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Italie : Maisons à vendre à 1 Euro (655 F CFA)


Un village de Sicile a décidé de mettre en vente des maisons abandonnées pour un euro, afin de se repeupler.

Le village sicilien de Gangi a mis en vente des maisons rustiques, dans lesquelles habitaient de paysans et leurs ânes, pour un euro seulement. L’initiative vise à combattre des décennies de déclin démographique et relancer l’économie.

Les maisons sont nichées près du parc naturel et de la montagne de Madonie, à environ 120 km au sud-est de Palerme. Elles ont été abandonnées par leurs propriétaires qui ont émigré dans les années 1920, au siècle dernier. On y trouve des trésors comme des carrelages du XVIIIe siècle, de vieux fours à bois ou des plafonds à poutres, le tout avec un magnifique panorama.

Des maisons d’un à 15.000 euros

Une vingtaine de maisons sont encore à vendre au prix d’un euro, tandis que 300 autres ont une valeur comprise entre 5.000 et 15.000 euros.

Le metteur en scène australien Dominic Allen, 33 ans, est l’un des nombreux acheteurs potentiels débarquant à Gangi des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Dubaï ou de Suède à la recherche d’une bonne affaire et pour transformer les petites maisons et étables des animaux en résidences d’été. « Pour le prix de cette maison, vous ne pourriez même pas acheter un emplacement de parking en Australie », confie-t-il, regardant autour de lui, dans une étroite bâtisse de trois étages, à la cuisine taillée dans la roche et la vue sur les champs de maïs et la forêt en contrebas.

Dominic ajoute : « Si vous aimez le style de vie italien, que vous avez envie d’un peu d’aventure, alors cela semble le bon choix ». Le trentenaire cherche un endroit où il pourrait venir avec des amis ou louer à des touristes.

Remplir les rues de nouveaux habitants

S’abritant du soleil sous les arcs d’une tour médiévale dans le centre de Gangi, Cataldo Piazza, 83 ans, se dit ravi de voir des familles de touristes italiens et étrangers remplir les rues. « Il fut un temps où vous pouviez marcher le soir dans le centre sans rencontrer personne. C’était triste », dit-il en s’éventant avec son chapeau de paille.

Dans les années 1920 et après la seconde guerre mondiale, environ 9.000 habitants de Gangi ont émigré vers l’Argentine ou les Etats-Unis, fuyant la pauvreté, la maladie et l’absence de lois.

En 1926, Cesare Mori, connu comme « le préfet de fer », organisa avec les forces de l’ordre le siège de Gangi, alors place forte du groupe criminel Andaloro-Ferrarelo. Sa répression brutale de la mafia effraya les autres boss qui quittèrent la zone pour des contrées plus calmes.

Les habitants de Gangi restés sur place ont lutté pour maintenir l’économie locale en vie, mais de nombreux artisans ont dû déménager à Palerme pour travailler.

« L’initiative ‘un euro’ est bonne car elle va aider à repeupler les village, ramener la vie et avec un peu de chance pas seulement pendant l’été », ajoute Cataldo Piazza.

Les acheteurs doivent déposer 5.000 euros de garantie auprès de la municipalité pour prouver qu’ils vont rénover la maison dans un délai de trois ans, alors que le coût estimé d’une restauration de ce genre est d’environ 20.000 euros, sauf si le toit est également à refaire.

Le village, fondé au XIIe siècle, est assez éloigné de la mer mais il est fier de son air frais des montagnes, de son hospitalité et de ses spécialités culinaires, comme le fromage de chèvre piquant et la pâte aux fèves.

Empêcher le départ des jeunes

Le maire reconnaît que les acheteurs étrangers pourraient apporter des changements indésirables, avec des magasins de souvenirs remplaçant les activités traditionnelles, mais les habitants « comprennent que cela pourrait représenter un tournant du point de vue économique », dit-il. « La chose importante pour nos habitants âgés, nos parents, c’est que les jeunes arrêtent de partir. Nous montrons qu’il est possible de faire du tourisme même en beau milieu de la Sicile en temps de crise », ajoute le maire.

Tavia MacNaughtan, une blonde Australienne cadre dans le secteur des nouvelles technologies, a « sauté dans l’avion » dès qu’elle a entendu parler des maisons à un euro et est tombée immédiatement amoureuse de Gangi. « J’ai pensé que je trouverais la maison idéale mais celles que j’ai visitées jusqu’à présent étaient vraiment trop délabrées pour moi », dit-elle en insistant cependant: « je suis toujours prête à investir dans quelque chose ». Et de conclure : « Même si la maison nécessite des travaux, en acheter une ici pourrait m’offrir le lieu idéal pour fuir l’hiver de Melbourne ».

John Brown avec AFP

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