Gbagbo – Ouattara, ce tandem…


La paire Gbagbo-Ouattara a monopolisé à elle seule le temps d’une génération. Près de vingt-cinq ans que la vie politique en Côte d’Ivoire continue d’être dominée principalement par ces deux noms, en bien comme en mal selon votre position…

2Leurs adeptes, mordicus, plus qu’à jamais à couteaux tirés ne cèdent en rien, les occasions venues, de raviver leurs querelles. Des différends encore à fleur de peau faisant de la réconciliation en Côte d’Ivoire un véritable mirage politique.

Ce que je retiens du Président Gbagbo c’est sa force de caractère. Ce petit quelque chose qui a suscité chez tant de jeunes un amour fou d’abord pour ses idéaux et finalement pour sa personne. Le culte de la personnalité dirait l’autre qui s’en est allé grandissant au-delà des frontières de son pays. De ce fait, les jeunes africains une fois de plus, se sont frottés à l’espoir d’un lendemain où ils pourront agir en amont et en aval sur leur destin.

Beaucoup d’entre eux le citent alors dans des phrases où des noms tels Julius Nyerere, Kwamé Nkrumah, Thomas Sankara, pour ne citer que ceux là, se retrouvent. Ont-ils tort ? Laurent Gbagbo aurait-il tort, lui professeur d’Histoire, de croire en ses convictions ? De croire que l’Afrique aux Africains, saurait arriver à ses fins en accord avec sa propre volonté, officiellement et officieusement, libérée de l’emprise des puissances colonisatrices…

Le temps nous situera. Cependant, certains pointent du doigt sa naïveté qui éventuellement aurait précipité sa chute. Et voilà que de sa prison de la Haye, sa nouvelle aura de martyr ne cessera de l’élever au rang de héros national, continental voire mondial pérennisant incognito la force de ses pensées.

A l’opposé, à travers le Président Ouattara, je constate une autre forme d’engouement. Alassane Ouattara, professionnel économiste, suscite en effet un autre genre d’espoir chez plusieurs milliers de jeunes de la Côte d’Ivoire. Avec lui, on parle beaucoup plus de rattrapage ethnique et c’est en cela que le grand Nord qui se retrouve en lui, vit d’un souffle nouveau. Enfin, ceux dit marginalisés tiennent désormais les rennes du pouvoir. Aussi, le taux d’immigration de la Côte d’Ivoire étant un des plus élevé au monde, nombreux verront à travers l’élection de Ouattara la justification de leur droit sur des terres se réclamant hospitalières.

Le camp adverse le taxera donc d’étranger, de snob déconnecté des réalités de son pays… Mais pour ses partisans, les réalisations infrastructurelles à elles seules suffisent pour taire ses détracteurs pour qui le miracle économique depuis son apparition dans la vie ivoirienne n’est que leurre…

Le Président Gbagbo reste au chaud dans le cœur de ses adeptes, pour son charisme. Le Président Ouattara est la fierté du Nord. Qu’il s’agisse de christianisme ou d’Islam, de sympathie ou d’antipathie, d’idéologie ou d’affinité ethnique… que Gbagbo ait échoué ou que Ouattara échoue, l’histoire de la Côte d’Ivoire ne s’écrit pas au brouillon. Echec ou pas, les Ivoiriens, pris en otage n’ont jamais eu le choix et n’auront jamais le privilège de choisir leurs acteurs politiques. L’important n’est-il pas de savoir comment s’y prendre afin que ces échecs leur soient profitables ? A quelque chose, malheur n’est-il pas bon ?

Car au-dessus de tout, Gbagbo, constructeur d’esprit, tout comme Ouattara, constructeur de ponts, s’en iront… et la Côte d’Ivoire demeurera. Triste réalité ! L’admettre ne serait-il pas préambule de construction de ponts dans l’esprit des gens ; des ponts qui transcenderont nos différences, le temps et l’espace…

Kakou Nda

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