Interview/Honorable Akoto Olivier (Commissaire général du FICAD) : ‘’Nous voulons réussir le pari de la promotion socioéconomique et culturelle de notre région’’
CIV-lepointsur.com (19-3-2018) Dans une interview accordée au journal en ligne Lepointsur.com, le commissaire général du Festival International de la Culture et des Arts de Daoukro (FICAD), l’honorable Oliver Akoto situe les enjeux de l’édition 2018.
Honorable Olivier Akoto, vous êtes le commissaire général du FICAD. Du 25 mars prochain au 01 avril 2018, la capitale de l’Iffou, Daoukro sera l’une des destinations touristiques ivoiriennes les plus prisées à l’occasion de la 14eme édition du Festival International de la Culture et des Arts de Daoukro. Avant de mettre les pieds dans le plat, pourriez-vous revenir sur la 13eme édition? Un bref bilan de ce qui s’est passé.
Merci pour l’occasion que vous me donnez de me prononcer sur cette grande attraction culturelle qu’est le FICAD. Revenant à votre question, je voudrais vous rassurer que la 13ème édition s’est déroulée dans de très bonnes conditions, vu la qualité des acteurs culturels qui ont défilé, vu la qualité des artistes qui ont meublé le festival. Je veux citer, entre autres, le monumental DJ Arafat, la Tigresse Sidonie et tous ces artistes venus des quatre coins du pays. La foire commerciale et surtout la qualité des personnalités présentes à l’événement avec en première ligne, le Ministre d’Etat, Hamed Bakayoko. Bien entendu, l’engouement était au rendez-vous, d’autant que chaque jour ce sont au moins près de 10.000 personnes qui venaient prendre part au festival. Au cours de cette édition, nous avons réussi à donner plus de contenu au FICAD, avec notamment la formation de nos leaders communautaires et les chefs traditionnels de l’Iffou au nombre de 156, à la gouvernance locale, au leadership et au protocole coutumier, afin de donner un cachet communautaire au festival. Nous avons profité de la 13e édition du FICAD pour mener une action sociale à l’hôpital général de Daoukro pour avoir un impact sur nos communautés. Et vu l’impact de tout cela avec les complexes hôteliers qui ne désemplissent pas pendant deux semaines, avec tous les petits commerçants qui font boutique, avec toute cette ferveur et la joie que cet événement a procuré à nos populations, on ne peut que se réjouir et dire que nous avons eu un FICAD 2017 assez impactant, assez positif.
Le FICAD 2018 se tiendra du 25 mars au 1er avril 208. Quelles seront les grandes articulations de cette édition ?
Nous aurons les mêmes articulations habituelles. Il s’agit notamment de la grande foire commerciale et gastronomique, puisque le FICAD devient une vitrine de promotion des entreprises, des opérateurs économiques qui viendront faire la promotion de leurs produits et services. Donc cette grande foire va se dérouler pendant une semaine. Nous avons un grand manège qui est arrivé à Daoukro déjà depuis le 13 mars 2018 et y restera pendant trois semaines pour le bonheur des enfants et des grandes personnes. Nous avons naturellement les activités culturelles avec les danses traditionnelles. Retenez déjà la danse Goly de Bendie-kouassikro de la région de Gbekè qui vient et un groupe artistique sénégalais cette année. Pour dire que le folklore est de mise dans le cadre du brassage des peuples et des cultures avec naturellement les groupes traditionnels de la région. Nous avons naturellement le concours culinaire traditionnel qui fait la promotion des mets de la région de l’iffou et des mets des quatre coins de la Côte d’Ivoire. Nous ferons également la promotion de la beauté avec une grande soirée de mode avec des stylistes internationaux qui vont se fondre avec nos acteurs de la mode de la région. Comprenez que la région de L’iffou est constituée de trois départements dont Daoukro, Mbahiakro et Prikro qui ont vu naître de grands couturiers et de grandes coiffeuses. Et on leur donne une occasion de s’exprimer à travers ce FICAD 2018. Et c’est une grande innovation que nous apportons cette année. Et ce sera suivi le vendredi 30 mars 2018, de la soirée de beauté à l’hôtel de la paix pour désigner la plus belle fille ou Miss ficad 2018. Naturellement, nous aurons cette grande parade carnavalesque qui va faire participer toutes les couches socioprofessionnelles de la région de l’iffou, pour démontrer ce qu’on a comme patrimoine dans notre région. Et naturellement, le concert géant Nanan Anoublé du FICAD. Entre autres, artistes confirmés déjà, je peux vous citer Nestor David qui va faire un grand concert œcuménique, puisque nous avions voulu joindre l’utile à l’agréable pour dire que le Paquinou Baoulé c’est d’abord un événement religieux. Il y aura également Amani Johny qui sera à nos côtés, ainsi que de grands artistes comme Yodé et Siro, Bebi Philippe, Molière dont les contrats sont en voie de finalisation. En principe, ils devraient être là. Nous avons comme innovation majeure pour cette année, le grand concours initié à travers les cinq régions Baoulé de Côte d’Ivoire, à savoir le Gbêkê, le Bélier, le Nzi, l’Iffou et nous invitons également notre région sœur du Moronou. Ces régions vont voir compétir leurs meilleurs chansonniers traditionnels. Vous savez qu’en pays Baoulé les chansonniers traditionnels commencent par les guitares à trois cordes. Quand vous voyez Nguess bon sens, Amani Johny, La Tigresse Sidonie, ils sont tous passés par là. Donc nous voulons faire la promotion de cet instrument en donnant de la chance à des futurs Nguess Bon Sens et bien d’autres pour pérenniser leur art. Ainsi, depuis un mois, la compétition est ouverte dans ces localités citées et chaque région viendra avec deux artistes qui vont être distingués pendant le FICAD. A la phase finale, nous attendons dix grands chansonniers du 25 mars au 1er avril 2018. Le meilleur chansonnier de cette grande finale qui se tiendra le jeudi 29 mars 2018, bénéficiera d’une production discographique, afin de lui permettre de s’essayer dans la cour des grands. A travers cette compétition, c’est une aubaine que nous donnons aux artistes en herbe. Deuxième innovation majeure pour cette année, c’est le ciné-club. Nous avons initié à travers nos contacts en France, le ciné-club de l’Iffou. C’est une grande première en Côte d’Ivoire, surtout pour les villes de l’intérieur où une région initie un ciné-club. Donc, c’est la production du cinéma à l’état pur au niveau de notre région. Depuis un mois également, nous avons mis sur pied à Daoukro, le ciné-club de l’Iffou, avec des techniciens qui tournent des téléfilms avec des thèmes précis. Ce sont des vidéos thématiques qui vont être produites et qui parlent de l’orpaillage, de grossesses en milieu scolaire, des feux de brousse, de la vente des terres, des conflits fonciers. Toutes ces thématiques seront développées à travers des films qui sont tournés dans les villages de la région de Daoukro. Et ces films vont être projetés pendant le FICAD. Vous verrez que des parents issus de ces villages se verront sur des écrans géants et autres. Dans chaque village, il y’a des comédiens, des gens qui aiment bien faire des blagues, qui aiment bien jouer les artistes. Ce sont des profanes que nous souhaiterions transformés en futurs Gohou, Digbeu cravate, et futures Adrienne Koutouan, pour ne citer que ceux-là. Pour dire qu’on va à l’état pur, à la source pour sortir des talents. Donc c’est une grande innovation du FICAD 2018.
‘’Promotion de l’industrie culturelle et touristique face aux défis du développement local’’. Tel est le thème que vous avez choisi pour cette 14e édition. A quel besoin répond ce choix?
Çà répond à ce que je dis. Voyez-vous, quand on sait aujourd’hui que l’industrie culturelle et touristique en Côte d’Ivoire n’est pas encore prisée. Les pays comme le Maroc, la France, la Tunisie vivent du tourisme. Le Produit Intérieur Brut (PIB) dans ces États est à 45% dépendant du tourisme et de la culture. Ce sont des pays touristiques qui vivent en partie grâce à ce secteur. Figurez-vous qu’avec le MASA (Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan) qui se déroule en côte d’Ivoire, tous les complexes hôteliers d’Abidjan ont été assez combles. C’est le flux financier qui passe. En son temps, quand il y’a eu les jeux de la Francophonie, tous les hôtels, les restaurants, les maquis, les taximètres ont fait fortune. Et à Daoukro par exemple, pendant une semaine de festivités du FICAD, les maquis, les restaurants font peau neuve en même temps et cherchent à renforcer leurs ressources pour pouvoir vendre à ceux qui arrivent. Et cet argent, ce n’est pas pour la poche d’Akoto Olivier, c’est au bénéficie des populations. Et cela fait qu’aujourd’hui, le festival qui est un événement culturel apparaît comme une industrie. Et quand cet événement permet de découvrir des futurs artistes, des futurs acteurs de cinéma, on peut dire que la promotion de l’industrie culturelle a un impact sur le développement local d’une région. Le développement local c’est quoi? C’est comment faire la promotion socioéconomique et culturelle d’une région. Mais à travers cette activité, la promotion est plutôt portée sur notre région. Et donc il y’a des opportunités, une plus-value de ce que gagne nos populations.
Honorable, nous sommes pratiquement au terme de cet entretien, alors qu’est-ce qui selon vous, devrait motiver ces personnes qui n’ont jamais pris part au FICAD ? Un message à l’endroit de ces derniers.
Avant d’arriver à ce message, je voudrais revenir sur un fait. L’an dernier, nous avons initié une formation sur le leadership à l’endroit des chefs coutumiers, parce que nous avons estimé que des chefs coutumiers qui n’ont pas d’audience et de l’influence dans leurs localités, il est clair que ceux-ci précipiteront la ruine la morale de leurs populations. Cette année comme thème qui va avoir un impact sur nos communautés, c’est la promotion de l’eau potable. Aujourd’hui, nous sommes leaders d’opinion, élus et en tant que leader et cadre de l’Iffou qui fait la promotion du département, le problème qui se pose avec acuité dans nos villages, c’est l’accès à l’eau potable. Toutes les pompes villageoises sont en panne. Et nos parents sont encore dans des conditions moyenâgeuses où ils vont encore dans les marigots, dans les sources d’eau pour se ravitailler en eau de consommation. Or, la santé commence par l’eau. Donc à travers le FICAD, nous avons eu l’accord du ministère des Infrastructures économiques qui va venir soutenir la réparation de ces pompes villageoises et en même temps, enseigner à nos populations l’importance de boire l’eau potable. Et dans nos villages, nous avons des comités de gestion de ces pompes qui seront formés à la gestion et à l’utilisation efficiente de ces ouvrages de même que nos leaders communautaires et nos chefs et les réparateurs de pompes eux-mêmes. Voilà un peu la vision que nous avons pour notre région à travers ce festival. Maintenant, pour capter l’opinion nationale, nous disons aujourd’hui, humblement, qu’en quatorze ans, le FICAD est le seul événement culturel de référence qui a cette longévité constante. Sans gros moyens, nous menons ce festival qui est devenu une vitrine référentielle qui inspire plusieurs régions du pays. Je suis heureux qu’il y ait à ce jour beaucoup de festivals en Côte d’Ivoire et je me réjouis d’avoir aidé à créer des festivals. Cependant, le FICAD reste toujours imité mais jamais égalé. J’invite à cet effet la population ivoirienne et tous ceux qui veulent sortir d’Abidjan pour fêter la Paquinou, à choisir la meilleure destination qui n’est autre que Daoukro. Cette ville a une particularité avec sa population chaleureuse qui va vous recevoir chez elle, dans ses contrées pour vous permettre de vivre le Paquinou originel. J’invite, par ailleurs, tous les habitants de Daoukro et ses contrées à s’approprier cet événement et à offrir un accueil très chaleureux aux festivaliers. A tous ceux qui n’ont jamais emprunté la destination Daoukro, je puis vous rassurer qu’on a de quoi à vous faire rêver, parce que nul part ailleurs vous aurez cette opportunité de réjouissance atypique et originale.
Réalisée par Ephraïm Aboubacar