Editorial

Journalistes en danger


Vive les élections ! Vive les interpellations des journalistes ! L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire avance à grands pas. L’épée de Damoclès aussi plane sur la tête des hommes de média. Depuis environ une semaine, le confrère Joseph Titi  Gnahoua Directeur de Publication du quotidien « Aujourd’hui » est détenu en garde à vue à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

Il  est reproché à ce confrère proche de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo d’avoir divulgué des informations tendancieuses, mettant en cause, l’honorabilité du Président de la République Alassane Ouattara, selon des sources judiciaires. Le hic, c’est que l’Etat de Côte d’Ivoire a voté la loi N°2004-643 du 14 décembre 2004, portant régime juridique de la presse. Ladite loi porte sur la dépénalisation du délit de presse. Depuis son adoption, cette loi n’a pas encore subi de modification, encore moins  abrogée. Les autorités ivoiriennes sont au courant de cette loi, même si en 2010, faisant fi de cela le procureur Kimou avait incarcéré les journalistes de « Le Nouveau courrier » qui avaient divulgué des informations confidentielles, relatives à l’instruction de l’affaire relative au détournement d’importantes sommes d’argent  dans la filière Café-Cacao.

Cinq ans après, ce n’est plus une affaire de détournement, mais plutôt d’outrage à chef de l’Etat. On le voit. A la veille des scrutins de 2015, l’interpellation du confrère Joseph Titi Gnahoua est un signal fort que les autorités ivoiriennes envoient aux femmes et hommes de média pour leur rappeler que la liberté de la presse a ses limites, même si, l’Etat de Côte d’Ivoire a voté la loi qui dépénalise les délits de presse depuis 2010. Le marigot politique ivoirien, lui continue de bouger. Alors même que des opposants ivoiriens réclament à cor et à cri certains réglages, préalables à toute élection crédible et acceptable, la Commission électorale indépendante (CEI) qui s’est résolument inscrite dans la logique de l’élection présidentielle en octobre attend patiemment le dépôt des candidatures pour analyse.

A fleurets mouchetés, parti au pouvoir et adversaires se lancent des flèches. Tel est le cas des « frondeurs » du Front populaire ivoirien (FPI) qui s’accrochent à l’inégibilité du candidat du RHDP pour réclamer une transition politique. Avis qui est d’ailleurs partagé par le président de la Coalition nationale pour le changement (CNC), Charles Konan Banny, candidat déclaré à la présidentielle de 2015 qui en meeting à Bouaké appelle le Président Ouattara à une table de discussion pour aplanir les angles quand aux différends qui les opposent sur la tenue de la présidentielle en Côte d’Ivoire. L’opposition ivoirienne dans son ensemble continue de s’illustrer de la manière la plus controversée.

En même temps qu’elle montre les signes de maturité susceptibles de lui permettre de présider aux destinées du pays, elle peine à parler d’une même voix. Après le FPI ET et MFA qui ont installé un  bicéphalisme à leur tête avec deux présidents, c’est au tour du PIT de Francis Wangah Wodié de s’essayer au bicéphalisme, avec l’élection du professeur Séka Séka à la présidence du parti en remplacement de M. Aka Ahizi qui présidait jusqu’au week-end dernier aux destinées du parti à la clé. Les observateurs qui ont pensé que l’élection présidentielle au Burundi était la panacée pour un retour au calme dans le pays ont très vite déchanté.

Car N’Kuruziza, à peine élu que le pays s’est installé dans une spirale de violence avec l’assassinat à la roquette le week-end d’un de ses bras droits le Général Adolphe N’shimirimana. Des signes qui présagent des lendemains incertains aux élections sur la continent. Pauvre Afrique !

Directeur de Publication: 
Anoma Kacou Edwin

Email :info@lepointsur.com

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