Actualite, Grands Genres

Dossier : Côte d’Ivoire-Rentrée scolaire après le congé de Pâques/ La reprise de tous les dangers


-Situation toujours confuse

Debat_BM (2)

Abidjan, le 7-4-15 (lepointsur.com)-La reprise des cours après le congé de Pâques, prévue le lundi 13 avril 2015, connaîtra-t-elle des jours sombres les semaines à venir ? Tout porte à le croire. Toujours est-il que les enseignants du supérieur sont sur le pied de guerre et ceux du primaire menacent, ainsi que certains mouvements syndicaux des élèves et étudiants.

Le vendredi 27 mars 2015, par la voix de son secrétaire général, Assi Fulgence, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), faîtière des organisations syndicales des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, suspendait son mot d’ordre de grève au journal de 20 heures télévisé de la Radio télévision ivoirienne (Rti1).

Le président du conseil des délégués de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, Koné Lamine et le secrétaire national du Syndicat des Enseignants pour une nouvelle vision de l’école en Côte d’Ivoire (Sinoveci), Théophile Shi Gbongué, ont abondé dans le même sens, appelant à l’apaisement, à la reprise et la dispense des cours dans la quiétude.

Malheureusement, le samedi 28 mars 2015, suite à un mouvement de grève, l’élève Hyppolite Junior Soméné, élève de 17 ans en classe de 4è a été froidement assassiné, d’un coup de poignard à la sortie de son établissement, par un autre élève venu d’un établissement de la commune d’Abobo.

De sources concordantes, la rétention des notes par des enseignants du secondaire qui réclamaient le déblocage de leur salaire est, dit-on, à la base de ce mouvement des élèves du secondaire dont aucun syndicat n’a revendiqué la paternité.

Quant aux différents soulèvements des mouvements de syndicats proches des élèves et étudiants, il a fallu attendre le lundi 23 mars 2015, pour mettre à exécution leur mot d’ordre de grève. Au cours de cette grève, 17 manifestants ont été arrêtés et conduits à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Mais, aucun blessé, encore moins de mort n’a été officiellement signalé.

La reprise de tous les dangers

La Coordination des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire (Coeeci) conduite par le secrétaire national, Aristide Ozoukou qui n’a pas fait de déclaration soutient qu’il n’y aura pas de cours à la reprise. « Nos camarades sont en prison. Ce n’est pas à la Maca  qu’ils suivront les cours « , a martelé le secrétaire national de la Coeeci.

Selon lui, les autorités «  ont choisi la force et refusent le dialogue « . « Nous sommes pour les tables-rondes et non pour des négociations stériles et improductives« , a-t-il tranché.

Cette vision est partagée par la Coordination nationale des Enseignants et chercheurs (Cnec) des universités. D’ailleurs, le secrétaire général, Dr Johnson Kouassi Zamina n’écarte pas l’hypothèse de l’arrêt des cours. Et pour cause, son syndicat n’a pas été reçu par le Premier ministre, Daniel Kablan Ducan le 31 mars 2015, alors que selon notre interlocuteur,  cette raison était à la base de la suspension de la grève.

Pour autant, s’en remet-il à une assemblée générale dont il n’a pas indiqué la date. Celle-ci avisera la situation avec les membres de son bureau exécutif. De fait, le secrétaire général de la Cnec revendique l’amélioration des conditions de vie de ses syndiqués ainsi que celle du travail.

Par conséquent, concernant la reprise effective des cours après les congés de Pâques, il estime qu’il ne peut pas personnellement décider. « Si nous devions arrêter les cours, ce serait à l’issue d’une assemblée générale « , a indiqué notre interlocuteur, ajoutant par ailleurs ceci:  » Nous ne sommes pas très loin de cette hypothèse, parce que nous n’avons pas été reçus, le 31 mars 2015, par le Premier ministre.  »

Le tableau d’une rentrée paisible s’obscurcit davantage surtout, qu’au cours d’une conférence de presse tenue, le lundi 6 avril 2015, le Secrétaire général national du Réseau des Instituteurs de Côte-d’Ivoire (Rici), Kouamé Bertoni a lancé un appel à la mobilisation de tous les instituteurs de Côte-d’Ivoire. « Je m’honore de prendre la parole par devant vous afin de vous saluer et vous inviter résolument à la mobilisation de toutes nos forces à l’effet de faire de la grève du lundi 13 avril 2015 un véritable succès», exhorte le secrétaire général national du Rici, qui estime que c’est à ce prix que leur chapelet de revendications trouvera un écho ahurissant et favorable auprès du gouvernement.

Il s’agit entre autres, du paiement intégral du stock des arriérés de l’indemnité de logement et de la bonification indiciaire s’élevant par instituteur à 1.434.602 francs (230.000f au titre de l’indemnité de logement et 1.204.602f au titre de la bonification indiciaire), du reclassement des Instituteurs adjoints (IA) totalisant 5 à 10 années d’ancienneté, ainsi que la suppression du Cap d’intégration, du déblocage des avancements, de l’ouverture des concours professionnels d’IEPP et de professeur de Lycée aux Instituteurs.

ASSI FULGENCE, SG DE LA FESCI

Assi Fulgence, SG de la Fesci.Ph.Dr

Les discussions vont bon train entre la Fesci et les autorités

Le mot d’ordre de suspension de la grève est intervenu, selon le secrétaire général de la Fesci et certains responsables syndicaux joints par téléphone, le samedi 4 avril 2015, à la demande du conseiller du Président de la République chargé de l’Enseignement supérieur, Diawara Adama. « Nous avons accepté cela afin de passer à la table de négociations « , a soutenu Affa, tout comme ses autres camarades.

Selon Assi Fulgence, les négociations avancent, « positivement avec le Conseiller du Président de la République « . Et pour cause, soutient-il certains points du chapelet des revendications ont eu un point de chute. Ce sont ceux relatifs aux bourses, bibliothèques, laboratoires sur le campus et repêchage au baccalauréat que veut supprimer le ministre ivoirien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Gnamien Konan « .  » Nous tenons à toutes nos revendications, telle la prolongation des inscriptions au-delà 15 avril 2015, délai de riguer fixé par le ministère alors que les bourses d’études de l’année académique antérieure n’ont pas été payées « .

Concernant les 17 étudiants détenus à la Maca, Affa nous a rassurés de « l’acquittement de six  » de ses collègues. « Nous pensons que c’est une première vague que les autres suivront les jours à venir », a indiqué notre interlocuteur qui souhaite que « solution  » soit trouvée à leurs différentes préoccupations avant la reprise de la rentrée fixée au lundi 13 avril 2015.

En revanche, il a regretté que certains mouvements syndicaux, qui n’étaient impliqués ni de près, ni de loin dans la grève, fasse des déclarations de suspension de mot d’ordre de grève.  » La reprise sera possible dans le calme. C’est le souhait de tous, parce que nos revendications sont corporatistes et non politiques comme certains veulent faire croire « , a conclu Assi Fulgence dit Affa.

Des enseignants du Supérieur sur le  pied de guerre

En février 2015, au cours d’une assemblée générale, le secrétaire général du Cnec-Ens (Enseignement supérieur), Dr N’Guessan Kouamé, le Sg de la Cnec-Ens, a indiqué que tous les sujets et les notes seront retenus tant que tous les points de leur revendication ne seront pas pris en compte par la direction générale de l’Ecole normale supérieure.

« Nous attendons que le directeur général satisfasse tous les points, objet de nos revendications», a insisté l’enseignant. Dans la foulée, le secrétaire général du Cnec-Ens a indiqué que les enseignants ont eu une rencontre avec le Premier ministre qui, selon lui, a pris l’engagement de payer le reliquat de salaire relatif au décret de 2007.

Daniel Kablan Duncan, le premier ministre, lui , a laissé entendre qu’il allait s’en remettre à l’avis du gouvernement au Conseil des ministres suivant pour savoir si oui ou non le gouvernement juge nécessaire de payer. Rappelant que le Conseil des ministres, tenu à Yamoussoukro avait décidé de payer 50% pour atteindre 100% de sorte à équilibrer l’indice du décret de 2007, sans toutefois faire de rappel. « Le Premier-ministre est favorable à la revalorisation de l’indice et des primes de recherches , » a-t-il ajouté.

                                                                                                                                                                                                                                                 Sériba Koné

Encadré

Mouvements syndicaux des élèves et étudiants, un boulet aux pieds de l’Etat ivoirien

ARISTIDE OZOUKOU, SG COEECI (Ph:Dr)

ARISTIDE OZOUKOU, SG COEECI (Ph:Dr)

Que réservent les différents mouvements syndicaux aux autorités ivoiriennes ? Telle est la question que se posent nombre d’observateurs. Au regard de la situation très incertaine dans le milieu scolaire et universitaire, ces observateurs s’expliquent difficilement sur le comportement desdites autorités. Celles-là mêmes qui alors dans l’opposition, applaudissaient des deux mains les actions de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Aujourd’hui, c’est ce même mouvement estudiantin qui est qualifié de monstre et d’ennemi de l’école. Faute d’arguments, certaines autorités avancent même l’idée de sa dissolution. Comme si cela était aussi facile. En tout état de cause, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) est et restera un esprit dont le combat pour la défense de ses droits reste le même. De fait, pour ne pas accéder aux revendications des élèves et étudiants, les autorités n’ont trouvé mieux que de coller une étiquette politique à cette structure syndicale qui étend sa tentacule, telle une pieuvre.

En somme, plutôt que de faire de la diversion, les dirigeants ivoiriens gagneraient à prendre au sérieux les revendications des élèves et étudiants au risque de compromettre la reprise des cours le 13 avril 2015.

Sériba K.    

 

 

 

 

 

Commentaires

commentaires