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Il faut préparer et structurer la relève démocratique et politique ! (Chronique)


Abidjan, Côte d’Ivoire, le 25 septembre 2023 (lepointsur.com)—Dans l’Antiquité, des auteurs comme Aristophane ou Juvénal critiquaient déjà la vie politique de la cité et les mœurs de leur époque. Et ils ont eu raison de le faire.

Il faut peut-être se demander aujourd’hui si les styles de gouvernance politique les plus pratiqués dans nos états, notamment en Côte d’Ivoire, ne partagent pas tous une même insuffisance, une même incapacité à répondre à la désaffection politique.

Cela semble résulter, pour partie au moins, d’une réduction, d’une clôture de l’espace de la politique institutionnalisée, clôture qui rend politiquement irreprésentables un certain nombre de revendications de ceux qui subissent l’injustice et qui produit conjointement le sentiment que les questions politiques n’ont plus rien à voir avec les problèmes qui affectent l’existence (ce que Marx appelait « aliénation politique »).

‘’Refusons ce devenir brutal et brutaliste du monde.’’

Ce texte nous invite à sortir du silence sur le mépris social qu’endurent les victimes de la gouvernance politique galvaudée et de la politique institutionnalisée qui renforce le sentiment d’être méprisé par les institutions.

Ne donnons pas l’impression que ceux qui subissent les injustices sociales particulières ne méritent pas d’être pris en compte politiquement…

Comme Victor Hugo, en appui à Armand de Melun, le 9 juillet 1849, je ne suis pas de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut « détruire » la misère, « destruction » au sens heideggérien du terme.

‘’Ne donnons pas l’impression que ceux qui subissent les injustices sociales particulières ne méritent pas d’être pris en compte politiquement…’’

Il est impératif de sanctionner les voleurs de la république et les auteurs de gabegies insensées. Les campagnes des dernières élections locales et des méfaits sportifs montrent bien qu’il est urgent d’arrêter l’hémorragie, car ça devient trop flagrant et insultant pour le peuple.

N’oubliez pas que dans notre pays, il y a encore des faubourgs, il y a dans des rues de la capitale et dans d’autres villes de l’intérieur, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, et plongées dans la faim et le besoin ; il y a en dehors de nos frontières, au bord de la Méditerranée et à Lampedusa, des hommes, femmes, jeunes filles et enfants ivoiriens, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures et pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid et aux intempéries.

Eh bien, la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence et toute sa volonté, pour que certaines choses ne soient plus ! J’en engage la conscience de la société tout entière !

D’ailleurs, il faut préparer le changement et structurer la relève. N’en déplaise aux éternels biberonnés politiques. Car nul ne sait ni le jour ni l’heure de son trépas et c’est une possibilité indépassable. Nous sommes tous en sursis et c’est un phénomène existential d’une imminence absolue. Le cas du patriarche Bédié doit faire réfléchir.

‘’Il est impératif de sanctionner les voleurs de la république et les auteurs de gabegies insensées. Les campagnes des dernières élections locales et des méfaits sportifs montrent bien qu’il est urgent d’arrêter l’hémorragie, car ça devient trop flagrant et insultant pour le peuple.’’

Le président Alassane OUATTARA et l’ex chef d’état Laurent GBAGBO méritent un retrait plus que stratégique et, avec eux, cette cohorte de vieux professionnels de la politique, épuisés, déconnectés des réalités nouvelles et rationnellement desséchés. Ils doivent activement affirmer leur capacité à tisser et créer la relève démocratique et politique. Il ne faut pas donner raison à Sweig Stefan : En politique, ce n’est que dans la disgrâce que l’on acquiert la clairvoyance.

Certes, je ne prône pas la guerre des âges, mais il nous faut sortir de l’ère traumatique de la « géronto (démo) cratie » pour laisser émerger une société de l’intergénérationnel, dans le sillage des réflexions du sociologue Serge Guérin et le philosophe Pierre-Henri Tavoillot.

Les ivoiriens sont en attente d’un autre chemin et d’un autre espoir. Sur les mêmes sentiers ou en ouvrant de nouveaux chantiers…? Sentier ou chantier, chemin ou cheni…?

L’avenir nous le dira !

Refusons ce devenir brutal et brutaliste du monde.

Notre pays a besoin d’un développement serein axé sur une clinique de la dignité, une clinique du réel au sens de ce que pense Franz Fanon, dans un rapport aimant à l’autre et au territoire.

Redéfinissons les règles, donnons le pouvoir à la démocratie, arrêtons de militer et de voter par défaut.

Pascal ROY

Maître de Conférences des Universités (Côte d’Ivoire/France/Suisse)

Consultant en Relations Publiques

Coach politique et polistratège

Expert en philanthropie stratégique

Chroniqueur

Écrivain-Biographe (auteur de 9 livres)

Docteur en Philosophie (France)

Docteur en Droit Public (France)

Mastérien en Sciences Politiques (France)

Mastérien en Ressources Humaines (France)

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