Interview / M. Meney Kaman Georges (SG du SYNAESCOM-CI) : « J’ai de grands espoirs mais… »
A l’initiative du Syndicat national des agents des établissements sanitaires de Côte d’Ivoire, il s’est tenue une conférence-débat, sur le thème ‘’Devoirs et Droits des Agents de santé à base communautaire pour l’amélioration de la qualité des soins’’, le Samedi 17 mai 2014 à la Coopec d’Abobo. Au sortir de cette conférence, le secrétaire général du SYNAESCOM-C, M. Meney Kaman Georges s’est livré à nous.
Quelle analyse faites-vous de la conférence-débat ?
Nous sortons très édifiés de cette conférence-débat. Et nous sommes satisfaits de l’exposé du conférencier. A preuve, beaucoup de questions sont restées en suspend à cause du temps qui nous est impartis. Mais je crois que nous aurons une autre occasion de rencontre pour répondre à toutes les préoccupations des agents. Ils auront également droit à une formation pour en savoir plus sur les Droits et Devoirs.
Y a-t-il de l’espoir quant à l’amélioration de vos conditions de vie ?
Oui, il y a beaucoup d’espoir. Vu la forte présence des agents de la santé communautaire, de l’UGTCI, de beaucoup de structures à base communautaire et la présence de notre PCA, nous avons de l’espoir que le gouvernement à travers notre ministère de tutelle relayera l’information auprès du Président de la République, Alassane Ouattara afin qu’un regard soit tourné vers nous qui faisons plus de 80% des consultations au niveau de la santé primaire. Parce que le syndicalisme, ce n’est pas toujours être en train de casser, faire de la bagarre. Mais plutôt négocier, faire comprendre, attirer l’attention des gens sur notre souffrance. C’est ce que nous sommes en train de faire à travers des conférences et séminaires.
Votre problème est récurrent. Aussi, nous savons qu’en Afrique, on ne prête oreille qu’à ceux qui emploient la violence pour manifester leur mécontentement face à une quelconque situation. Qu’en est-il pour votre syndicat ? Et comptez-vous faire au cas où êtes à bout de vos espérances ?
En ce moment on nous aurait poussés à la violence. Mais pour l’heure, nous avons pris le chemin de la négociation, à travers les conférences et les séminaires. Mais lorsque nous ne recevrons pas de retour favorable, alors, les dispositions seront prises pour déposer des préavis de grève par rapport à nos conditions de vie et nos salaires qui ne changent pas. Le Président Ouattara a demandé que le SMIG passe de36 000 FCFA à 60 000FCFA. Nous demanderons à ce que la manière dont nous sommes payés soit revu. C’est-à-dire 3 ou 4 mois après. Ce n’est pas normal
Les syndiqués ne sont-ils pas à bout de patience ? Partagent-ils votre avis ?
Non pas du tout. Ils ne sont pas à bout de leur patience. Bien au contraire, ils sont très optimistes et gardent le secret espoir que les conditions de vie s’amélioreront. Tous les agents des établissements à base communautaire font confiance au SYNAESCOM-CI, parce que c’est un jeune syndicat qui, quand bien même jeune lutte beaucoup pour leur bien-être. Vous savez que depuis les années 1990, on a interdit la création d’un syndicat au niveau des structures à base communautaire. Ce ne sont donc que d’autres personnes qui parlaient à notre place. Avec tous les déshydratas que nous avons subissions.je veux dire, l’épée de Damoclès était constamment sur notre tête. Nous étions victimes de renvois de tous ordres. Et nous n’avions personne pour nous défendre. Nous avons décidé de mettre sur pied ce syndicat qui existe depuis 2012. Surtout que le Président Ouattara a dit qu’il aime beaucoup écouter ceux qui ne sont pas à l’aise. Il a dit être là pour aider les Ivoiriens pour l’émergence 2020. Nous comptons sur lui pour que les conditions de vie dans ces structures à base communautaires changent. Et que les agents ne perçoivent plus des salaires de misère. (NDLR : 25 000 FCFA ou 30 000FCFA).Avec ce montant une personne ne peut vivre décemment, payer son loyer, s’occuper de ses progénitures, se nourrir pendant 30 jours. (Il s’écrie : Non ce n’est pas possible.)
Un appel à lancer ?
Je souhaiterais que le ministre de la santé, Raymonde Goudou Coffie soit regardant sur ces structures. Au besoin voir comment elles travaillent. Parce que nous ne sommes pas des contractuels. Des manœuvres qui travaillent dans une plantation et à la fin du mois, ils ignorent quand ils seront payés. Il faut que la ministre se penche sur les réalités que nous vivons parce que nous voulons travailler, soigner nos patients tout en ayant un moral fort. Et pour l’avoir, c’est être payé décemment et toutes les fins de mois. Nous ne voulons plus des gens qui soignent les malades alors qu’ils sont moralement malades. Grace à nos services, les Centres hospitaliers universitaires sont désengorgés. Nous faisons beaucoup ; nous soulageons les populations.
Réalisé par Opportune BATH
Légende, Meney Kaman Georges, SG du SYNAESCOM-CI
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