes.

L’accord trouvé ce jour doit encore être approuvé de manière formelle à Bruxelles. « C’est un signal à l’élite de Moscou et de Saint-Pétersbourg. (…) Je crois que nous serons capables de proposer d’autres mesures », a indiqué le ministre tchèque Jan Lipavsky, dont le pays préside actuellement le Conseil de l’UE.

Source : Rfi

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