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[Guerre Russie-Ukraine] Les occidentaux menacent Moscou, les chinois aux aguets  


Moscou a déclenché une « opération militaire » en Ukraine à l’aube du jeudi 24 février. Des tirs d’artillerie ont été entendus dans les grandes villes du pays. États-Unis, Union européenne et Otan menacent la Russie de lourdes conséquences. La Chine a affirmé de son côté suivre de près la situation et refuse de parler « d’invasion ».

L’annonce par le président russe Vladimir Poutine d’une « opération militaire » en Ukraine jeudi, suivie d’explosions dans plusieurs villes ukrainiennes, a suscité de nombreuses réactions dans le monde.

Au moment de l’annonce des opérations par le chef du Kremlin et de leur déclenchement, le Conseil de sécurité de l’ONU était réuni en urgence pour la deuxième fois cette semaine. Les discussion ont commencé une vingtaine de minutes avant que Vladimir Poutine n’annonce les opérations militaires à la télévision russe.

Ainsi, on a assisté à un conseil en deux temps, a observé notre correspondante à l’ONUCarrie Nooten : un premier tour de table pour continuer à appeler à la désescalade, puis l’ambassadeur ukrainien a mis les pieds dans le plat et a interpellé son homologue russe pour qu’il confirme que la Russie venait bien de donner le coup d’envoi de la guerre. Devant sa mauvaise foi, il lui a même demandé d’appeler le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov en direct. Une scène incroyable au sein du Conseil.

Tous les membres de l’instance ont condamné les actions russes, ou se sont juste abstenus de commenter. Ils ont ensuite annoncé se réunir ce jeudi matin, pour voter une résolution.

L’ensemble des Nations unies est mobilisé : le secrétaire général, ému, a lancé un appel direct à Vladimir Poutine « au nom de l’humanité ». Il lui a demandé de renvoyer ses troupes en Russie et d’éviter ce qui sera la pire guerre depuis le début du siècle. Tout cela après une journée de déclarations à l’Assemblée générale où 87 pays se sont exprimés – en grande majorité pour condamner la Russie.

Le détail des réactions

L’Ukraine dénonce une guerre d’agression. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a comparé la Russie à  « l’Allemagne nazie ».

« De paisibles villes ukrainiennes sont en train d’être attaquées. C’est une guerre d’agression. L’Ukraine se défendra et gagnera. Le monde peut et doit arrêter Poutine. Il est temps d’agir maintenant », a tweeté le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. 

La Chine dit à la Russie qu’elle comprend « ses préoccupations » et assure suivre de près la situation. « Nous exhortons toutes les parties à faire preuve de retenue pour éviter que la situation ne devienne hors de contrôle », a indiqué Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Interrogée, Hua Chunying a refusé de décrire l’opération militaire russe comme une « invasion » et de dire si la Chine était en contact ou non avec les dirigeants russes et ukrainiens. « La question ukrainienne a un contexte historique très complexe » qui « est le résultat de l’effet combiné de divers facteurs », a sobrement indiqué la porte-parole.

Parmi les réactions ambigues, celle d l’Iran également. Le ministre des Affaires étrangères iranien a estimé que la guerre n’était pas « une solution », mais tout en imputant une nouvelle fois le conflit aux « provocations » de l’Otan.

La Corée du Sud se joindra aux sanctions économiques internationales contre la Russie après son « invasion armée » de l’Ukraine, a assuré jeudi le président Moon Jae-in. « La souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine doivent être garanties », a insisté Moon Jae-in.

La Biélorussie ne « participe pas ». Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, allié de Moscou, a affirmé que l’armée de son pays ne participait pas à l’invasion de l’Ukraine lancée dans la matinée par la Russie. « Nos troupes ne prennent aucune part à cette opération », a-t-il déclaré. Le pays a fermé son espace aérien au dessus de la frontière ukrainienne, dans le sud du pays. 

Une réunion de l’Otan vendredi en visioconférence. L’Alliance s’est dit prête à déployer des moyens supplémentaires pour assurer sa défense. 

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a condamné l’« attaque téméraire et non provoquée » de la Russie contre l’Ukraine, avertissant qu’elle mettait en péril d’« innombrables » vies. « Une fois encore, malgré nos avertissements répétés et nos efforts inlassables en faveur de la diplomatie, la Russie a choisi la voie de l’agression contre un pays souverain et indépendant », a déclaré Jens Stoltenberg dans un communiqué. « Les Alliés de l’Otan vont se réunir pour faire face aux conséquences des actions agressives de la Russie. Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien en ce moment terrible. L’Otan fera tout ce qu’il faut pour protéger et défendre tous les alliés », a-t-il ajouté.

La Lituanie va imposer l’état d’urgence après l’attaque russe contre l’Ukraine. La Moldavie ferme son espace aérien. La Pologne a demandé l’activation de l’article 4 du traité de l’Otan, qui prévoit que les pays membres peuvent porter à l’attention du Conseil de l’Atlantique Nord toute question concernant en particulier la sécurité d’un pays membre. Une manifestation de soutien à l’Ukraine s’est déroulée devant l’ambassade de Russie à Varsovie. 

La Turquie appelle la Russie à cesser son intervention « injuste et illégale ». « C’est une lourde violation du droit international », insiste le ministère dans un communiqué, rappelant que la Turquie « s’oppose à tout changement de frontière par les armes ».

► À lire aussi : Vladimir Poutine lance une «opération militaire» en Ukraine, des explosions à Kiev

Les États-Unis tiennent Moscou pour « responsable ». Premier à réagir, le président américain Joe Biden a dénoncé « l’attaque injustifiée » de la Russie contre l’Ukraine. « Le président Poutine a choisi [de lancer] une guerre préméditée qui entraînera des souffrances et pertes humaines catastrophiques », a dit M. Biden dans un communiqué. « La Russie, seule, est responsable de la mort et de la destruction que cette attaque provoquera », a-t-il insisté, assurant que « le monde exigerait des comptes de la Russie ».

Le président américain Joe Biden a échangé avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce dernier lui a demandé « d’exhorter les dirigeants du monde à dénoncer clairement l’agression flagrante du président Poutine, et à se tenir aux côtés du peuple d’Ukraine ».

Le président des États-Unis, qui a précisé qu’il s’exprimerait jeudi sur les « conséquences » pour la Russie de cette annonce et s’entretiendrait le même jour avec ses homologues du G7, promet également d’imposer d’importantes sanctions contre la Russie. « Nous continuerons de fournir soutien et assistance à l’Ukraine et au peuple ukrainien », conclut Joe Biden

L’Union européenne va demander « des comptes ». « Nous condamnons fermement l’attaque injustifiée de l’Ukraine par la Russie. En ces heures sombres, nos pensées vont à l’Ukraine et à ses femmes, hommes et enfants innocents qui font face à cette attaque non-provoquée et craignent pour leurs vies », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le Kremlin va devoir « rendre des comptes », ont averti jeudi les chefs de l’UE, Charles Michel et Ursula von der Leyen. Les dirigeants des Vingt-Sept doivent se réunir en sommet jeudi à 20h (19h GMT) à Bruxelles alors que l’UE a averti que des sanctions « massives » contre Moscou seraient prises en cas d’attaque de l’Ukraine, et provoqueraient « un isolement sans précédent » du pays. 

De premières sanctions de l’UE sont entrées en vigueur mercredi soir contre Moscou en réaction à la reconnaissance lundi de l’indépendance des territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine.

La BCE « surveille de près les implications de la situation en Ukraine », a déclaré son porte-parole. 

L’ONU implore Poutine. « Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie ! », a lancé le chef des Nations unies, visiblement éprouvé par l’annonce d’une opération militaire russe en Ukraine au beau milieu de la session d’urgence tenue par le Conseil de sécurité. « C’est le moment le plus triste de mon mandat de secrétaire général des Nations unies », a-t-il ajouté. Si le conflit « conduit à une guerre généralisée, il est difficile de prévoir à quel point ce sera dramatique, en termes de nombre de personnes qui mourront, de nombre de personnes qui seront déplacées, de nombre de personnes qui perdront espoir dans l’avenir », a fait valoir le secrétaire général de l’ONU.

Pour la France, « la Russie a fait le choix de la guerre. » La France condamne dans les termes les plus forts le déclenchement de ces opérations », a dénoncé l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière. Cette décision, « au moment même où ce Conseil est réuni, illustre le mépris dans lequel la Russie tient le droit international et les Nations unies », a-t-il ajouté. « Nous appelons la Russie à respecter le droit international humanitaire en toutes circonstances, nous appelons à la protection et au respect de tous les civils, notamment les personnes vulnérables, les femmes et les enfants, et le personnel humanitaire », a-t-il également lancé.

Les principaux candidats à l’élection présidentielle ont condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, appelant à mêler action diplomatique et sévères sanctions ciblées contre le régime russe, voire à livrer des armes à Kiev.

Pour l’Allemagne, « une violation éclatante » du droit international. Telle est la première réaction du chancelier allemand Olaf Scholz. L’invasion russe « remet en cause la paix »en Europe, a déclaré le chancelier.  « L’Allemagne condamne de la manière la plus ferme cet acte sans scrupules du président (Vladimir) Poutine, notre solidarité va à l’Ukraine et à ses habitants », a ajouté dans un communiqué Olaf Scholz, dont le pays assure actuellement la présidence du forum du G7.

Il s’agit « d’un jour terrible pour l’Ukraine » et « sombre » pour l’Europe toute entière, a ajouté Olaf Scholz. Il a exhorté Moscou à cesser « immédiatement » son opération militaire. L’Allemagne promet « les sanctions les plus sévères » contre Moscou.

L’Allemagne s’est également dite prête à « aider massivement » ses voisins, et particulièrement la Pologne, en cas d’afflux de réfugiés. 

Le Royaume-Uni promet une réponse. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a condamné les « événements horribles en Ukraine », estimant que le président russe Vladimir Poutine « a choisi la voie de l’effusion de sang et de la destruction en lançant cette attaque non provoquée ». « Le Royaume-Uni et nos alliés répondront de manière décisive », a-t-il tweeté, ajoutant qu’il avait parlé au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a promis des « sanctions sans précédent » contre Moscou. 

L’Italie a convoqué l’ambassadeur russe pour condamner « l’agression » en Ukraine. Le ministère des Affaires étrangères lui a signifié « la ferme condamnation du gouvernement italien pour la très grave agression injustifiée » contre l’Ukraine. Cette agression « constitue une violation claire et nette du droit international », a affirmé le ministère italien des Affaires étrangères dans un communiqué. Plus tôt dans la matinée, le Premier ministre Mario Draghi avait qualifié l’attaque russe d’injustifiée et injustifiable.

L’Espagne condamne « fermement » l’attaque russe contre l’Ukraine, la qualifiant « d’agression complètement injustifiée » et « d’une gravité sans précédent ». Cette opération militaire « constitue une violation flagrante du droit international qui met en danger la sécurité globale et la stabilité », a affirmé le gouvernement dans un communiqué. 

Israël dénonce une « violation de l’ordre mondial ». Le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid a condamné jeudi l’invasion russe de l’Ukraine, tout en soulignant les liens d’Israël avec les deux pays.

Source : Rfi et AFP

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