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[Faits et méfaits/Pour sauver la vie d’un bébé] Un ressortissant Burkinabè engage une bataille épique contre King Kong à Guibobly


Bloléquin, le 21-12-2022 (lepointsur.com) La bravoure d’un être humain peut souvent se mesurer par ses aptitudes à affronter des situations difficiles de la vie ou à livrer courageusement bataille contre des animaux féroces, au péril même de sa vie. Le sieur Yamkoudougou Issiaka, un ressortissant burkinabè résidant à Guibobly, dans le Département de Bloléquin (Région du Cavally), en est un cas palpable pour avoir arraché des griffes d’un singe géant dans une forêt sacrée le garçonnet Irié Bi Fidèle. Un exploit réalisé le vendredi 16 décembre 2022 entre 12h 00 et 13h dans le village Guibobly, situé sur l’axe Bloléquin-Toulepleu, à une dizaine de minutes de Bloléquin, dans le District des Montagnes. Pour en savoir davantage sur tous les contours de ce méfait historico-épique de mémoire d’homme et digne du parcours de “Tarzan’’, votre organe préféré lepointsur.com a reconstitué les faits dans le seul et unique but de vous illuminer. Les faits…!

Le chef du village et « Tarzan » sur le site de la bataille épique pour reconstituer les faits

Un “Godzilla’’ dominant d’une colonie de singes a opéré une étonnante razzia le vendredi 16 décembre 2022, aux environs de 13h à Blolequin et plus précisément à Guibobly. Où il a emporté avec lui dans la forêt classée dudit village, le garçonnet Irié Fidèle, âgé de 3 ans. Scène survenue au moment où la génitrice du bébé était très préoccupée par le séchage de ses linges au soleil, dans la cour voisine.

Le combat héroïque d’un homme de nationalité burkinabè contre le primate au cœur de la forêt dense

Devant les attitudes impuissantes de la mère et la sœur du petit Fidèle, Issiaka Yamkoudougou, se lança subitement à la poursuite de l’orang-outan, pris d’orgueil en l’absence des autres hommes de son quartier, muni d’une lance et d’une machette. A quelques 100 mètres au cœur de la forêt vieille d’au moins 90 ans, il oppose une résistance farouche au primate géant, entouré pour la circonstance, de ses alliés les babouins et autres singes rouges.

Quelques 30 minutes plus tard, la bataille se tourna à son avantage et il réussit donc à libérer le petit Irié Bi fidèle, les pouces et orteils gauches arrachés par la bête féroce puis tout le corps portant des traces de la barbarie de cette bête sauvage. « Il faisait noir et je ne voyais presque rien. Mais je me suis laissé guidé par les pleurs de notre petit Fidèle jusqu’au cœur de la forêt où il (ndlr : le petit Fidèle) était entouré par plusieurs singes de tailles et de formes diverses qui poussaient des cris de bravoure », nous avais confié le burkinabè de 40 ans.

Poursuivant, le jeune “Tarzan’’ du jour a fait la révélation suivante : « Dieu était avec moi et je n’ai pas paniqué. Quand j’ai senti le danger de loin, j’ai commencé aussi à imiter les cris des singes et à secouer toutes les branches des arbres qui étaient autour de moi, de façon circulaire comme si j’avais plusieurs personnes avec moi ». Consciemment ou inconsciemment, “Tarzan’’ venait ainsi d’équilibrer la terreur et de prendre même le dessus dans cette bataille sur la meute de chimpanzés.

Le reste de la meute de primates bâtit en retrait tandis que le singe dominant, esseulé et se sentant en danger, s’est fondu aussi dans la nature.

La famille Irié, au grand complet, au centre de santé urbain de Guibobly pour apporter leur soutien psychologique à Irié Bi Fidèle après sa mésaventure avec un primate dans la forêt sacrée

Le retour du primate géant sur le lieu de son forfait

Tout comme un bandit de grand chemin, le lendemain matin de son forfait, selon le chef du village Guibobly, le primate est revenu sur le lieu de son crime, le reste de la meute posté avec soin sur les cimes des grands arbres, en éclaireurs. Sans aucun doute véritable pour informer le doyen de leur troupe sur la position exacte du petit miraculé dans la cour de ses parents en vue d’une nouvelle opportunité d’attaque surprise. Une scène qui ressemble trait pour trait au retour du cochon africain enragé à Gblapleu, qui, le lendemain de son forfait, est revenu sur les lieux où il avait éventré la fillette Sétou de 3 ans.

De la réaction prompte des autorités

Cette situation dramatique n’a pas laissé les autorités administratives et autres leaders communautaires du département de Bloléquin sans voix. Ainsi, sur instruction du Préfet de Blolequin, tout le protocole administratif, médical et sécuritaire a été enclenché ipso facto et le miraculé Irié Bi Fidèle a été pris en charge par le major Kéa Arsène. Lequel nous a rassuré que la vie de l’enfant était hors de danger. Cependant, vu l’usage par le primate de ses dents, des spécialistes ont été sollicités par lui en urgence pour administrer des soins plus appropriés au garçonnet.

La plaidoirie des leaders communautaires de Guibobly

La survenue d’une telle situation malheureuse jamais observée depuis la création du village Guibobly, en 1932 par leurs ancêtres, n’a pas laissé les leaders communautaires conduits par le chef, l’honorable Kouhon Michel, sans voix. Tout en déplorant au passage la colère des ancêtres du fait des irruptions récurrentes de ses administrés dans leur patrimoine classé de Guibobly (pour la création des plantations agricoles, les chasses et les coupes d’essences diverses), Kouhon Michel a tout de même plaidé auprès des partenaires au développement, dont l’UNESCO, l’UE, des Universités publiques et privées, de l’Etat de Côte d’Ivoire, des firmes médicales Internationales et des organisations de protection de l’environnement pour l’érection d’une clôture électrique autour de ce patrimoine de 22 hectares, vieux de 90 ans et creuset de biodiversité en cette ère de réchauffement climatique à outrance.

Kouhon Michel, chef du village Guibobly invite toutes les autorités à sécuriser la forêt sacrée de son village

Guibobly, faut-il le souligner, est un village situé sur l’axe Blolequin-Toulepleu, précisément à 10 mn de Doké, chef-lieu de Sous-préfecture, dans le Département de Bloléquin. Fondé en 1932 suite à un songe, il est protégé depuis par une ceinture de forêt sacrée de 22 hectares (interdite à la chasse et toutes activités champêtres) où les populations autochtones Wê font des rituels traditionnels pour communier avec leurs ancêtres depuis l’au-delà. Malheureusement, depuis quelques années, les incursions de certaines franges de la population dans cette forêt sacrée ont toujours été condamnées par les garants de la tradition jusqu’à ce jour où ce qui devait arriver arriva.

Colère divine ou simple fureur des animaux devant la dégradation très avancée de leur cadre de vie ? On ne le saura peut-être jamais.

Laine Gonkanou, correspondant régional et envoyé spécial à Blolequin

Encadré1/Projets de déclassement abusif et de destruction massive des forêts : Attention, danger !

De l’éléphant “Hamed’’, champion des dégâts, au piton avaleur d’une dame en Asie, en passant par les pitons ravageurs des bêtes de somme et de compagnie à Guibobly et le buffle écraseur d’un chasseur Camerounais, pour ne citer que ces cas ; les animaux nous parlent ainsi devant la dévastation rapide de leurs différents cadres de vie par les hommes dans le monde. Ces situations, faut-il le souligner, loin de paraître anodines, elles nous imposent la rhétorique suivante : devant la dégradation à une vitesse exceptionnelle de la forêt dans le monde, ne serait-il pas alors judicieux de nous aligner tous comme un seul homme pour protéger au moins 30% de la flore dans le monde à terme ? Jusqu’où pourrions-nous pousser le Rubicon à son extrême à dessein pour réussir ce pari, en faisant violences sur nous-mêmes, en vue de respecter cette mesure prise par l’ONU, les organisations Étatiques diverses, les partenaires au développement, les sociétés civiles, les industriels et les populations ?

En attendant les réponses rationnelles et idoines dénuées de tout calcul polititico-polititien dans certains contextes nationaux où de vastes projets de déclassement de plusieurs milliers d’hectares de forêts seraient en vue pour séduire une frange militante à quelques mois des différentes échéances électorales, il faut dire que ces attaques de la faune constituent de vrais “télégrammes’’ que l’on pourrait par ailleurs, concevoir sous un angle lucide et approfondi comme un simple extrait de la reproduction cinématographique vivante du roman la planète des singes de Pierre Boule. Des “télégrammes’’ dont le décodage doit nous imposer inéluctablement à terme, une méditation profonde pour préserver d’abord collégialement notre propre cadre de vie et, aussi, celui des générations à venir. Et ce, dans un futur proche et lointain, au détriment de certains intérêts tactiques mesquins et particuliers, minutieusement cachés derrière quelques tapages diurnes humanitaires et agricoles. Agir ainsi ne corroborerait-il pas nul doute la thèse de l’ajout d’un plus à l’humanité et/ou ne donnerait-il pas bien évidemment un sens à notre passage terrestre ? Rabelais avait si bien raison de dire à juste titre que mieux vaut couper la corde plutôt que de délier le navire qui est à l’ancre, toutefois que la nécessité presse. Car, des projets de déclassement massifs des milliers de parcelles de terres dans le monde et en Afrique en particulier pourraient découler peut-être sur plusieurs milliers de réactions très négatives et non peut-être maîtrisables des animaux dans l’avenir.

De violents avertissements étant ainsi donnés par la flore via son ange-gardien, la faune, il pourrait donc être question maintenant de dépoussiérer nos politiques nationales en vue de les améliorer, au besoin.

L. G.

Encadré 2: Yamkoudougou ou le “Tarzan’’ de Guibobly, une personne à féliciter

Yamkoudougou Issiaka, un burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, la quarantaine révolue vient de sauver un bébé d’une situation dramatique digne d’un film hollywoodien.

A l’image de Mamadou Gassama, un jeune malien vivant en Fance qui a sauvé un enfant lors d’un incendie déclenché dans un immeuble, le 26 mai 2018, Yamkoudougou Issiaka, un burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, la quarantaine révolue vient de sauver un bébé d’une situation dramatique digne d’un film hollywoodien. Résidant depuis 2016 dans la Région du Cavally, plus précisément dans le village Guibobly, dans le Département de Bloléquin, où il exerce en qualité de producteur de cacao, l’acte de bravoure de cet homme empreint d’amour du vendredi 16 décembre dernier est à saluer à sa juste valeur par les autorités compétentes de notre Nation. Le faisant ainsi, le Gouvernement ivoirien, les autorités administratives et politiques du District des Montagnes, de la Région du Cavally auront stimulé ainsi de facto l’esprit et la lettre du concept de la solidarité si chère à l’Afrique, gage du vivre ensemble.

La grande chancellerie dirigée par Mme Dagri Henriette, a son premier candidat que le signe des temps vient de poster sur sa liste des personnes et autres personnalités à décorer en Côte d’Ivoire.

L. G.

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