Interview/Anassé Anassé (Anciennement journaliste au quotidien L’Inter) : « Je remercie tous ceux qui se saignent pour moi mais… «
Journaliste depuis une dizaine d’années, Anassé Anassé (Bertin à l’état-civil) a fait ses premiers pas dans les médias au début des années 2000. Précisément à Radio Jam ; ensuite dans plusieurs quotidiens. Notamment ‘’Le Temps’’, le ‘’Courrier d’Abidjan’’, ‘’Fraternité Matin’’.Très mordu de la communication, il sera par la suite Assistant en Communication chargé du suivi des médias pendant deux ans à la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI, la plus grande plate-forme de la société civile nationale avec plus de 130 organisations) pour le compte de sa Mission d’observation électorale. Après la crise postélectorale, il bifurquera au quotidien ‘’Aujourd’hui’’ pour finalement se retrouver à‘’ L’Inter’’. Mais à peine a-t-il commencé sa carrière de journaliste dans ce canard que ce travailleur acharné est terrassé par un mal pernicieux. Au quartier Maroc, dans la commune de Yopougon, où il vit chez sa sœur aînée depuis sa maladie il y a maintenant un an et demi, ce passionné de la plume demande l’aide et le soutien financier de bonnes volontés pour recouvrer la guérison. Entretien…
Es-tu venu au métier de journaliste par passion ?
(Il répond avec enthousiasme) Oui. C’est vraiment par passion que je suis venu à ce métier. D’abord, il faut dire que j’ai une formation de juriste à la base. J’ai fait le Droit à l’Université d’Abidjan. Mais depuis tout-petit, j’ai toujours rêvé du métier de journaliste. A preuve, j’achetais des journaux avec mon argent de poche plutôt que d’acheter du pain ou de l’attiéké. Mes amis de la FAC me le reprochaient souvent. Ils ne comprenaient pas pourquoi je mettais de l’argent dans les journaux. Ils disaient même : « Toi, c’est journal qui va te nourrir. »
De quoi souffre Anassé exactement ?
Les médecins disent que j’ai fait une toxoplasmose cérébrale. Selon leurs explications, j’avais un abcès dans le cerveau qui a éclaté. Ce qui a touché le système nerveux périphérique et provoqué une paralysie du côté gauche. Mais heureusement, le système nerveux central a été épargné.
Les patrons du quotidien ‘’L’Inter’’ ont-ils réagi depuis que tu es dans cet état?
Oui,’’ L’Inter’’ s’est très-bien occupé de moi. J’étais assuré. C’est ma grande sœur qui m’a envoyé dans une grande clinique de la place où j’y ai été interné. J’ai même été dans un coma de trois semaines. Et des personnalités de ce pays me sont venues en aide. Notamment le ministre Alain Lobognon qui a pris en charge une partie de mes soins. La Première Dame Madame Dominique Ouattara m’a aussi apporté une contribution financière très importante. Et je profite de votre site pour leur dire merci du fond du cœur. J’ai besoin de soutien financier pour accélérer ma rééducation et entreprendre une activité génératrice de revenus, car je suis sans ressources depuis plus de huit mois.
Qu’en est-il alors pour le métier de journalisme ? Etes-vous prêts à reprendre la plume ?
En tout cas, si je retrouve la plénitude de mes moyens physiques. Parce que sur le plan intellectuel je pense bien que je n’ai pas de souci. Dieu merci j’ai un ordinateur et la connexion internet à la maison. J’essaie donc de m’exercer de temps en temps. Le seul problème, c’est la plénitude de mes moyens physiques. Si je la retrouve, il n’ya pas problème, la presse c’est une passion pour moi. Mais ce n’est pas tout à fait évident parce que cela fait un an et demi que je ne travaille plus. Je ne sais pas si l’entreprise dans laquelle que travaillais avant la maladie pourra m’accepter, voilà pourquoi j’ai besoin de soutien financier pour me lancer dans une activité avant la rentrée scolaire prochaine, afin de pouvoir scolariser mes enfants. Puisque je ne vais pas toujours tendre la main ou attendre la providence. C’est un cri du cœur que je lance.
Vous clamiez être oublié des nouvelles instances de l’UNJCI…
J’ai cité tous ceux qui m’ont aidé sans toutefois mentionner l’UNJCI. C’est une omission. L’UNJCI m’a beaucoup aidé ; surtout quand le président Traoré Moussa était à la tête de l’UNJCI. C’est-à-dire avant que notre organisation ne connaisse cette situation. Il (MT) est venu me voir à mon domicile et a dégagé des moyens chaque fin de mois pour moi. Il l’a fait jusqu’à ce qu’il soit sanctionné par le Conseil national de la presse. Je ne sais pas si les nouvelles autorités de l’UNJCI sont vraiment bien informées de la situation que je vis. Sinon je n’ai reçu aucune aide encore moins de visite depuis qu’elles sont là.
Et les confrères ?
Pour être honnête, la corporation ne m’a pas laissé tomber. A commencer par mes collègues de L’Inter et même de Soir Info qui m’ont beaucoup soutenu financièrement. Dieu merci, j’ai un bon commerce avec tout le monde. Les aînés ont réagi. Il ya le directeur de l’Istc, Alfred Dan Moussa, Agnès Kraidy ex- rédactrice en chef à Fraternité Matin, Méité Sindou actuellement Directeur Secrétariat national à la bonne gouvernance, Touré Moussa, le conseiller spécial en Communication du Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro ; Mme Bernice N’Guessan, Directrice exécutive du Fonds de développement et de soutien de la presse qui m’a fait parvenir une enveloppe… La liste n’est pas exhaustive. Des amis de l’extérieur du pays me sont également venus en aide. Par exemple le patron du site Connexionvoirienne.net s’est déplacé de la Hollande pour venir me voir. J’ai également mon oncle, Préfet de région qui continue de m’assister jusqu’à ce jour. Chaque fin de mois il dégage une enveloppe pour moi. Je profite de votre média pour dire un grand merci à tout le monde, sans oublier les hommes de Dieu qui sont allés priés pour moi à l’hôpital et à la maison. Mais il se trouve que toutes ces aides ont été englouties dans mes soins. Parce qu’ils me revenaient en moyenne à 200. 000 FCFA par mois. Il me fallait faire une rééducation à domicile. Il fallait donc faire venir un kiné à domicile parce que j’étais totalement paralysé pendant 10 mois. Ça me revenait à 10.000 F la séance à raison de 40 séances, sans compter l’appareillage qu’il a installé et qui m’est revenu à 200.000F. J’ai dépensé plus de 2,5 millions de FCFA seulement pour mes soins hors hôpital. J’ai suivi aussi des traitements à l’indigénat et participé à des séances de prières. Durant les dix premiers mois où j’étais totalement paralysé, c’est ma grande sœur qui s’est entièrement occupée de moi. Elle me mettait même la nourriture à la bouche, me lavait, me transportait, etc. J’étais comme un bébé.
Comment Anassé Anassé se porte-t-il aujourd’hui ?
Sur le plan de la santé en général, je me sens bien dans mon corps, je me sens bien dans ma tête. Le seul problème que j’ai, c’est au niveau de mes membres supérieurs et inférieurs gauches. Je n’arrive pas à plier mon genou gauche quand je marche. J’ai aussi des problèmes au niveau de mon épaule gauche. C’est un peu comme si mon épaule gauche était déboîtée par la maladie. Mes médecins m’ont conseillé de faire une double opération aussi bien au niveau de l’épaule que du mon genou, mais je n’ai plus de moyens. C’est la difficulté majeure que j’ai en ce moment. Me déplacer sans la canne, c’est mon souhait le plus ardent.
Votre état a-t-il eu un impact sur votre vie de couple ?
(La tristesse se lit sur son visage. Il répond presque la gorge nouée…). Oui, ma famille s’est disloquée. Etre séparé de sa femme, de sa partenaire pendant un an et demi et de ses enfants, ce n’est pas du tout facile. Madame vient me rendre visite chaque semaine. Elle continue de m’assister comme elle le peut. Je prie Dieu pour ne pas que ma famille se disloque totalement ; que je guérisse très bientôt pour que ma famille et moi puissions nous retrouver sous le même toit comme avant ma maladie. Depuis un an et demi je suis chez ma grande sœur qui a abandonné ses activités commerciales pour s’occuper de moi. Elle est mariée et son époux se trouve à l’intérieur du pays dans le cadre de son travail. Je voudrais le remercier au passage pou tout ce qu’il a fait et continue de faire pour moi. C’est lui qui m’a offert le gîte et le couvert. Ma sœur étant sans ressources, nous vivons tous du salaire de son mari.
Ton mot de fin
Je lance un appel à toute la Côte d’Ivoire. Je veux dire aux Ivoiriens et même ceux de la Diaspora, que je souhaite qu’ils me viennent en aide. J’ai besoin d’une prise en charge médicale pour ma rééducation. On m’a fait savoir que des pays africains ou occidentaux voire orientaux ont l’expertise pour pouvoir me permettre de recouvrer la santé et ma motricité d’antan ; notamment le Maroc, la Tunisie, l’Inde, la France, les Etats-Unis d’Amérique, etc. C’est un cri de détresse que je lance surtout pour l’avenir de mes quatre enfants. Parce qu’ils sont en bas âge. Ma première fille est âgée de 15 ans et sera en 1ère D l’année prochaine ; je crains qu’elle ne puisse plus aller à l’école à cause de ma situation. Le dernier n’a que 2 ans. Je ne voudrais vraiment pas les laisser comme cela.
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