Actualite, Point Sur

La « bombe » de l’Etat à la face de Trafigura et Puma Energy #CIV


Abidjan, le 19-6-15 (lepointsur.com)-« Les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts à défendresoutient-on dans certains milieux politiques et diplomatiques. Cette maxime semble faire école dans l’affaire des déchets toxiques qui oppose  le Colonel des affaires maritimes et portuaires, Tibé Bi Balou Jean-Christophe aux sociétés, Trafigura et Puma Energy dans laquelle les deux sociétés ont jugé bon d’assigner l’Etat de Côte d’Ivoire en « intervention forcée ».

Affaire Colonel Tibé Bi Balou Trafigura –Puma et l’Etat de Côte d’Ivoire/ Pour la première fois l’Etat montre sa vraie face dans l’affaire des déchets toxiques #Déchets toxiques

Le Colonel Tibé Bi Balou et l’un des avocats de son conseil, Me Charles Kignima avant l'ouverture de l'audience du 4 juin 2015

Le Colonel Tibé Bi Balou et l’un des avocats de son conseil, Me Charles Kignima avant l’ouverture de l’audience du 4 juin 2015

Gifle, simple provocation ou méconnaissance du désastre humanitaire et environnementale, causé par Trafigura et Puma Energy à plusieurs « compatriotes » de l’Etat ivoirien dans la décharge et  le déversement des déchets toxiques à Abidjan ? Quoi qu’il en soit, l’Etat ivoirien ne s’est pas laissé faire dans sa conclusion dans cette affaire, où il a recadré le débat en rappelant aux deux sociétés de ne plus commettre l’erreur dans le cas d’une « intervention forcée », concernant la plainte du Colonel Tibé Bi Balou Jean-Christophe.

Si tel est que cela est une simple provocation ou méconnaissance du désastre humanitaire et environnementale, causé par Trafigura et Puma à plusieurs « compatriotes » de l’Etat ivoirien dans la décharge et déversement des déchets toxiques à Abidjan l’Etat ivoirien a renvoyé ses deux sociétés au protocole d’accord qui ne prend pas en compte les victimes collatéraux,  encore moins ceux qui ont perdu leur poste comme le Colonel Tibé Bi Balou. En terme clair l’Etat fait comprendre à Claude Dauphin que le Colonel Tibé Bi Balou Jean-Christophe ne fait pas partie du protocole d’accord signé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et Trafigura

En un mot comme en mille, c’est un signal fort de l’Etat pour exprimer aux deux sociétés qu’elles risquent d’être poursuivies, comme nous l’écrivions quelques jours plus tôt. Pour ces deux sociétés, l’Etat devrait selon leur entendement, débouter le Colonel Tibé Bi de sa plainte et prendre fait et cause pour ceux qui ont causé une catastrophe humanitaire et environnementale en Côte d’Ivoire. Le retour de l’ascenseur est à la hauteur du scandale. De source judiciaire, l’Etat a ramené les sociétés pollueuses à leur copie, en donnant une feuille de route claire à leur Défense. Non sans menacer Trafigura et Puma Energy de les traduire devant les tribunaux et pourquoi pas revoir le fameux protocole d’accord qui ne prend n’en compte que les victimes des déchets toxiques et non des victimes collatérales et administratives comme le Colonel Tibé Bi Balou Jean Christophe.

A l’analyse,  la seule et unique porte de sortie pour ces deux sociétés reste l’humilité. Les responsables gagneraient à faire profil bas et à négocier avec le Colonel Tibé Bi Balou qui est toujours resté ouvert à cette alternative. « La Côte d’Ivoire, mon pays ne doit pas servir de poubelle, » avait-il prévenu.

Mieux, dans un courrier du 5 juillet 2014, adressé à Claude Dauphin, l’expert maritime des affaires portuaires prévenait son compagnon de prison en ces termes : « En raison des conséquences dramatiques de cette affaire sur ma vie et tenant compte du fait que je rends Trafigura responsable de mon infortune actuelle, j’ai décidé de recourir à des conseils juridiques pour traduire votre groupe en justice,» voilà le signal qui a servi de déclic. Le Colonel Tibé a mis en avant sa foi et le défi qu’il doit relever face à une machine plus forte financièrement. « Avec les moyens dont dispose Trafigura vous bloquerez la procédure. J’en suis conscient. Mais, je sais aussi les raisons qui me poussent à ce que justice me soit rendue et que ma dignité bafouée soit restaurée, le traumatisme causé à ma famille soit réparé,» a-t-il indiqué, interpellant M. Claude Dauphin, « la grandeur d’un homme se mesure dans sa capacité à comprendre les choses même à demi – mots et y apporter les solutions idoines sans penser aux conditions des opprimés. Je vous en informe par solidarité de bagne et je crois en votre grande intelligence pour traiter mon cas non pas dans la passion mais avec lucidité et raison » afin de lui signifier qu’il ne baissera pas les bras et qu’il ira jusqu’au bout de cette affaire dans laquelle il a perdu son emploi, son honneur, sa dignité…

De G à D: Valentini, Ogonougbo (au centre) et Claude Dauphin lors des émeutes soulevées par des détenus, en son temps à la Maca (Ph: Dr)

De G à D: Valentini, Ogonougbo (au centre) et Claude Dauphin lors des émeutes soulevées par des détenus, en son temps à la Maca (Ph: Dr)

 

Approché sur la question, l’expert maritime n’a pas voulu épiloguer sur l’affaire. « J’ai un droit de réserve. Le moment venu, mon conseil vous entretiendra. J’ai foi en une seule et unique justice : celle de Dieu, mais j’ai confiance en la justice de mon pays, et à ceux et celles qui l’animent,» a dit  le Colonel Tibé. Les sociétés Trafigura et Puma Energy et le Colonel Tibé Bi Balou comparaîtront, le 25 juin 2015 au Tribunal de première instance, suite au report demandé par le conseil de ses deux sociétés pollueuses, à l’audience du 18 juin 2015, pour apprécier les conclusions de l’Etat.

Sériba Koné

Encadré

Quelques zones d’ombre

Les 6 523 victimes réunies au sein du Renadvidet-Ci (Réseau national des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire) accusent ( ?) d’avoir détourné, en complicité avec Gohourou Zialo Claude et Awa N’Diaye, épouse M’Baye, la somme de 4,623 milliards Fcfa destinée à leur indemnisation. Pour parler d’une seule voix, elles ont porté à la tête de leur association, Charles Hanon Koffi. Après avoir obtenu le récépissé de l’organisation,  le président du Renadviet-ci est bloqué par la Direction de l’Administration du Territoire (DAT) qui « refuse » de lui délivrer l’agrément. « Pour parler au nom de l’association à la justice il faut cet agrément,» ne cesse de répéter Charles Hanon Koffi qui a fini par avoir  le Pv de déclaration d’appel de Me Diavatché Tanoh Pierre.

Là encore, la justice n’a pas accepté que l’avocat plaide au nom des victimes, mais de Charles Koffi. Aussi,  pourquoi la justice qui condamne à 20 ans d’emprisonnement ferme des faussaires comme Koné Cheick Oumar, Gohourou Zialo Claude et Awa N’Diaye, épouse M’Baye, pour détournement de la somme de 4,623 milliards Fcfa laisse ces bandits à col blanc se la couler douce hors de la prison et refuse de donner la parole à Me Diavatché Tanoh Pierre ? Deux zones d’ombre qui méritent d’être élucidées dans cette affaire qui n’a que trop duré et qui continue de causer la désolation dans les rangs des victimes.

La justice aurait-t-elle oublié que le Président de la magistrature suprême, Alassane Ouattara avait promis aux victimes des déchets toxiques de régler cette affaire, une fois au pouvoir ? A quel jeu trouble donc joue-t-elle ? Attendrait-elle que des individus de mauvais acabit ruent dans les brancards pour brocarder le  Président de la République pour dire le droit ? « Dans mon programme de Gouvernement, j’ai promis des Institutions fortes à mes compatriotes. La justice tient une place de choix dans les Institutions que j’ambitionne de renforcer.

Mais force est de reconnaître qu’en ce moment, face aux nombreux griefs qui lui sont faits et qui ne sont, hélas, pas toujours infondés, notre justice n’est pas au mieux de sa réputation. » A indiqué M. Alassane Ouattara le 24 mai 2011, lors de l’investiture du président de la Cour suprême. Non sans ajouter ce qui suit : « La Côte d’Ivoire sort d’une crise post électorale particulièrement grave dont on peut tirer au moins deux leçons. Au niveau de la justice, la première leçon est qu’une décision de justice peut provoquer la guerre, et engendrer des milliers de morts dans un pays. Faisons donc en sorte que cela ne se reproduise plus jamais dans notre chère Côte d’Ivoire.

La seconde leçon est que nos compatriotes ont découvert qu’il était possible de s’opposer à une décision de justice, même rendue en dernier ressort lorsqu’on l’estime inique ou injuste. Ils pourraient être tentés d’user et d’abuser de cette possibilité. Ne donnons donc plus à personne l’occasion de se révolter violemment contre une décision de justice ». Et de conclure : « La vocation de la justice est simple : c’est de donner raison à celui qui a raison, et tort à celui qui a tort. Notre justice doit rendre des décisions et non des services. Elle doit être la même pour tous, gouvernants ou gouvernés, riches ou pauvres, sans distinction de race, de croyance religieuse, de courants de pensées philosophiques, d’origine régionale, ethnique ou de la nationalité. C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire vivra en harmonie avec sa justice et redécouvrira les vertus d’un pays de paix, d’hospitalité et de vraie fraternité tel que voulu par nos pères fondateurs. »

Et de préciser que la justice est la clé de voûte de l’édifice social. « Sans une justice forte, garantissant les libertés individuelles et collectives, ainsi que les droits de tous les citoyens, l’État de Droit que nous appelons de tous nos vœux demeurera une 25ème heure que nous attendrons toujours, mais qui ne sonnera jamais. Sans une justice crédible, rassurant les investisseurs nationaux et étrangers, les capitaux nécessaires à la relance de notre économie éviteront soigneusement notre pays au profit d’autres destinations jugées plus sûres. La faiblesse de la justice conduit inexorablement au délitement de tous les compartiments de l’État et, à terme, au retour à la loi du plus fort, la loi de la jungle,» avait rajouté Aimé Henri Konan Bédié. Un réel devoir de mémoire qui est à prendre en compte et surtout à méditer.

 

 

 

 

Commentaires

commentaires