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Interview / Roger Youan (Président de la Coalition Ça Suffit !) au Président Ouattara : « On ne peut pas avoir combattu un système et le retrouver sous un autre visage, à votre accession au pouvoir »


Avant le lancement officiel des activités du mouvement de pression politique, « la Coalition ça suffit ! », le président Roger Youan s’est rendu au siège du site www.lepointsur.com sis à Yopougon. La rédaction a échangé avec le leader d’opinion à travers une interview.Nous n’avons pas le droit de diviser notre pays“  a-t-il martelé. Lisez la suite

 

M. Roger Youan à gauche répondant aux questions de Seriba Koné

M. Roger Youan à droite répondant aux questions de Seriba Koné

Roger Youan, vous êtes président de la ‘’Coalition Ça suffit’’. Pouvez-vous la définir et nous faire part du rôle qu’elle s’est assignée ?

Merci beaucoup de l’honneur et de l’opportunité que vous me donnez de me prononcer sur l’actualité. Merci surtout de me recevoir dans vos locaux du site : www.lepointsur.com , aussi somptueux. Je me rends compte que du travail que vous faites va au-delà de ce que nous avons pu imaginer. Nous allons demander au Tout-puissant de vous aider à aller de l’avant pour aider le pays à sortir de la pauvreté et à s’engager dans la voie de la bonne gouvernance. Mais surtout le Président de la République dans sa vision de faire émerger le pays. Pour revenir à votre question, je voudrais dire que Dieu m’a fait la grâce d’être élu par mes pairs pour diriger la ‘’Coalition Ça suffit !’’.

La coalition est un mouvement de pression.La ‘’Coalition Ça suffit !’’ n’est pas un parti politique. C’est un mouvement de pression politique. Dans tous les pays où la lutte pour la démocratie devient un rêve pour les citoyens, il y a des organisations de la société civile qui naissent et aident à enraciner la démocratie.

« La ‘’Coalition Ça suffit !’’ n’est pas un parti politique. C’est un mouvement de pression politique. Dans tous les pays où la lutte pour la démocratie devient un rêve pour les citoyens, il y a des organisations de la société civile qui naissent et aident à enraciner la démocratie »

Certes les partis politiques existent, mais les mouvements de pression sont plutôt des mouvements dans le peuple, avec pour vocation de porter ses aspirations. Qui dénoncent au besoin, lorsqu’il qu’il y a des actes posés qui vont contre l’aspiration du peuple. C’est dans ce sens que nous avons bien voulu mettre sur pied en Côte d’Ivoire, une organisation similaire.

Depuis quand cette coalition existe-elle?

Officiellement, elle est née le 14 septembre 2014. Nous travaillions en secret jusqu’au jour où nous avons organisé une Assemblée générale constitutive, après avoir déposé les documents auprès de l’autorité. Nous avons aujourd’hui un bureau qui est formé et soutenu par un statut et règlement intérieur.

Avant d’en arriver là, vous avez été leader d’opinion, ex-membre de la Galaxie patriotique et ex-président du Collectif des victimes de la force Licorne (événements des 6, 7, 8 et 9 Novembre 2004). Pouvez-vous nous expliquer les raisons pour lesquelles vous vous êtes retrouvés à la Maca, et ensuite au cœur du pouvoir Ouattara ?

D’abord, je voudrais vous préciser que je ne suis pas au cœur du pouvoir Ouattara. Je suis comme tout citoyen qui a contribué, à un moment donné, au changement d’un système. Il y a ceux à qui Dieu a fait la grâce d’être désignés pour diriger à partir de postes importants. Je suis plutôt un observateur de la scène politique, un leader d’opinions et responsable d’un mouvement de pression. A ce titre, j’essaie de contribuer à la construction et à la consolidation de la nation. Cela dit, j’étais effectivement membre de la Galaxie patriotique. Non pas parmi ceux qui étaient au-devant de la scène, mais plutôt dans l’antichambre. Je faisais partie de ceux qui réfléchissaient, concevaient, proposaient et donnaient des idées.

« j’étais effectivement membre de la Galaxie patriotique. Non pas parmi ceux qui étaient au-devant de la scène, mais plutôt dans l’antichambre. Je faisais partie de ceux qui réfléchissaient, concevaient, proposaient et donnaient des idées ».

Lorsqu’il y a eu les événements de 2004, j’ai été blessé à l’hôtel Ivoire. J’ai pris une balle dans la jambe droite. Par la suite j’ai été hospitalisé au Chu de Cocody en traumatologie. Pendant 6 ans, j’ai dû porter des béquilles. C’est de ce moment que l’idée nous est venue de créer un collectif. Par la grâce de Dieu, le choix de mes camarades victimes s’est porté sur moi pour diriger notre organisation. Charles Blé Goudé était, en ces temps-là, le leader incontesté de la Galaxie patriotique. Toutefois, lorsqu’il ne faisait pas l’unanimité et qu’il lui arrivait de se tromper, il y a des gens courageux qui lui rappelaient ses écarts de comportement. Avec toute l’humilité qui me caractérise, j’étais de ceux qui disaient à Charles Blé Goudé «Vous vous trompez», lorsque nous sentions qu’il était sur la mauvaise voie.

M. Roger Youan à gauche répondant aux questions de Konaté Idriss

M. Roger Youan à gauche répondant aux questions de Konaté Idriss

A quel moment exactement vous le lui avez-vous rappelé ?

C’est à partir de 2006, lorsqu’il a commencé à basculer dans un discours.

C’est-à-dire ?

Lorsqu’il a commencé à opposer une partie des Ivoiriens à une autre. Bien plus, lui-même à un moment donné, il s’est convaincu qu’il avait un avenir politique. Ce qui est normal. Car l’on peut toujours avoir des ambitions qui, malheureusement, peuvent être prématurées. D’autant plus qu’à l’époque, on avait tous décidé d’aider le Président Laurent Gbagbo à faire en sorte qu’on sorte de la crise militaro-socio-politique dans laquelle notre pays était plongé depuis 2002.

Mais pourquoi l’avoir laissé tomber au moment où il avait le plus besoin de vous ?

Ecoutez, moi je soutiens la vérité. Je suis pour la justice. Retenez que le patriotisme n’est pas au service d’un parti politique. Nous nous sommes engagés auprès de l’ex-Président en 2003. Il y a eu une attaque à main armée, suivie de la rébellion. Des frères avaient pris des armes et ils avaient leurs raisons. Pour cela, on ne pouvait pas les blâmer, encore moins les crucifier. C’est sûr qu’il y a eu quelque chose qui les y a poussés.

Vous voulez parler d’injustice ?

Effectivement, il y a eu injustice. Même si je condamne le moyen d’expression, il faut reconnaître que lorsqu’il y a injustice, chacun va avec les moyens dont il dispose pour se faire entendre. Toutefois, je n’aime pas personnellement les coups d’Etat. C’est un phénomène qui, lorsqu’il prospère dans un pays, ruine toutes ses possibilités de développement et son essor démocratique. Gbagbo a été de façon « calamiteuse, » comme il l’a soutenu lui-même. Mais, une fois l’élection acceptée par la communauté nationale et internationale il était le Président des Ivoiriens. A ce titre, il voyageait et était même prêt à être reçu par le Pape lorsque son pouvoir a reçu le coup de massue.

Il fallait le soutenir, pas en tant qu’individu, mais en tant que Président de la République. Car, il incarne une institution. Dans notre vision, il était nécessaire de sauvegarder les institutions de la République pour qu’on parle politique après. Comme un seul homme donc, nombreux sont les Ivoiriens sans étiquette politique qui se sont mobilisés pour sauvegarder les institutions de la République. Là-dessus, je peux vous dire que je n’appartiens à aucune famille politique. Mieux, je mets quiconque au défi de retrouver mon nom  inscrit sur les fichiers d’un parti politique. Cela peut arriver demain, mais pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour. Avec l’évolution des choses, nous nous sommes rendu compte que le pouvoir Gbagbo exagérait en matière d’injustice. Alors, nous avons décidé de ne pas nous taire. Il fallait signaler que le chemin choisi conduisait droit dans le mur. C’est lorsque nous avons eu le courage de le dire que nous avons basculé parce qu’ont était incompris.

Quels étaient vos objectifs au départ ?

Comprenez que le pays vivait une crise et nous avons voulu, par tous les moyens légaux préserver les institutions qui l’incarnent. D’autant plus qu’un pays sans Etat ne représentait rien. Il fallait y arriver. C’était l’un des premiers objectifs fixés. Mais au-delà, il fallait s’arranger pour que des solutions soient trouvées aux causes profondes de la crise.Nous sommes tous fils de la Côte d’Ivoire. A ce titre, nous pouvons avoir des divergences, mais nous devons faire en sorte à préserver l’essentiel qui est le pays, la Côte-D’ivoire. Nous n’avons pas le droit de diviser notre pays. Cette manière de voir les choses nous avait automatiquement mis ensemble. Cependant, nous ne pouvions pas accepter que certains se croient plus malins et  prennent le soin de dévoyer notre combat. Nous ne pouvions pas accepter que le Nord constitue un problème pour le reste du pays et vice-versa. Nous nous sommes dressés contre la division des Ivoiriens par la volonté de Charles Blé Goudé

« Nous sommes tous fils de la Côte d’Ivoire. A ce titre, nous pouvons avoir des divergences, mais nous devons faire en sorte à préserver l’essentiel qui est le pays, la Côte-D’ivoire. Nous n’avons pas le droit de diviser notre pays. Cette manière de voir les choses nous avait automatiquement mis ensemble. Cependant, nous ne pouvions pas accepter que certains se croient plus malins et  prennent le soin de dévoyer notre combat. Nous ne pouvions pas accepter que le Nord constitue un problème pour le reste du pays et vice versa. Nous nous sommes dressés contre la division des Ivoiriens par la volonté de Charles Blé Goudé ».

Est-ce pour cela que vous avez fait la prison ?

C’est d’abord pour cela que j’ai été jeté en prison.  En lieu et place de la police, j’ai été mis aux arrêts par la Garde républicaine, sous le commandement du Général Dogbo Blé Bruno. On m’a d’abord dit que j’étais poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Le délit a évolué après pour devenir, abus de confiance. C’est grâce à une délégation de la Lidho (Ndlr : Ligue ivoirienne des Droits de l’Homme) que j’ai été sorti du Blindé du Bâtiment C où j’étais pour un délit de «complicité de tentative de vol de nuit en réunion à main armée et association de malfaiteurs», pour une autre cellule dite responsable, trois mois après. Je vous rappelle au passage que je n’ai pas été seul à être déféré, le l’ai été avec un de mes collaborateurs qui lui est resté au Bâtiment B avec pour délit, abus de confiance pendant que moi je suis directement envoyé au Bâtiment C.

Vous comprenez aisément que c’est parce que nous avons pris position contre une façon de gouverner qui n’a pas été promise aux Ivoiriens que nous avons été jetés en prison, sans ménagement.

Mais tout cela a été aussi un moment de formation pour moi. Cela m’a permis d’apprendre. Et croyez-moi j’ai très bien appris. Aujourd’hui je poursuis mon chemin ; convaincu que c’est le bon.

De Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara rien n’a changé en matière d’incarcération au niveau de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Quel est votre commentaire là-dessus ?

C’est d’ailleurs ce qui nous pousse à prendre position contre ceux qui, de façon abusive, se font appeler collaborateurs du Président de la République qui posent des actes antidémocratiques. Aujourd’hui, à la Maca, en plus du surpeuplement, il y a un homme du nom «Yacou le Chinois» qui règne en maître. Ce qui est inacceptable. Comment comprendre qu’on envoie quelqu’un en prison pour changer, mais qui, en retour, devient maître du jeu au sein de cette prison ? Mieux, il tient toutes les autorités pénitentiaires au respect, sans que personne ne trouve à redire. C’est inacceptable. Le ministre de la Justice n’est pas étranger à ce dossier sensible.

Quelles déclarations faites-vous dans ce sens pour attirer l’attention des autorités ?

Retenez qu’il ne faut pas seulement faire des déclarations, il faut pouvoir rencontrer des autorités pour leur signifier qu’il y a des choses qui ne vont pas, qui ne fonctionnent pas à tel ou tel niveau. Bien entendu, nous ne pouvons laisser prospérer ce que nous avons critiqué, hier. Pour le moment nos actions sont en privées. Car nous ne voulons pas fonctionner dans l’informel. On a déposé nos statuts et règlements intérieur auprès de l’autorité compétente conformément à la loi. Nous attendons donc patiemment. Mais si rien n’est fait dans le sens du changement, nous serons obligés d’interpeller publiquement les autorités qui en ont la responsabilité. La preuve, je suis venu au sein de votre rédaction pour donner mon point de vue sur certaines situations qui n’honorent pas du tout le pouvoir actuel. On ne peut pas avoir décrié la mauvaise gouvernance sous Gbagbo pour la retrouver pendant le règne du Président Alassane Ouattara.

Le drame malheureusement, c’est que le Président Ouattara continue de garder dans son gouvernement les mêmes qui avaient servi sous l’ex-Président et qui, par extraordinaire, sont ceux-là mêmes qui font aujourd’hui le procès de Laurent Gbagbo. On ne peut pas faire le bilan sur le dos de celui dont on a été le collaborateur.

« Si rien n’est fait dans le sens du changement, nous serons obligés d’interpeller publiquement les autorités qui en ont la responsabilité. La preuve, je suis venu au sein de votre rédaction pour donner mon point de vue sur certaines situations qui n’honorent pas du tout le pouvoir actuel. On ne peut pas avoir décrié la mauvaise gouvernance sous Gbagbo pour la retrouver pendant le règne du Président Alassane Ouattara.

Le drame malheureusement, c’est que le Président Ouattara continue de garder dans son gouvernement les mêmes qui avaient servi sous l’ex-Président et qui, par extraordinaire, sont ceux-là mêmes qui font aujourd’hui le procès de Laurent Gbagbo. On ne peut pas faire le bilan sur le dos de celui dont on a été le collaborateur ».

M. Roger Youan pose ici avec le DP de www.lepointsur.com, Diarrassouba Abdul Kader Stéphane

M. Roger Youan pose ici avec le DP de www.lepointsur.com, Diarrassouba Abdul Kader Stéphane

Vous êtes d’accord que certains sont ministres depuis 2003. A croire qu’ils sont nés pour être ministres. Il n’est donc pas surprenant de constater les mêmes dérapages constatés sous l’ex-Président Laurent Gbagbo. Nous ne pouvons que demander au Président de la République de prendre ses responsabilités et de mettre fin au désordre qui a cours dans son entourage. Nous souhaitons que le Président et ses collaborateurs soient intraitables. Comprenez que c’est le Président qui doit rendre compte au peuple de Côte-d’Ivoire qui l’a élu. Les Ivoiriens n’ont pas voté les ministres qui sont membres du gouvernement. Ils n’ont pas non plus voté ses alliés. Le vrai patron, c’est le peuple de Côte d’Ivoire devant qui le Président aura à rendre compte.

Monsieur le Président, les Ivoiriens connaissent votre rigueur et vos compétences. La preuve, plusieurs n’ont pas hésité à se faire assassiner et tuer pour la liberté, pour le triomphe du verdict des urnes. Des ivoiriennes et des ivoiriens n’ont pas hésité à risquer leurs libertés et leurs vies  pour que vous arriviez au pouvoir. A juste titre, je reprends le titre de Yodé et Siro qui dit : «Monsieur le Président, lorsque le peuple vous choisit, faites attention aux personnes que vous choisissez. Si vous choisissez voleur, c’est qu’on va appeler voleur». Nous disons au Président de refuser que ses compatriotes le traitent de voleur alors qu’il ne l’est.

Parlant justement de vol de deniers publics, quelle est votre sentiment sur cette affaire dite «affaire de 400 millions». Vous êtes sous le choc comme tout le monde?

Oui je suis choqué. Je suis en colère. Quelle différence y a t-il entre un ministre qui surfacture, vole l’argent du peuple (comme cette affaire de 400 millions FCFA) et quelqu’un qui a volé 100f CFA dans le gbaka de la ligne abobo – adjamé ou des pommades dans un supermarché? Avec le premier cité on a seulement « tapé du poing sur la table » et quant au second, humilié et déferré à la MACA. Sinon les deux ce sont des voleurs.Je demande au Président d’arrêter de se faire mal avec les pauvres tables. Qu’il « tape du poing sur les têtes de ses ministres » devenus, pour certains, des bourreaux du peuple au service duquel ils sont. Que le Président ne se limite pas seulement aux pauvres DAAF qui ne sont que des exécutants. Pourquoi toujours eux ? J’exige la démission de ce gouvernement. Que certains ministres soient remerciés.

« Je demande au Président d’arrêter de se faire mal avec les pauvres tables. Qu’il « tape du poing sur les têtes de ses ministres » devenus, pour certains, des bourreaux du peuple au service duquel ils sont. Que le Président ne se limite pas seulement aux pauvres DAAF qui ne sont que des exécutants. Pourquoi toujours eux ? J’exige la démission de ce gouvernement. Que certains ministres soient remerciés ».

Il y en a qui font du bon travail. Nous les connaissons tous. On peut lui fournir leur liste s’il a des difficultés. Ceux-là il faut les reconduire. Mais il faut faire maintenant appel à de nouvelles compétences. Nous en avons suffisamment chez nous. Je demande au Président d’arrêter la progression du cancer. Arrêtez cette hémorragie Monsieur le Président ! On ne peut pas avoir combattu un système et le retrouver sous un autre visage, à votre accession au pouvoir. Le Président lui-même a dit qu’il est contre de telles pratiques. Je suis donc en mission pour qu’il réussisse son projet ambitieux de l’émergence de notre pays à l’horizon 2020. Je veux qu’il réussisse pour le bonheur du peuple. Nous constatons qu’il y a certains ivoiriens qui rament à contre courant.

« Arrêtez cette hémorragie Monsieur le Président ! On ne peut pas avoir combattu un système et le retrouver sous un autre visage, à votre accession au pouvoir. Le Président lui-même a dit qu’il est contre de telles pratiques. Je suis donc en mission pour qu’il réussisse son projet ambitieux de l’émergence de notre pays à l’horizon 2020. Je veux qu’il réussisse pour le bonheur du peuple. Nous constatons qu’il y a certains ivoiriens qui rament à contre courant ».

Nous les dénonçons et les dénoncerons toujours. Que ceux qui abusent du peuple subissent la rigueur de la loi. Elle est faite pour tous.

Quel est le sentiment de «la Coalition ça» suffit sur le fait qu’il y encore des exilés et prisonniers politiques ?

Très sincèrement, ce qui doit nous préoccuper tous, c’est que la Côte d’Ivoire s’apaise. Nous sortons d’une crise et il faut pouvoir se donner les moyens de fermer définitivement la parenthèse. Je voudrais supplier le Président de la République de tout faire pour consolider la cohésion entre les Ivoiriens. Que des ordres soient donnés pour l’accélération du dossier des prisonniers politiques. Notre souhait est que l’occasion des prochaines échéances électorales  soit l’occasion  d’une mobilisation, d’une communion et d’une vraie fête de tous les Ivoiriens. Que les vaincus félicitent les vainqueurs et que les vainqueurs soient modestes et humbles dans la Victoire. Nous travaillons et vivons tous pour une seule maman, un seul papa, la Côte-D’ivoire. Je ne veux pas que les ivoiriens se retrouvent encore sous leurs lits. Je ne veux pas que les ivoiriens mangent de l’attiéké avec coco simplement parce qu’ils sont allés voter. Non, je le refuse ! Vous savez, on se fait mal les uns les autres pour rien. Y a-t-il quelqu’un en Côte d’Ivoire qui n’ait aucune responsabilité dans le drame que nous avons tous vécu ? Personne. Nous sommes tous responsables. Autant que nous sommes. Faisons le sacrifice de fermer la parenthèse. Je le dis toujours et je le répète encore, il n’ya jamais de sacrifice assez grand pour son pays. Pour l’unité nationale, pour la paix, pour l’avenir, que chacun fasse un peu de sacrifice. Que chacun donne juste un peu du sien.

Avez-vous confiance au Président Ouattara ?

Il n’y a pas de raison de douter de lui. Il a promis faire un travail dont les résultats sont déjà visibles à mi-parcours. Il reste beaucoup à faire. On le comprend, il n’est pas un extra-terrestre. Cependant il ne doit pas oublier le sacrifice du peuple de Côte d’Ivoire. Il doit rassurer son patron qui est le peuple. L’émergence dont il parle est une vision politique. C’est un cap qu’il fixe. Il faut qu’il entraine tout le peuple dans cette vision. Sa gouvernance doit rassurer les ivoiriens. Il ne pourra pas le faire tout seul. C’est au peuple de faire bloc pour l’accompagner à réussir sa mission. Ce même peuple doit aussi rester vigilant pour ne pas accepter l’inacceptable. Car mon souhait est que le Président Ouattara ne rate pas le rendez-vous de l’histoire comme certains de ses prédécesseurs. Il a encore des cartes.

 

Réalisée par Sériba Koné et Idrissa Konaté

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