Sante

[Harmonisation règlementaire sur les médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne] Les décideurs se consultent à Abidjan


Abidjan, 18-11-2022 (lepointsur.com) L’harmonisation règlementaire sur les médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne, était au cœur des débats au cours d’un forum ayant réuni les acteurs clés du secteur, du 15 au 17 novembre 2022, dans un complexe hôtelier à Abidjan. Ce cadre de partage d’expériences, d’échanges et réflexion avait pour objectif principal d’initier et de développer un processus d’harmonisation réglementaire des médicaments vétérinaires dans la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Facilitée par la Direction des médicaments vétérinaires du Royaume-Uni (UK-VMD) en collaboration avec le Centre régional de santé animale (CEDEAO-CRSA) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cet atelier a, durant ces trois jours, réuni plus de 11 participants, dont des fonctionnaires en charge des médicaments vétérinaires dans les pays de la CEDEAO, de l’UEMOA ; des fonctionnaires des bureaux régionaux de l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; ainsi que des représentants de l’industrie (HealthforAnimals), entre autres.

Le représentant de la Direction des médicaments vétérinaires du Royaume-Uni, Dr Noel Joseph, responsable des produits vétérinaires dans la zone CEDEAO

Situant le contexte de la présente activité, le représentant de la Direction des médicaments vétérinaires du Royaume-Uni, Dr Noel Joseph, responsable des produits vétérinaires dans la zone CEDEAO, a tenu à rappeler l’importance de l’élevage dans l’économie des pays de l’Afrique subsaharienne. A l’en croire en effet, dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, une grande partie de la population est composée d’agriculteurs de subsistance qui dépendent de l’élevage. Il est donc important que ces agriculteurs aient accès à des médicaments de bonne qualité, sûrs et efficaces. D’un autre côté, l’utilisation inappropriée des médicaments vétérinaires, chez les animaux et dans l’environnement, y compris l’ajout d’antibiotiques aux aliments pour animaux afin de « favoriser la croissance » et de prévenir les maladies chez les animaux élevés pour la consommation alimentaire, et l’administration non indiquée d’antibiotiques, peut entraîner une résistance aux antimicrobiens (RAM).

« La RAM peut être amplifiée par la disponibilité de médicaments vétérinaires (MV) de qualité inférieure et/ou contrefaits, qui nuisent au traitement des infections existantes et peuvent contribuer à la sélection de souches de RAM », a précisé Dr Noel Joseph. Poursuivant, il a évoqué les raisons qui justifient la nécessité d’harmoniser le cadre réglementaire des médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne. Selon lui, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est une union politique et économique régionale de quinze pays situés en Afrique de l’Ouest. Les pays membres de la CEDEAO sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. Huit de ces pays francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) appartiennent également à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Ainsi, dans le cadre de l’harmonisation de la législation pharmaceutique vétérinaire, initiée en 2006, la Commission de l’UEMOA (basée à Ouagadougou, Burkina Faso) a mis en place des mécanismes institutionnels, notamment un Comité régional (le Comité Régional du Médicament Vétérinaire ou CRMV), un Secrétariat Permanent devenu par la suite une Direction, la Liste des Experts du Médicament Vétérinaire (LEMV), et le Comité Vétérinaire. Cette harmonisation de l’enregistrement et du contrôle des MV, encadrée par des textes juridiques communautaires, a permis de mettre en place, à partir de 2006, un système centralisé d’autorisation de mise sur le marché des MV sous la responsabilité de la Commission de l’UEMOA qui est habilitée à délivrer les autorisations de mise sur le marché (AMM). Suite à la publication de la législation, le processus est entré dans sa phase opérationnelle en 2009/10. Certaines des activités, telles que les inspections des BPD, restent sous la responsabilité de chaque pays mais sont coordonnées par la Direction des médicaments vétérinaires de la Commission de l’UEMOA. Dans cet espace (UEMOA) les législations pharmaceutiques vétérinaires sont harmonisées.

« Les sept autres pays hors UEMOA disposent d’institutions nationales distinctes régissant la réglementation des médicaments vétérinaires. Certains d’entre eux ont créé des agences (par exemple, le Ghana et le Nigeria), tandis que d’autres administrent les médicaments vétérinaires par l’intermédiaire de leur ministère de l’agriculture ou de son équivalent. En 2010, la CEDEAO a adopté des règlements communautaires sur la gestion des médicaments vétérinaires : le règlement C.REG.22.11.10 sur l’établissement de procédures communautaires pour la gestion des médicaments vétérinaires ou des produits biologiques ; et le règlement C.REG.23.11.10 sur l’établissement et les modalités de fonctionnement d’un comité vétérinaire régional au sein de la CEDEAO. La CEDEAO a ensuite commandé une étude en 2014 pour examiner la gouvernance des médicaments vétérinaires dans les pays hors UEMOA et a recommandé l’harmonisation des textes juridiques avec ceux de l’UEMOA et la création d’un bureau régional pour les MV et l’évaluation des risques SPS. L’étude a également constaté que la réglementation communautaire sur la gestion des médicaments vétérinaires était mal distribuée et mal comprise. La CEDEAO a créé le Centre régional de santé animale (CEDEAO-CRSA) en 2012, mais il n’est devenu opérationnel qu’en 2018 et a reçu le mandat de faire progresser l’harmonisation régionale pour la gestion des médicaments vétérinaires à travers la CEDEAO », a-t-il revelé.

Mme Fadiga Aïdara, conseillère technique au ministère des Ressources animales et halieutiques, représentant le ministre Sidi Tiémoko Touré pour l’occasion

Cette conférence régionale dans la région de la CEDEAO a alors été organisée par la Direction des médicaments vétérinaires du Royaume-Uni (UK-VMD) qui travaille sur un projet financé par la Fondation Bill & Melinda Gates en étroite collaboration avec les organismes de réglementation des médicaments vétérinaires de l’Afrique subsaharienne, l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’industrie, dans le but d’aider à améliorer la réglementation des médicaments vétérinaires dans les pays de l’Afrique subsaharienne par le biais d’une harmonisation réglementaire régionale.

Au cours du séminaire, il était donc question pour les parties prenantes réunies de discuter des défis communs et de sensibiliser les acteurs au mandat de la CEDEAO-CRSA, à l’expérience de l’UEMOA dans l’établissement d’un système régional d’autorisation et d’assurer leur adhésion technique et politique à la mise en œuvre d’un système centralisé par le biais d’une série de séminaires et d’ateliers.

Lors de la cérémonie de clôture de l’atelier, Mme Fadiga Aïdara, a au nom du ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques félicité tous les participants pour leur présence durant ces trois jours de travaux. La conseillère technique du ministre Sidi Tiémoko Touré a également remercié les initiateurs de ce cadre d’échanges et de réflexion sur l’harmonisation règlementaire des médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne d’avoir choisi la Côte d’Ivoire pour abriter cet important atelier de formation.

« J’attache du prix aux résultats de cet atelier qui permettront de développer une feuille de route pour une régulation et un contrôle harmonisé. Cependant, le financement nécessaire à la mise en œuvre efficiente des plans de lutte demeure un défi majeur. Et sur ce point, je me réjouis de pouvoir encore compter sur nos partenaires, en l’occurrence les organisateurs de cet atelier à savoir, UK VMD, la fondation Bill et Melinda Gate, la FAO, l’OIE. A tous, j’exprime notre profonde reconnaissance pour leur implication dans l’amélioration de la santé et du bien-être du cheptel de l’Afrique de l’Ouest. Je vous demande de transmettre à vos institutions respectives l’infinie reconnaissance des pays bénéficiaires », a-t-elle conclu.

Georges Kouamé

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