Point Sur

Interview… Alassane Ouattara depuis Paris « Je serais très heureux d’une candidature RHDP »


ADOODepuis Paris, où  il a pris part au forum économique franco-africain, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accordé une interview à Radio France Internationale. Il se prononce sur l’actualité nationale et sous-régionale…
Rfi :   M. le Président, pourquoi la France perd-elle des parts de marchés en Afrique ?
Alassane Ouattara–  Oui, la compétition a été rude, ces temps-ci, la mondialisation a fait en sorte que les marchés émergents se sont intéressés de manière très forte au continent africain, peut-être que les entreprises françaises n’ont pas eu le temps de le réaliser et c’est en cela que ce colloque est une bonne chose pour appeler les entreprises françaises à s’insérer dans la mondialisation, (…), parce que ce sont des entreprises de qualité et c’est possible de prendre des risques et d’avoir des résultats positifs.
Rfi : Au sommet de l’Elysée demain, vous allez essayer de faire avancer le projet d’une force africaine de réaction rapide. Mais ça fait 15 ans qu’on en parle et rien ne bouge. Pourquoi ça marcherait mieux demain qu’hier ?
Alassane Ouattara– Vous parlez effectivement de la force de réaction rapide. Les crises récentes, notamment au Mali, nous ont démontré l’utilité d’accélérer les choses et nous, de notre point de vue, cette réaction doit être régionalisée et d’ailleurs c’est ce que nous avons fait au Mali.
Rfi : Au niveau de la Cedeao ?
Alassane Ouattara– Au niveau de la Cedeao, vous avez vu, nous avons tout de suite pris les choses en main. La France est venue à temps, mais nous avions déjà  programmé notre intervention, tout cela sous le chapeau de l’Union africaine et je suis confiant que cette conférence de Paris nous permettra d’avancer très rapidement vers la mise en place de cette structure.
Rfi : Est-ce que ce n’est pas une façon de dire que vous êtes résigné à l’idée que la France va peut-être encore dans 10 ou 15 ans continuer à jouer le gendarme en Afrique?
Alassane Ouattara–  Point du tout. Le fait que nous sommes en train de mettre en place cette force de réaction rapide veut dire que nous voulons prendre les choses en main, nous-mêmes. Vous savez, il faut faire en sorte que quand il y a un problème, dans les 24h ou 48h, la cedeao puisse réussir plus efficacement au plan régional. Au plan continental, je suis d’accord avec vous que ça pourrait être un peu plus compliqué, mais il faut y aller et arriver à terme au plan continental.
Rfi : Vendredi dernier, lors d’un grand meeting à Bouaké, vous avez rejeté l’idée des états généraux de la République que propose le FPI de Laurent Gbagbo. Est-ce que vous ne craignez pas que ce parti boycotte les élections présidentielles d’octobre 2015 ?
Alassane Ouattara- Oui, mais vous savez que les partis politiques ne sont pas obligés de participer aux élections en Côte d’Ivoire. Je souhaite que les Ivoiriens y participent. Mon propre parti avait boycotté les élections législatives de 2000. C’était une mauvaise idée. Nous sommes restés 11 ans en dehors du Parlement, et je souhaite que le Fpi participe aux prochaines élections. C’est dans leur intérêt. Ils n’ont pas participé aux élections législatives et locales. S’ils ne participent pas à l’élection présidentielle, je doute fort qu’il resterait grand chose dans ce parti.
 Rfi : Et si vous ne voulez pas de leurs états généraux, est-ce qu’ils ne risquent pas de dire que vous ne voulez pas du dialogue ?
Alassane Ouattara– Non, mais vous savez, le dialogue se fait dans un cadre bien précis. En Côte d’Ivoire, nous avons eu l’expérience de plusieurs rencontres pour la réconciliation. Il y en a eu tellement, je me souviens même pas des différents termes. Et ça n’a rien donné. Malheureusement, il y a eu ce conflit. Nous sommes allés à Linas-Marcoussis, nous sommes allés, ensuite, à Pretoria, il y a eu l’accord de Ouagadougou, et tout ce qui divisait les Ivoiriens a été réglé (…). Donc, il n’y a plus d’utilité. Il faut mettre en œuvre ce qui a été décidé ensemble avec le Fpi pendant cette période où leur président était Président de la Côte d’Ivoire.
Rfi- Dans un rapport de l’ONU, le Ghana signale que des commandos venus de la Côte d’Ivoire ont tenté de kidnapper, voire tuer des opposants ivoiriens réfugiés sur son territoire. Comment réagissez-vous ?
Alassane Ouattara- : C’est abject. C’est irresponsable et mensonger.
Rfi : De la part de l’ONU ou du Ghana ?
Alassane Ouattara– De la part des experts qui ont pu écrire de telles choses. Les autorités ghanéennes, en ma connaissance, n’ont jamais fait de telles déclarations officielles, et donc je condamne de tels propos, et nous allons saisir Ban Ki-Moon. Nous considérons que de tels propos discréditent l’ONU, en tout cas, son comité de sanctions peut créer des difficultés dans nos relations aussi bien pour la Côte d’Ivoire que pour le Libéria et le Ghana. Et, je trouve cela d’une légèreté indescriptible.
Rfi : Et le Ghana, à votre avis ?
Alassane Ouattara– Mais, bien évidemment, puisque ça n’a jamais existé, ce qu’ils annoncent.
Rfi : Il y a deux mois, en congrès, le PDCI d’Henri Konan Bédié a posé le principe de candidat de ce parti à l’élection présidentielle d’octobre 2015. C’est une bonne idée ou pas, à votre avis ?
Alassane Ouattara- Il appartient au PDCI de prendre sa décision. Je ne me mêle pas des questions relatives aux décisions des partis politiques, y compris le Rassemblement des républicains, dont je suis issu.
Rfi : Malgré votre attachement au RHDP ?
Alassane Ouattara– Enfin, je suis très attaché au RHDP. Je suis un ancien du PDCI. J’ai été président du RDR. J’ai d’excellentes relations avec l’UDPCI du Président Robert Guéi. Donc, c’est un rassemblement de personnes qui ont la même philosophie et qui travaillent ensemble dans le cadre d’un gouvernement qui donne des résultats pour la Côte d’Ivoire, pour les Ivoiriens. Et, je considère que c’est une bonne chose que nous puissions continuer ce travail, tous ensemble.
Rfi : Et donc, vous préférez une candidature unique du RHDP ?
Alassane Ouattara- Si le RHDP prend une telle décision, j’en serais très heureux.
Rfi : Vous préférez cette solution à la solution du candidat du PDCI?
Alassane Ouattara- Je n’ai pas à me prononcer sur les avis des uns et des autres. Mais, je serais très heureux d’une candidature RHDP pour soutenir  l’action du gouvernement RHDP qui travaille actuellement, sous mon autorité.
Sériba Koné (RFI)

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