Déchets toxiques-Trafigura et Puma font du dilatoire #CIV
Abidjan, le 4-6-15 (lepointsur.com)-Après avoir fait reporter le procès contre l’Etat du 28 mai au 4 juin, le président du Tribunal vient de remettre le couvert. Cette fois, au 18 juin 2015, le procès de Trafigura et Puma contre l’Etat de Côte d’Ivoire et le Colonel Tibé Bi Balou. Pour la troisième fois, l’avocat de Trafigura a soutenu « attendre un document qui doit venir du siège (Génève) », sans préciser la nature du papier en question. Le président du Tribunal a accordé deux semaines afin que la société Trafigura soit en possession de ce fameux document.
Déchets toxiques-Quand Trafigura et Puma font du dilatoire dans le procès contre l’Etat de Côte d’Ivoire et le Colonel Tibé Bi Balou
Rien que du dilatoire
En effet, c’est le 18 décembre 2014, que le Colonel Tibé Bi Balou a traduit la société Trafigura devant les tribunaux pour réclamer réparation, de dommages et intérêts, portant sur la rondelette somme de 300 milliards Fcfa, soit 457.351.932 Euros, environ 460 millions d’Euros, afin de le « restaurer dans sa dignité ». Ce, pour avoir été arrêté le 11 septembre 2006, « pour délit d’importation de déchets toxiques ayant occasionné mort d’hommes, » après avoir été précédemment limogé. L’ex-Directeur des affaires maritimes et portuaires a été blanchi dans cette affaire le 14 février 2007 par la justice ivoirienne.
A l’audience du 7 mai 2015, au Tribunal du plateau où le Colonel Tibé Bi Balou et son avocat attendaient d’être situés sur la suite judiciaire à donner à sa plainte dans l’affaire des déchets toxiques qui les oppose à la société Trafigura, grande fut leur surprise d’entendre des avocats de Trafigura-Sa représentée en Côte d’Ivoire par sa filiale, la société Puma Energy CI-Sa qu’elles s’engageaient, chacune à leur tour d’une action judiciaire contre l’Etat de Côte d’Ivoire, l’assignant devant les mêmes juridictions. Demandant par la même occasion « la jonction » des deux affaires à l’audience prévue le 28 mai 2015.
Comment les avocats des sociétés qui portent plainte peuvent-ils attendre un document qui tarde à venir de Genève, alors que c’est leurs clients qui portent plainte ? Le monde ne serait-il pas réduit à nos pieds grâce à l’internet ? Où alors, les documents en question sont tellement volumineux et pèsent-ils des tonnes de béton qu’il faut une cargaison de bateau pour la transporter en lieu et place d’un avion ? Voilà où le dilatoire trouve tout son sens.
Trafigura et Puma veulent gagner du temps, mais…
La seconde hypothèse, serait liée à la justification des honoraires des avocats de Puma et Trafigura qui s’accrochent à un très mince protocole d’accord afin de débouter le Colonel Tibé Bi Balou. Mais là encore, « les engagements des parties Trafigura » stipule en substance « les parties conviennent que leur objectif prioritaire est de fournir une assistance à toute personne physique ou morale ayant subi un préjudice direct ou indirect à la suite des évènements (y compris leurs droits et de permettre auxdites personnes d’obtenir réparation et leur préjudice. »
Bien que ledit protocole soit nul et de nul effet comme indiqué dans notre précédente parution (A lire sur le même sujet), le Colonel Tibé Bi Balou n’est pas une victime ayant un lien pathologique avec l’épandage des déchets toxiques. Il n’est ni décédé encore moins malade pour le moment. Or, au terme de l’accord bizarre, l’Etat rend inéligible aux fonds d’indemnisation, ceux ou celles n’ayant pas ce lien pathologique. En un mot comme en mille, le Colonel Tibé Bi Balou n’est pas concerné par le protocole d’accord.
Il faut une jurisprudence pour lui et les cas à venir. Il est temps que l’Etat dénonce cet accord et traduise à son tour Trafigura et Puma Energy devant les tribunaux pour défaut de qualité de signataire qui l’engage.
Toujours, concernant le protocole d’accord dont nous avons reçu copie, il ressort que le champ d’application de celui-ci ne prend pas en compte les nouveaux cas liés au déversement des déchets toxiques. Enfants déformés à vie ou mort-nés, des maladies chroniques non détectables par les hôpitaux non qualifiés etc. Toute chose qui atteste que Trafigura et Puma Energy sont à court d’arguments. Pourtant le Colonel Tibé Bi Balou avait adopté une attitude responsable à sa sortie de prison en adressant une correspondance au Pdg Claude Dauphin, par solidarité carcérale.
Un arrangement vaut mieux qu’un mauvais procès
« Suite à cette sombre affaire, vous et moi y compris d’autres bien sûr, nous avons été incarcérés à la Maca. Souvenirs douloureux et humiliants à vite balayer de sa mémoire!!!« , indique en substance le courrier adressé à Claude Dauphin par la Colonel Tibé Bi Balou avant sa plainte. « Et depuis 8 ans, à l’âge de 57ans, je suis au chômage, moi la victime innocente qui paie injustement à la place des vrais commanditaires et bénéficiaires tapis dans l’ombre épaisse d’un affairisme répugnant. Vous imaginez le calvaire que je vis avec ma famille depuis cette ténébreuse affaire, » martèle l’ex-Dg de la Dgamp sur un ton amer, croyant avoir affaire à un enfant de cœur.
« J’ai attendu tout ce temps en espérant que vous au moins feriez jouer le principe sacro-saint de la solidarité de bagne pour vous souvenir de ce que la vie d’un innocent venait d’être détruite et sa dignité bafouée etc… etc…. Que nenni ! Pourtant, combien de milliards de francs n’avez vous pas distribué à droite et à gauche, en haut et en bas en passant par le centre, dans les sens contraires, pour un résultat mitigé. A quoi devrais-je m’attendre, d’autant plus qu’en prison, vous n’avez jamais manifesté la moindre compassion à mon égard au point de ne même jamais daigner me saluer pendant les 6 mois de nos calvaires communs, » écrit l’officier supérieur des Affaires maritimes et portuaires.
« La grandeur d’un homme se mesure dans sa capacité à comprendre les choses même à demi-mots et y apporter les solutions idoines sans regarder les conditions des opprimés. Je vous en informe par solidarité de bagne et je crois en votre grande intelligence pour traiter mon cas non pas dans la passion mais avec lucidité et raison, » conclu la correspondance adressée au Pdg de Trafigura.
En effet, le 19 août 2006, une catastrophe environnementale et humanitaire est survenue en Côte d’Ivoire, via le bateau pollueur Probo Koala. Les déchets déversés ont provoqué la mort de 17 personnes et intoxiqué des dizaines de milliers de personnes, en Côte d’Ivoire.
Sériba Koné
Email :info@lepointsur.com
A lire sur le même sujet: ASSIGNATION DE L’ETAT DE CI LE JEU TROUBLE DE PUMA ET TRAFIGURA
Quelques dates et souvenirs douloureux
-Le 4 août 2006, une poignée d’agents manipulés par la Direction générale des affaires maritimes et portuaires (Dgamp) réclament le limogeage de leur Directeur général, le Colonel Tibé Bi Balou.
-Le 11 septembre 2006, le premier jour de son arrestation, le Colonel Tibé Bi Balou est reçu par le Commissaire de la police criminelle, Bridji Zogoué, par ailleurs Directeur d’Interpol qui lui recommande de rester à ses côtés.
-Trois jours plus tard, Bridji Zogoué sera assassiné devant le bar Foquets des II-Plateaux, alors qu’il était en compagnie de ses camarades.
-Le 25 juillet 2006, des hommes armés de kalach et de pistolets sautent la clôture de sa résidence et tente d’enlever sa fille à son absence. Fort heureusement, elle était chez sa tante.
-Arrêté, puis écroué à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), le Colonel Tibé Bi Balou doit son salut à certains bagnards qui l’ont caché avec les morts à la morgue, suite à un soulèvement des mineurs à la morgue. Sa vie était en jeu.
-Quand à Dauphin et Valentini ainsi qu’Ogonougbo, ils ont eu la chance d’être sécurisés par les gardes pénitentiaires.
Une sélection de S.K.
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