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[Guerre au Soudan] Une bataille acharnée pour le pouvoir qui aura de lourdes répercussions négatives sur l’économie de toute la région


La guerre qui fait rage au Soudan entre l’armée régulière et son ancien allié inquiète de plus en plus les pays voisins. Cette bataille acharnée pour le pouvoir aura des répercussions négatives sur l’économie de toute la région.

Dans la capitale, Khartoum, l’économie tourne au ralenti et des infrastructures ont été détruites dans les combats. Si jamais le conflit dégénère en guerre civile au long cours, les dommages causés à l’économie soudanaise vont rejaillir sur les pays voisins, alerte Moody’s. Dans une note publiée hier, lundi 24 avril, l’agence de notation financière met en garde les banques multilatérales régionales contre le risque d’abaissement de leur note en cas de conflit prolongé, car leurs créances sur le Soudan sont plus ou moins bien protégées. La Trade and Development Bank, la banque de développement de l’Afrique de l’Est, ou encore Afreximbank, basée en Égypte, sont, par exemple, citées comme les établissements exposés qui pourraient souffrir du conflit. Ces banques régionales sont aussi présentes au Tchad, en Égypte, en Éthiopie et au Soudan du Sud, tous les voisins qui pâtiront par ricochet de cette guerre.

Ces banques jouent un rôle vital pour le Soudan depuis que le FMI et la Banque mondiale ont suspendu leur programme d’assistance

Le soulèvement de la population contre le régime de Omar el-Béchir a, dans un premier temps, ramené les institutions internationales au chevet des Soudanais. Le FMI, la Banque mondiale ainsi que les États-Unis ont alors promis des aides se chiffrant à près de 3 milliards de dollars. Mais quand l’armée évince le Premier ministre de transition et s’empare du pouvoir, il y a trois ans, ces programmes de soutien sont alors suspendus. Les banques régionales deviennent les créanciers du pays pour notamment lui permettre de financer ses importations de nourriture ou de carburant.

Le Soudan du Sud est le voisin qui a le plus à perdre dans l’immédiat

Le pays a fait sécession en 2011 en raflant au passage l’essentiel des réserves d’hydrocarbures. Le pétrole fournit 95% des revenus de l’État. Or, ce pétrole est exporté via l’oléoduc qui traverse le Soudan jusqu’à la mer Rouge. Les expéditions du port ont été perturbées quelques jours au début des combats. Une rupture totale de cette route du pétrole serait une catastrophe pour Juba, mais aussi pour l’État soudanais qui touche les royalties. L’un des objectifs des forces paramilitaires de Hemedti, en guerre contre l’armée régulière du général al-Buhran, est précisément de couper cette route pour assécher le budget de cette armée, car elle est le principal bénéficiaire des rentrées fiscales. Le Soudan du Sud va aussi supporter un afflux massif de réfugiés. Ou plutôt le reflux, puisqu’une partie de sa population est installée de l’autre côté de la frontière. La trêve qui a été acceptée hier soir par les deux parties va faciliter l’exode des habitants des zones de conflit. Au Tchad, où 20 000 Soudanais ont déjà trouvé refuge, les prix des denrées de base ont fortement grimpé dans les régions frontalières, rapporte notre correspondant. L’Égypte est aussi l’un des pays d’accueil prisé par les Soudanais.

Pour le moment, l’exploitation de l’or ne semble pas affectée par le conflit

Les mines se trouvent à l’écart des zones de conflit, et c’est un peu la poule aux œufs d’or pour les deux belligérants. Le Soudan est devenu récemment le deuxième producteur africain. L’an dernier, l’exportation de l’or a rapporté 2,5 milliards de dollars, selon le gouvernement. Beaucoup plus, en fait, avec des cargaisons qui transitent par des canaux officieux, via les Émirats arabes unis, vers la Russie. Des pays qui veilleront à ce que leurs intérêts ne soient pas remis en cause par cette guerre qui menace de ravager toute la région.

Source : Rfi

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