INTERNATIONAL: À Berlin, Laurent Fabius plaide la cause de la France


Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a participé mercredi au Conseil des ministres du gouvernement allemand.

Les apparences sont trompeuses. À regarder Laurent Fabius et Frank-walter Steinmeier s’appeler par leur prénom et se prendre par le bras, on pourrait croire que tout se passe pour le mieux entre la France et l’Allemagne. Le ministre des Affaires étrangères français a été invité mercredi à assister au Conseil des ministres allemand.

Une première, qui fait suite à l’invitation, à Paris au mois de mai dernier, du ministre des Affaires étrangères allemand à assister au Conseil des ministres français. «Nous coopérons de manière étroite», s’est félicité devant la presse Steinmeier, en rappelant leurs multiples initiatives communes. «Je peux dire à l’épouse de Frank-Walter que lorsqu’il n’est pas avec elle, il est avec moi», a plaisanté Fabius, avant d’insister sur la «communauté de destins» entre la France et l’Allemagne.

Mais si la coopération diplomatique est effectivement étroite, notamment pour tenter de résoudre la crise ukrannienne, les relations économiques entre les deux pays sont, elles, dans une situation très différente. Lassé des promesses françaises de réduction du déficit, Berlin attend des actes. Pour la chancelière Angela Merkel, les réformes retardées et les libertés prises sur le déficit minent la crédibilité économique de l’Europe et donc la reprise de la croissance. Mais le sujet n’était pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres.

Les efforts sont engagés

Laurent Fabius connaît le problème cependant. Devant la presse, il a délivré un message clair destiné aussi bien à ses interlocuteurs politiques qu’à l’opinion allemande. Les uns et les autres doivent être rassurés et convaincus que les efforts sont engagés. «Le gouvernement français procède à des réformes courageuses, sans doute les plus importantes faites depuis dix ans», a-t-il expliqué. «Nous avons l’intention de les poursuivre», a-t-il ajouté avant de regretter la croissance faible en Europe. L’Allemagne est aussi touche par le ralentissement et invitée de toutes parts à revoir sa politique économique, ce qu’Angela Merkel refuse.

La France veut obtenir une forme de clémence de la part de l’Allemagne. Laurent Fabius a donc invité ses interlocuteurs à regarder l’évolution du deficit structurel du pays, comme témoignage avant-coureur des résultats. «Il sera à son plus bas niveau depuis 2001», a-t-il souligné. C’est le signe pour lui et le gouvernement français que la France est sur la bonne voie. Mais du point de vue européen, le compte n’y est pas, avec un effort de 0,2 point alors que Bruxelles voulait 0,5 point. Alors à Berlin, on est sceptique et on insiste sur une autre dimension. «Les réformes structurelles ne coûtent rien», dit-on du côté du pouvoir, en s’interrogeant sur le temps perdu par Paris.

Il faudra encore un peu de pédagogie au gouvernement français. Lundi prochain, ce sont les ministres des Finances Michel Sapin et de l’Économie Emmanuel Macron qui seront à Berlin pour rencontrer leurs homologues Wolfgang schauble et Sigmar Gabriel. Les investissements dans la zone euro mais aussi le déficit français seront au menu. Mais il ne sera pas question d’assouplir les règles budgétaires du pacte de stabilité. Paris et Berlin veulent eviter un confrontation mais la patience allemande a ses limites.

Source: lefigaro

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