Interview/Guedou Elie Ousmane (Directeur général de la Matca) : ‘’Les sociétaires ont repris confiance en leur mutuelle’’
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 28-11-2016) Son arrivée à la tête de la Mutuelle d’assurances des taxis compteurs d’Abidjan a fortement contribué à faire évoluer positivement les choses, au niveau de cette structure, qui ployait sous le poids d’un désordre qui a failli lui coûter le retrait de son agrément. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le Directeur général revient sur l’engagement pris pour réussir le pari du développement de la Matca. Guedou Elie Ousmane ne manque pas de lever le coin du voile sur son ambitieux projet pour une cité au bénéfice des sociétaires.
Monsieur le Directeur général, cela fait maintenant trois années consécutives que l’on assiste à une véritable embellie au niveau des bilans annuels de la Mutuelle d’assurances des taxis compteurs d’Abidjan. Quelles sont les recettes qui ont contribué à ces différentes prouesses ?
Merci de me donner l’occasion de me prononcer sur le travail abattu pour le repositionnement de la Matca. Je comprends que vous cherchez à percer le secret du Directeur général. Soyez rassurés. Il n’y a pas de secret en tant que tel. C’est d’abord la croyance en soi et ensuite le don de soi, en vue de montrer à la nation que tout est possible, si l’on veut faire avancer les choses avec comme boussole, notre slogan ‘’La Matca, Nouvelle vision’’. Au regard de dix années d’un passé sombre, nous nous évertuons à améliorer les services de notre mutuelle. Ce n’était pas évident. Mais nous y parvenons peu à peu, au point de recevoir les félicitations de la Cima (Ndlr : Conférence interafricaine des marchés d’assurances) qui est tombée sous le charme de nos travaux de redressement. Les différents rapports de la Crca (Ndlr : Commission régionale de contrôle des assurances) l’attestent éloquemment.
Etes-vous personnellement satisfait des résultats affichés par la mutuelle au cours de ces dernières années ?
J’avoue qu’à mi-parcours, je suis satisfait. Mais je veux encore plus pour la mutuelle. Dans les années à venir, je voudrais qu’on dise que la Matca est un exemple en Côte d’Ivoire et pourquoi pas, dans la sous-région.
Au regard des projets initiés pour la relance, à quel niveau vous n’avez pas trouvé satisfaction ?
Pour nous, il est essentiel que les sociétaires soient fiers d’appartenir à la Matca. Malheureusement ce n’est pas ce que nous avons connu par le passé. Notre volonté est de les impliquer davantage dans l’essor de la mutuelle. De sorte qu’avec l’adhésion, les sociétaires soient à mesure de réaliser leur rêve. Notamment en termes d’assurance-maladie, de logement, d’éducation de leurs enfants et bien d’autres. C’est vrai que nous n’y sommes pas encore parvenus, mais notre souhait est de permettre aux différents sociétaires de se réaliser et tirer le minimum de satisfaction à partir de leur adhésion.
S’agit-il de projets qui n’ont pas encore été mis en œuvre ?
Ce sont des projets qui ont connu un début d’exécution. Comprenez qu’une opération immobilière obéit à plusieurs mécanismes. Mais au-delà de tout, je voudrais rassurer les sociétaires qu’avec le temps, nous parviendrons à donner forme à ce grand rêve. Le projet d’assurance-maladie est également en cours. Mieux, en dehors des sociétaires, nous voulons intéresser certains acteurs majeurs tels que les chauffeurs, dans le développement la mutuelle. Car, ils constituent un maillon important dans la survie de la Matca.
Il y a un projet qui a suscité beaucoup d’espoir au sein des sociétaires. Qu’en est-il du partenariat avec les stations-services ?
Nous avons rêvé grand pour trouver des prix défiant toutes concurrences quant à l’approvisionnement en carburant de nos véhicules. Nous avons certes eu le courage d’entreprendre une telle initiative, mais dans la pratique, il y a beaucoup d’aspects qui nous ont échappés, notamment avec les grandes stations. Toute chose qui nous a poussé vers les petites qui malheureusement, ne sont pas représentées sur tout le territoire abidjanais. Toutefois, les négociations se poursuivent avec les grandes pour obtenir les mêmes coûts que les petites stations-services nous accordent.
En tant que maison d’assurances, quel est à ce jour, l’état des sinistres payés par la Matca ?
Nous pensons que la Matca maintient le cap en termes de paiement des sinistres à la hausse depuis maintenant trois années. En Côte d’Ivoire, elle fait partie des premières compagnies qui paient mieux les sinistres. En 2014, c’était 1 milliard 300 millions Fcfa, en 2015, nous avons payé 1 milliard 501 millions Fcfa et en 2016 nous comptons faire plus. La progression en matière de paiement de sinistres est très satisfaisante.
L’on constate que vous avez réussi à faire doubler tous les chiffres en moins de dix ans que vous êtes à la tête de la Matca. Quelle explication donnez-vous à cette progression ?
On me dira que c’est bizarre de passer ainsi du simple au double. Déjà qu’au niveau des sinistres, nous n’étions qu’à 400 millions Fcfa. Au niveau des véhicules c’est pareil, de 8 000 nous sommes passés à 16 000. Pareil au niveau des sociétaires. Cela veut tout simplement dire que nous avons cru en nos capacités et aujourd’hui les résultats parlent en notre faveur. Il n’y a pas de miracles. Le fait est que les sociétaires ont tout simplement repris confiance en leur mutuelle par le prompt paiement de leurs sinistres. Ce qui a contribué à remettre en marche les véhicules qui étaient au garage et payer de nouveaux autres.
Que fait la mutuelle pour le renouvellement de son parc automobile vieillissant ?
Nous pouvons dire que le parc était vieillissant. Mais il ne l’est plus aujourd’hui. Le changement a commencé avec la promesse de nouveaux véhicules qui est devenue une réalité. Nous pensons que d’ici à 2017, nous les remarquerons davantage en circulation. Nous ne contribuons pas directement au renouvellement, d’autant que la Matca n’a pas cette vocation. Mais par le biais de l’Etat de Côte d’Ivoire, nous suscitons et proposons le renouvellement. La preuve, vous avez assisté récemment à la remise de nouveaux véhicules. En dehors de l’Etat, nous encourageons aussi les initiatives privées pour favoriser le renouvellement du parc automobile.
Monsieur le Directeur général, vous avez décidé d’adopter la qualité dans votre démarche. Où en est-on avec le processus ?
Oui, effectivement, la démarche qualité dans laquelle nous nous sommes lancés est très avancée. Comme nous l’avons promis, en 2017, la Matca sera certifiée Iso 9001 version 2015. Pour l’heure, nous sommes en train de finaliser la procédure de certification.
Qu’en est-il du tracking par Gps, cet autre projet que vous avez initié pour la sécurité des véhicules de vos sociétaires ?
Ce projet a pour objectif de contribuer à la sécurisation des véhicules de nos sociétaires. Il nous tient à cœur. C’est pourquoi, nous avons entrepris des démarches de sorte qu’il ne s’arrête pas lorsqu’il sera dans sa phase opérationnelle. Il s’agit de plusieurs étapes que nous avons déjà réussi à franchir. Après l’étape du lancement officiel, nous avons mis en circulation plusieurs véhicules d’essai. Après vérification du système à la fin de l’année, tous nos véhicules seront équipés de ce système à partir de 2017.
Vous avez aussi mis à la disposition des sociétaires, un service de dépannage. De combien de véhicules dispose-t-il ?
Le service a démarré avec un véhicule. Puis nous avons marqué un arrêt pour le reprendre de plus bel avec un plus large taux de couverture. Le premier véhicule a été une expérience qui nous a permis de maîtriser tous les contours du service. Nous avons deux autres véhicules qui seront mis en service l’an prochain pour le bonheur de nos sociétaires. Nous sommes aujourd’hui à pratiquement 70% de taux de couverture avec des prix très étudiés pour nos sociétaires. De 20 000 Fcfa l’abonnement, nous sommes passés à seulement 5 000 Fcfa l’abonnement et 10 000 Fcfa par remorquage. Le faisant, nous réaffirmons notre politique sociale en faveur des sociétaires.
Peut-on dire aujourd’hui que la paix est définitivement revenue à la Matca ?
Pour nous, en tant que dirigeants, nous faisons tout, à travers le travail, pour démontrer que seul le travail nous permettra d’avancer. Je pense que la paix est là. Nous sommes orientés sur le développement et considérons que nous évoluons dans la paix.
Pensez-vous que les agréments que vous et le Pca avez obtenus viennent confirmer la paix et le développement que vous continuez d’insuffler à la Matca ?
Je n’ai pas voulu faire cas de cela pour éviter de tomber dans l’autosatisfaction. Mais si l’organe supranational qui contrôle toutes les mutuelles d’assurances a décidé d’agréer le Pca et le Dg, c’est la preuve que la stabilité existe au niveau de la Mutuelle d’assurances des taxis compteurs d’Abidjan. La Cima qui envisageait, il y a peu, d’enlever l’agrément à la Matca, vient ainsi reconnaître le mérite de ses nouveaux dirigeants. Nous percevons cela comme un signe d’encouragement à faire davantage.
Parlant de décentralisation. Après Treichville et Angré, à quand l’ouverture de l’agence de Yopougon ?
C’est vrai que nous avons promis d’ouvrir chaque année, une nouvelle agence de sorte à couvrir le territoire abidjanais, mais nous avons retardé avec celle de Yopougon. Ce sera chose faite en 2017. Au niveau des perspectives, nous souhaitons construire une cité pour nos sociétaires. Nous avons aussi en vue, une radio de proximité spéciale Matca pour informer nos sociétaires sur le fonctionnement de la mutuelle. Nous envisageons doter chaque commune d’une centrale d’achat pour faciliter l’accès aux pièces de rechange.
Réalisée par Idrissa Konaté
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