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Interview exclusive/Dr Famoussa Coulibaly (Député UDPCI de Divo commune) : ‘’Il faut privilégier le dialogue (…), mettre l’intérêt général de la nation au devant’’


‘’Que le RHDP ne soit pas un instrument utilisé par des forts contre des faibles’’

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 16-5-2017) Auréolé de sa « double victoire », au terme d’un scrutin législatif invalidé puis repris, le Député de Divo commune, l’honorable Dr Famoussa Coulibaly de l’Union pour la démocratie et pour la paix (UDPCI) d’Albert Mabri Toikeuse, s’est confié à lepointsur.com, en marge de la célébration de la journée du pardon, de la réconciliation et de la cohésion qu’il a organisée à Divo, le dimanche 07 mai 2017. Dans cette interview exclusive, le président de la commission sciences, recherches, technologie et environnement à l’Assemblée Nationale évoque, avec l’humilité qui le caractérise, les secrets de sa victoire et aborde des questions de l’actualité sociopolitique.

Vous avez été élu Député de Divo à deux (2) reprises au terme d’un scrutin invalidé d’abord, puis repris lors des partielles. Quels ont été les secrets de vos deux victoires ?

Parler de secrets, c’est trop dire mais il faut dire que dans la vie lorsqu’on se fixe des objectifs, il faut se donner les moyens de les réaliser. Nos parents du Loh Djiboua, principalement ceux de la commune, ont porté leur choix sur ma modeste personne pour être leur porte-parole au sein de l’hémicycle. Nous nous sommes donc donné les moyens de rassembler les uns et les autres dans l’humilité et la cohésion pour qu’il y ait un esprit nouveau dans la diversité au niveau de Divo. Chaque fois qu’il était possible d’être aux côtés des populations, nous n’avons jamais hésité. Nous avons répondu favorablement à toutes les sollicitations, selon nos capacités, dans les moments de joie comme dans les moments de peine. Nous avons toujours été auprès des populations, de telle sorte qu’une symbiose véritable s’est enclenchée entre nous et les populations. J’appartiens à un parti qui, il y a 5 ans en arrière, n’existait pratiquement pas en termes de structuration. Mais aujourd’hui, nous avons une véritable base sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour porter haut notre vision de cohésion et surtout de pardon du parti arc-en-ciel. Donc grosso modo, le secret c’est d’avoir été aux côtés des uns et des autres, c’est d’avoir créé un cadre multiforme dans lequel de nombreux jeunes et de nombreuses femmes ont cru en nous en se rassemblant à nos côtés de façon bénévole et sincère. C’est ce qui a fait la différence entre nous et ceux que je pourrais appeler les politiciens saisonniers, c’est-à-dire qui ne viennent au contact des populations que lorsqu’il y a des joutes électorales qui approchent.

On a constaté que les élections ont été émaillées de violences. Et aujourd’hui, vous avez tenu à organiser une journée de pardon, de réconciliation et de cohésion (Ndlr : l’interview a été réalisée le dimanche 7 mai à Divo). Pour vous, était-ce vraiment nécessaire et quel sens donnez-vous à cette célébration ?

Je pense qu’il n’y a pas de préalable pour aller à la paix et à la cohésion. Aujourd’hui, je suis le député de la commune de Divo. Mon devoir c’est de rassembler les filles et les fils de Divo et donc il était important pour moi, après des moments difficiles, que nous puissions regarder ensemble l’horizon en disant qu’il faut pardonner ce qui s’est passé, ce qui a pu nous diviser à un moment donné. Il était donc essentiel pour nous de rassembler la chefferie, les guides religieux, les populations de Divo pour que véritablement, nous désarmons les cœurs. Mais, je le dis aussi, il ne saurait avoir de pardon sans repentance. Cela voudrait dire que nous regrettons l’acte, parce que quand il y a une situation de crise ou de conflit, il y a au moins deux protagonistes. Chacun des protagonistes a forcément, dans ses agissements, ses dires, pu causer du tort à l’autre. Lorsqu’on décide de se remettre ensemble, c’est que chacun dans sa différence reconnait avoir causé du tort à l’autre et vice-versa pour qu’on puisse avancer, parce que sans cohésion et sans paix, le développement est utopique. Donc aujourd’hui, il était de notre devoir de rassembler ce brave peuple du Loh Djiboua. Et je crois qu’avec ce que nous avons vu, cette adhésion massive des populations, disons que nous ne sommes pas sur la mauvaise voie, même si le problème est véritablement au niveau des politiques et non au niveau des populations.

Sous quel sceau placez-vous votre mandat à l’Assemblée Nationale, en tant qu’élu du peuple et surtout en tant que président de la Commission sciences, recherches, technologies, et environnement ?

Vous savez que le slogan de ma campagne c’était « Divo d’abord », c’est-à-dire privilégier l’intérêt de Divo. Aujourd’hui que nous sommes député, nous sommes dotés d’une représentation nationale, nous représentons les Ivoiriens dans leur ensemble, donc je voudrais reformuler ce slogan pour dire « la Côte d’Ivoire d’abord ». Donc les intérêts de la Côte d’Ivoire doivent passer avant tout. Nous allons y veiller. Je suis membre du groupe parlementaire UDPCI, mais je me réjouis du fait qu’au niveau de notre groupe nous ayons le débat d’idées. Chacun donne ses arguments sur les projets de lois. En tout cas, les projets de lois qui sont passées devant nous récemment, nous avons eu des discussions franches et sincères. Pour dire que je ne serai que la voix du peuple et je ne défendrai que les intérêts du peuple. Mais en  même temps, comme le président de l’Assemblée nationale lui-même, lors de son discours inaugural de l’ouverture de la session, il faut que notre mandat soit placé sous le sceau du pardon et de la réconciliation. Je pense que c’est dans ce cadre que nous avons organisé une telle manifestation ici à Divo. En ma qualité de président d’une commission, j’ai un champ d’actions (Ndlr : la science, la recherche, la technologie et l’environnement). Nous avons un certain nombre de sujets que nous allons traiter, notamment la question du réchauffement climatique, la question des énergies renouvelables, la question écologique, de l’urbanisme,  des forêts, des eaux et la désertification due à la disparition des forêts. Nous avons aussi l’érosion côtière. D’ailleurs, le 12 mai prochain, notre commission va plancher sur un projet de loi relatif à l’aménagement, à la protection et à la gestion intégrée du littoral. Pour dire que nous allons être à l’écoute des populations.  Déjà, nous allons recevoir des experts pour avoir leur point de vue sur toutes ces questions.

Parlant de défendre les intérêts des populations, que pensez-vous du projet de loi portant régime juridique de la presse que les journalistes dénoncent en ce sens que cette loi porte atteinte à la liberté de la presse, notamment en son article 90 qui prévoit des peines d’emprisonnement pour certains délits de presse ?

J’ai vu la réaction de nos amis journalistes concernant le projet de loi organisant la presse. Mais j’ai noté aussi qu’ils ont salué certaines ouvertures tout en dénonçant l’article 90 qui serait en contradiction avec la volonté du chef de l’Etat de ne pas garder même à vue un journaliste, à fortiori, emprisonner un journaliste. Mais nous avons aussi entendu l’émissaire du gouvernement qui a justifié la pertinence de cette disposition par le fait qu’en tant que journaliste on ne doit pas tout faire. On ne doit pas inciter à la haine, à la révolte entre les communautés, faire l’apologie des actes terroristes, des crimes de guerre etc. ce sont des balises. La seule chose qu’on dit c’est que cette loi soit appliquée conformément à ce canevas, mais qu’il n’y ait pas des détournements de la loi. Ce qu’il voudrait qu’il n’y ait pas des interprétations largo sensu dans son application. Cependant, toujours est-il qu’en ce qui concerne l’adoption de nos projets de lois, nous devons associer les populations, dialoguer avec elles et tenir compte de leur point de vue.

Les journalistes évoquent un recul démocratique si cette loi est adoptée parce qu’il y a 13 ans, les délits de presse avaient été dépénalisés. Qu’en dites-vous ?

Quand certains de vos confrères ont été gardés à vue, je crois des journalistes de Soir info, Notre voie et le Temps, j’ai été une des voix, en tout cas, sur ma page facebook, à dire que la place des journalistes n’était pas en prison et qu’emprisonner un journaliste c’était lui faire une publicité. Parce que tout compte f     ait, l’opinion retiendra une image négative de la démocratie et surtout de la liberté d’expression dans notre pays et donc la liberté de la presse. Je reste fidèle à ce principe et je dis  qu’il faut éviter, en tout cas, des situations de privation de liberté à des journalistes par rapport à leurs opinions. Mais en même temps, je voudrais aussi en appeler à un sens de responsabilité des journalistes, parce que le rôle des journalistes ce n’est pas d’attiser le feu. Le rôle du journaliste au contraire, à travers la bonne information, il doit favoriser la cohésion sociale. Et si nous restons dans ce tempo, je ne vois pas en quoi, on en arrivera à ces situations déplorables. C’est pourquoi, j’ai dit qu’il ne faudrait pas qu’il y ait une interprétation large de cette loi qui demain, pourrait être utilisée contre n’importe lequel des journalistes.

Après la sortie de votre mentor, Albert Mabri Toikeuse du gouvernement et les législatives au cours desquelles votre parti, l’UDPCI, est allé sans ses alliés du Rhdp, peut-on dire que le divorce est consommé avec le RHDP ?

L’UDPCI est  membre fondateur du RHDP depuis la signature de la charte portant création du RHDP le 18 mai 2005 à Paris. Nos différents bureaux politiques qui se sont tenus ont affirmé que nous demeurons RHDP. Toutefois, nous souhaitons quelques petits réglages au niveau des organes que le RHDP s’est donné, de telle sorte que les différents présidents du RHDP puissent se retrouver comme ce fut le cas avant qu’on ne vienne au pouvoir et qu’on tienne compte de l’émergence des valeurs. Que le RHDP ne soit pas un instrument utilisé par des forts contre des faibles. Bien au contraire, que chaque composante de cette plateforme puisse trouver la place qui est la sienne. C’est le combat que nous menons à l’UDPCI, sinon il n’y a pas de divorce. Nous demeurons RHDP parce qu’il s’agit de promouvoir les idéaux du Président Houphouët-Boigny et je ne vois pas aujourd’hui un ivoirien qui pourrait se mettre en marge de cela. Il y a des incompréhensions par rapport aux élections, mais il y a un temps pour toute chose. Les élections sont passées. Nous avons nos députés dans des circonscriptions où on ne comptait pas avec nous,  par exemple Divo où nous avons gagné avec pratiquement 10 000 voix, voire plus de 5 000 voix entre nous et notre poursuivant direct du RHDP. Donc, nous disons qu’il faut tenir compte des changements. Il faut la solidarité. La main a 5 doigts mais il y a des grands, il y a des moins grands et chacun joue un rôle de telle sorte que lorsque vous prenez le petit pouce et vous l’enlevez de la main, vous n’avez plus une main normale, il y a quelque chose qui vous manque. Le RHDP doit être ainsi, ce n’est pas une affaire de grands ou de petits mais il faut tenir compte des différents acteurs et que les points de vue des uns et des autres soient pris en compte pour que la gestion du pouvoir soit véritablement réelle et non pas au détriment des uns et des autres.

Pendant ce temps, la bataille pour 2020 a déjà commencé chez vos alliés, notamment entre le RDR et le PDCI sur la question de l’alternance en 2020. L’UDPCI va-t-il y aller sans ses alliés et quels sont dans ce cas, ses chances de gagner les élections présidentielles ?

A l’UDPCI, nous avons une position concernant 2020. Une position issue des résolutions de notre congrès de 2013. Nous avions demandé au président du parti, 2 ans avant la fin du mandat du Président Alassane Ouattara que l’UDPCI ne devrait pas avoir de candidat en 2015. Par contre, nous devions nous préparer pour les batailles futures notamment pour les batailles de 2020. Nous sommes dans cette logique, parce que tout parti politique aspire à gouverner et à apporter ses solutions pour les populations. L’UDPCI n’est pas en reste. Maintenant, ce qui se passe ailleurs, je n’ai pas de commentaire spécifique parce que je ne suis pas membre de ces chapelles politiques. Chaque parti a ses réalités. Je serai à l’aise de parler de l’UDPCI.

Malgré une embellie économique, une croissance annuelle estimée à 9 %, la pauvreté, c’est le constat général, est grandissante. Ce qui contraste avec l’assertion « le pays va bien ». Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Nous sommes un pays qui sort de conflit. Donc, les choses ne sont pas forcément aussi simples que nous pouvons le croire. Egalement, le taux de pauvreté avant 2016 était estimé à 48%, avec la dernière enquête sur le niveau de vie des ménages dont, d’ailleurs le Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du développement étant le maître-d’ouvrage, nous avons noté un recul à 46%. Cela veut dire que sur 100 Ivoiriens, il n’y a qu’au moins 46 qui sont pauvres. Ça c’est de façon globale au plan national, et cela ne reflète toujours pas les réalités du pays profond. A Divo, par exemple, nous avons 51% de pauvres dans la région du Loh-Djibouah. Ceci pour dire que les réalités d’une région donnée ne sont pas forcément les mêmes avec une autre. Mais ce qu’on souhaiterait, c’est que la croissance qui est de 8 à 9% depuis 2012, varie.  Cela veut dire que la croissance est forte et doit se faire sentir dans le panier de la ménagère, d’où l’inclusivité. Les Ivoiriens doivent sentir cette croissance. Je pense qu’avec la patience, avec beaucoup de compréhension, mais beaucoup de rigueur dans la gestion des finances publiques et autres par tous les acteurs, cette immense tâche qui est d’assurer un bien-être et un mieux-être aux populations peut être effective. Contrairement à d’autres  pays, ce n’est pas aussi alarmant que ça. La Côte d’Ivoire est un pays débout, la Côte d’Ivoire a du potentiel. Ce qui nous manque, c’est l’amour pour notre pays. Il nous faut nous mettre véritablement au travail dans la cohésion et dans la paix.

Ne craignez-vous pas que cette situation puisse s’empirer au travers de la situation sécuritaire du pays fragilisée par des soubresauts au sein de l’armée ? Est-ce que le fait de céder aux revendications des mutins en début d’année en leur distribuant des millions à chacun n’est pas un mauvais précédent à même de mettre à mal la sécurité du pays ? Était-ce vraiment la bonne manière de régler ce problème ?

Je n’étais pas partie intégrante aux négociations entre le gouvernement et les mutins. Mais nous avons vu des déclarations du gouvernement consistant à répondre favorablement aux revendications posées par les mutins. Ce que je pourrais dire aux uns et autres, que ce soit le gouvernement ou nos forces, il faut privilégier le dialogue. Il faut mettre l’intérêt général de la nation au devant de tout pour que nous puissions trouver la solution à ce genre de problème. Nous demandons beaucoup d’ouverture au gouvernement sans toutefois tomber dans le piège de l’acceptation de tout type de revendication parce qu’après, on n’arrivera pas à les réaliser et cela crée forcement d’autres tensions et des précédents fâcheux pour la stabilité de notre pays.

Une autre crise qui secoue le pays est celle de l’agrobusiness. Certains souscripteurs dénoncent « un braquage d’Etat » pendant que le gouvernement rétorque qu’il fallait sauver les citoyens d’une arnaque. Quel est votre commentaire et quelles solutions proposez-vous en vue de soulager ces Ivoiriens ?

C’est vraiment regrettable qu’on arrive à cette situation parce qu’il a eu des structures qui ont exercé durant un moment, et par la suite le gouvernement a trouvé des failles. Aujourd’hui, cela a créé une crise qu’on appelle celle de l’agrobusiness. Je crois qu’il y a une volonté de la part du gouvernement de trouver une solution mais il faut toujours dans ce cadre encore, privilégier le dialogue parce que de nombreuses personnes ont fait confiance à un système pour investir. Aujourd’hui, quand elles ne savent plus à quel saint de vouer, c’est une situation regrettable. Je ne connais pas tous les tenants et les aboutissements dans ce dossier, mais je voudrais dire que l’Ivoirien doit pouvoir faire l’effort de privilégier le dialogue en toute chose. Je souhaite que l’Etat trouve une solution rapide à cette situation pour soulager nos concitoyens. Aussi, je voudrais dire que l’Assemblée Nationale a été saisie par des citoyens qui nous invitent à nous prononcer. Mais étant donné qu’il y a une séparation des pouvoirs, du moment où le Procureur de la République s’en est saisi, nous ne pouvons qu’attendre le verdict des procès avant de porter un quelconque jugement. Je voudrais donc rassurer les citoyens qui nous appellent et qui écrivent. En tant qu’élu, nous ne demandons que le processus des procès puisse s’accélérer, pour qu’enfin éclate la vérité.

Les fonctionnaires aussi réclament le paiement du stock des arriérés de salaire. Ce dossier est toujours sur la table du gouvernement après une grève sans précédent. Quel commentaire faites-vous de la situation ?

Je pense que le gouvernement a instauré un cadre de dialogue entre lui et les différents syndicats. J’espère que ce cadre de dialogue permettra de lever certains goulots d’étranglement. Je crois qu’il faut accorder du temps et surtout dans le dialogue, arriver à trouver une solution qui tienne compte des difficultés actuelles que nous avons, mais en même  temps donner le juste salaire à celui qui le mérite.

Six (6) ans après la crise postélectorale, la réconciliation nationale piétine. Quelles sont pour vous, les recettes pour parvenir à une réconciliation véritable ?

Quand on dit que la réconciliation piétine cela voudrait dire qu’on s’est fixé un temps pour arriver à la réconciliation ou que la réconciliation se décrète, c’est-à-dire qu’on pense que du jour au lendemain, nous devons y arriver. En tant que spécialiste en prévention et gestion des conflits, ce que je dis d’ailleurs à mes étudiants, c’est que la réconciliation est un processus de longue halène qui se conjugue dans la patience, le pardon et l’acceptation mutuelle. Pour des gens qui ont été belligérants et qui dans certains cas ont utilisé les armes les uns contre les autres, quand il s’agit de faire en sorte qu’ils puissent se remettre ensemble et vivre comme si de rien n’était, cela prend un temps.  Parce que quand il y a un conflit, il engendre des conséquences collatérales et il faut prendre le temps pour cicatriser les plaies. Il y a des efforts qui ont été faits, des structures ont été mises sur pied, notamment la CDVR, CONARIV, PNCS et autres. Ce sont des structures qui, en principe, doivent renforcer la cohésion. Maintenant, une chose est de vouloir la réconciliation et une autre est de pouvoir véritablement s’y engager. Les différentes parties doivent pardonner et c’est l’exemple que nous avons voulu montrer à partir de Divo. Pour dire qu’on peut avoir à un moment donné subi beaucoup de choses, mais il faut se donner la main si on veut aller de l’avant. Si demain, on ne veut pas laisser un pays en lambeaux, nous sommes condamnés à nous asseoir autour d’une table et trouver une solution.

Nombreux sont les personnes qui disent la libération de l’ex-Président Laurent Gbagbo est la condition sine qua non à la réconciliation nationale. C’est aussi votre avis ? 

C’est regrettable que certains enfants du pays ne soient pas avec nous pour quelques motifs que ce soient. Mais en même temps, ce que nous devons savoir c’est que nous partirons en tant qu’individu, mais le pays restera. Donc, il faut mettre l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de tout. Pour la paix et la réconciliation, il ne doit pas avoir de préalable. Nous devons nous y engager de façon sereine et sincère. Pour moi, cela ne doit pas être une condition sine qua non, mais nous devons favoriser le fait que les frères et sœurs qui ne sont pas parmi nous puissent nous rejoindre et pour ceux qui sont dans des situations de détention, voir comment faire pour que ces personnes retrouvent leur liberté de mouvement. Je crois que ce sera un signal fort en matière de réconciliation et de cohésion. Nous constatons aussi qu’il y a beaucoup d’auto-victimisation, c’est-à-dire chacun se considère comme la victime mais personne ne pense aussi que l’autre peut être victime. Que ceux qui ont géré hier sous le régime de Gbagbo et ceux qui gèrent aujourd’hui sous le régime de Ouattara sachent qu’il y a eu des torts qui ont été causés aux uns et aux autres, de part et d’autre. Il s’agit à présent de faire la paix des braves en se mettant ensemble en tant que frères et sœurs pour apporter un mieux-être à la Côte d’Ivoire.

Des voix s’élèvent de plus en plus dans le camp du pouvoir pour réclamer un 3ème mandat du Président Alassane Ouattara. Quel est votre regard sur cette question ?

Ce que je peux dire, c’est qu’il n’y a pas de 3ème mandat. Vous savez qu’avec la réforme constitutionnelle marquant la IIIème République, aujourd’hui rien n’empêche le Président de la République, au niveau des textes, d’être à nouveau candidat. Il faut que les Ivoiriens le sachent. Nous avons voté une Constitution en tout état de cause. Il pourra faire trois (3) quinquennats s’il est élu mais ce ne sera pas un 3ème mandat. Même après 2020, il peut encore être candidat tenant compte des dispositions de la Constitution que nous avons votée. Seulement, nous avons entendu qu’il se sentirait assez mieux pour pouvoir un jour laisser le pays dans de bonnes mains. Donc qu’il ne comptait pas rester après l’échéance de son mandat en cours. Pour l’heure, ce sont des supputations et nous ne pouvons pas nous baser sur des supputations pour porter des jugements. Au moment opportun, je pense que ce sera un débat qui sera d’actualité et je pense que nous aurons les rudiments nécessaires pour pouvoir porter un jugement.

Réalisée par Jean Levry

collaboration Idrissa Konaté

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