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ISRAËL/Droits des femmes : les scandales sexuels à répétition bouleversent le Pays


Une série d’agressions sexuelles imputées à des officiels haut placés suscite la polémique en Israël. Des officiels aujourd’hui confrontés à des femmes qui osent davantage parler.

12 janv 12:07Thomas Guien

« Non, c’est non ! Qu’y a-t-il de si difficile à comprendre là-dedans ? » C’est une manifestation d’un genre nouveau qui s’est déroulée il y a quelques jours à Tel-Aviv, devant le quartier général de l’armée. Sur le pavé : des centaines de manifestants, essentiellement des femmes, bien décidés à dénoncer les agressions sexuelles imputées à des officiels haut placés. Des officiels de plus en plus sous le feu des critiques dans le pays.

Premier d’entre eux : Moshé Katzav. Président d’Israël de 2000 à 2007, l’homme est sorti de prison fin décembre après cinq ans de détention pour viols. Au cours des derniers mois, d’autres généraux ont été épinglés, notamment un général, un haut responsable gouvernemental et un député. Parmi eux : le général Ofek Buchris.

Il a démissionné en juillet 2016 après avoir été  inculpé de viol. Il a depuis conclu avec la justice un accord de plaider-coupable en vertu duquel il devrait éviter la prison, en reconnaissant en contrepartie avoir eu une relation consentie avec une subordonnée – ce qui est interdit au sein de l’armée – et avoir eu à l’égard d’une autre une conduite inappropriée pour un officier.

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« Les femmes peuvent parler, porter plainte, donner des noms »

Preuve du malaise que suscite ce genre de dérapage, l’accord conclu par le général Buchris a provoqué la colère d’une partie de l’opinion publique.

Quatre jeunes femmes et anciennes soldates ont ainsi publié une vidéo sur les réseaux sociaux. Intitulée « les filles de Buchris », elle plaque sur une ancienne chanson contre la guerre de nouvelles paroles dénonçant l’esprit de corps de l’armée dans de telles circonstances, ainsi que le flot d’insultes déversé par des internautes sur les plaignantes.

« Les femmes commencent à comprendre qu’elles peuvent parler, porter plainte, donner des noms », a déclaré Noga Shahar, une actrice au Théâtre national d’Israël qui avait organisé la manifestation de Tel-Aviv.

De son côté, l’armée assure faire le nécessaire, précisant s’employer à sanctionner de telles conduites. Selon elle, en 2015, 12 plaintes pour viol ont donné lieu à des investigations de la part de la police militaire, au lieu de huit en 2014 et cinq en 2013. L’armée a récemment mis en place une unité d’assistance juridique pour les militaires victimes d’agressions sexuelles.

Problème : « le système judiciaire ne suit pas », assure Noga Shabar. Et de citer le cas « révoltant » d’Yitzhak Cohen, juge de Nazareth accusé d’avoir forcé une employée à s’asseoir sur ses genoux et de l’avoir caressée en 2010.

Le magistrat a démissionné depuis. Mais là encore, un accord de plaider-coupable toujours en cours d’examen pourrait le voir échapper à la prison et être condamné à effectuer seulement une peine d’intérêt général, ainsi qu’à payer 2.500 shekels (600 euros).

 

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